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Blind Test : Bertrand Bonello

Bertand Bonello
Bertand Bonello / Photo : Philippe Quaisse – Unifrance

En 2014, Bertrand Bonello risquait gros : un biopic consacré à Yves Saint Laurent, où le regretté Gaspard Ulliel brillait par sa noirceur, présenté en grandes pompes au Festival de Cannes ; la même année ou sortait un second film sur le même sujet réalisé par Jalil Lespert. Quelques films plus tard (le controversé Nocturama en 2016, où la dérive d’une bande de jeunes se confronte au terrorisme ; Zombi Child (2019), où il réinvestissait le film de genre et Coma l’an dernier, une fiction sur une crise sanitaire confrontée au prisme d’images d’internet), il n’a cessé d’explorer les dérives collectives, les effets de masse, les fascinations équivoques. Au moment de la sortie de Sound Of Bonello où le cinéaste révèle des compositions la plupart inédites créées par lui-même pour ses films, nous avions envie de vous partager ce blind test de 2014, où on découvrait alors ses obsessions musicales. Continuer la lecture de « Blind Test : Bertrand Bonello »

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Froid Dub, Deep Blue Bass (Delodio)

C’est comme une montre calculatrice que ta grande tante te ramène de l’empire du milieu au mitan des 80’s. Sauf qu’elle est possédée et enrichie par tout ce qui est arrivé depuis. Et que tu es prêt à défoncer des cartons de déménagement pour en retrouver immédiatement la trace. Où comme le jour de la mort d’Andrew Weatherall et que tu t’es évertué à réécouter tout 2 Lone Swordsmen* et que tu en as peut-être déduit que c’était le meilleur truc qu’il avait jamais fait. Où quand tu avais pensé que Trevor Jackson était Dieu et que Bosco étaient des mariolles, tu te prends la vérité en face, tu n’avais pas raison car tout est question de maturité, de dosage même dans l’excès inversé. Continuer la lecture de « Froid Dub, Deep Blue Bass (Delodio) »

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Avant-première : Flash Romance de Saintes clippée

Saintes / Photo : Claire Jugulaire
Saintes / Photo : Claire Jugulaire

« Resservez-moi de la romance lyophilisée »

Avec sa ligne obsédante de synthé qui revient en boucle, Flash Romance s’amuse à nous faire basculer dans une faille temporelle. Ou plus subtilement, donne cette impression de manquer une marche, une secousse hypnique, voilà, merci Wikipedia : alors qu’on s’endormirait volontiers dans la nostalgie (d’une époque qu’on a vécu pour le coup, OK Génération X), Anne-Sophie Le Creurer dit Saintes nous fait sursauter avec ses mots trop longs (« lyophilisée », « Terminator », « Kaléidoscope ») et ce chant bancal un peu en retrait qui empêchent la fluidité de la mélodie et rend l’exercice à son étrangeté anachronique, émulée par un des spécialistes du genre, Alexis Lumière, en renfort à la production). On avait eu la même sensation avec les compositions décharnées de ses collègues de bureau d’À trois sur la plage (Liza Liza du duo est aussi la co-fondatrice du label Cartelle qui sort ce disque de Saintes), cette synthpop désarmée de ses atours sexy comiques et renforcée par une précision minimale et glaciale, porteuse de nouveaux messages (féministes). Continuer la lecture de « Avant-première : Flash Romance de Saintes clippée »

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Pop Crimes ne regarde pas en arrière

Pop Crimes
Pop Crimes

Evidemment, seuls les fans hardcore de post-punk auront capté la ref’ aux aussies The Birthday Party à travers leur incroyable guitariste et chanteur Rowland S. Howard, dont le second album solo s’intitulait Pop Crimes. Pour les autres, on parle bien d’un groupe d’ici, composé de quatre jeunes gens du coin, dont on vous avait parlé dans un Sous Surveillance en 2020, et qui ont tracé leur route depuis, malgré la pandémie et l’impossibilité de jouer sur scène, en dépit de la difficulté à presser des disques. Ce n’était pas sans compter sur la foi de Romain, Nico (Young Like Old Men), Quentin et Morgane, qui après leur magnifique ballade Up To The Moon reviennent avec un deux titres avant un album déjà prêt, qu’on entendra plus tard dans l’année. Don’t Look Back signifie bien leurs intentions à ne pas trop regarder en arrière et continuer à écrire d’excellentes pop songs, aux guitares légèrement mélancoliques et aux paroles désabusées comme on aime. Et comme ils s’inscrivent dans la lignée de ces groupes indie qui évoluent bien en grandissant, on se dit vivement la suite. Continuer la lecture de « Pop Crimes ne regarde pas en arrière »

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Vers la violence

Le texte de Blandine Rinkel mis en scène avec La Féline et le danseur Clément Gyselinck

On oublie souvent que le langage est aussi un son, qu’avant la parole, il y a le chant. Une lecture est toujours le moment de la mise en volume de ce qui s’agite dans la tête, de ce qui se jette sur le papier. Blandine Rinkel a choisi la formation d’Agnès Gayraud, La Féline, pour l’accompagner sur scène en compagnie du danseur Clément Gyselinck afin de redonner du corps à son texte, Vers la violence, paru en septembre 2022 aux éditions Fayard. Continuer la lecture de « Vers la violence »

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Sister Iodine, Hollozone (Nashazphone)

On se souvient d’un concert de Sister Iodine aux Instants Chavirés vers la fin des années 2000, qui nous avait totalement chamboulé : la puissance cathartique de la prestation du power trio avant-noise, sa radicalité et l’extrême sophistication de sa déconstruction de l’héritage no-wave, nous avait définitivement convaincu de son importance au sein du paysage des musiques expérimentales. Véritable chainon manquant entre un rock bruitiste — axe Glenn Branca/Sonic Youth (période Bad Moon Rising) — et l’abstract noise électronique — axe Mego/Pan Sonic/Wolf Eyes — , Sister Iodine fait figure de point d’ancrage pour toute une scène française et internationale. Actifs depuis 1992, Lionel Fernandez, Erik Minkkinen et Nicolas Mazet ont en effet élaboré une œuvre à la radicale insularité : formes et formats dont il s’agit de dissoudre les cadres trop établis et contraints, en hybridant d’une manière totalement libre noise, post-rock, power electronic, hardcore ou encore électro-acoustique. Continuer la lecture de « Sister Iodine, Hollozone (Nashazphone) »

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Et puis, on a eu 5 ans.

Visuel : Pauline Nunez
Visuel : Pauline Nunez

En cercle restreint, nous nous sommes demandés il y a quelques temps déjà comment passer ce cap. Il fallait marquer le coup, d’une façon ou d’une autre. Comment témoigner de ces milliers d’enthousiasmes échevelés, de bonne ou mauvaise foi, partagés avec vous ? Quelques idées émergèrent, graphiques, éditoriales, fantaisistes. Puis quelques mois ont passé. Et à l’image de notre leitmotiv des débuts – « on fonce, et on verra après »- , on a décidé en toute dernière seconde de demander à quatre collaborateurs d’aller s’ébrouer sur ce petit exercice d’autocongratulation à notre place. Bien plus intéressant que ressasser les dossiers poussiéreux nous-mêmes. Quatre collaborateurs arrivés en cours de parcours, deux filles et deux garçons qu’on a rencontrés au fil du temps, qui sont devenus partie entière d’une histoire dont ils n’ont pas connu le début. Mieux encore, en dehors de papiers qu’ils ont signé et qu’on est fiers d’avoir publié, ils sont devenus des amis, des personnes chères sur lesquelles on peut compter. Autant que les autres, les historiques, toujours fidèles. Et nous voilà, 5 ans plus tard, plus du tout 26 mais bien plus, prêts à continuer tant qu’on le pourra en toute indépendance bénévole. Vous n’y avez pas cru au départ ? Nous non plus, mais on s’en reparle dans cinq ans.

Thomas Schwoerer

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Selectorama : Attention Le Tapis Prend Feu

Attention le tapis prend feu
Attention le tapis prend feu

Bien sûr qu’il est tentant de filer (électrique) la métaphore vidéoludique proposée par le duo pour enrober leur nouvel album Bogueware (Entre-soi). Tout est à portée de nos mains pour peu qu’on ait un jour tenu une manette ou un nunchuk. Les couleurs sont criardes, les silhouettes photoshopées comme il se doit sur la jaquette, les logos drôlement détournés et le génie va surtout se réfugier dans les sons bien sûr et les paroles chargées de références. Mais à dire vrai, on s’en fout un peu, parce qu’à l’écoute, on se rend bien compte qu’il se passe autre chose chez Attention le tapis prend feu : il y a bien ce truc générationnel (déroulé en bas dans ce selectorama de jeunes gens au parfum), les technologies sur maîtrisés et théoriquement comprises, les bande sons des nuages, tout ça, mais en perçant le mur de pixels, on accède quand même à un drôle de talent dans l’écriture des chansons, leurs arrangements et leur construction : instrumentaux hantés, mélodies au-dessus du lot, diversités des styles – de la chanson faussement ingénue pour petiots à la comédie musicale en passant des trucs pop catchy, novelty (appeler ça comme vous voulez), de la musique de film à la tenue d’un album concept de bout en bout, chapeau les méta-artistes. Continuer la lecture de « Selectorama : Attention Le Tapis Prend Feu »