Véronique Sanson, Hollywood (Elektra, 1977)

Véronique Sanson a révolutionné la chanson française dans les années 70. Avec quelques autres (Michel Berger, Yves Simon…), elle porte un nouveau son, ne choisissant pas entre pop et chanson. S’il est facile de caricaturer sa diction particulière, cette manière de poser sa voix sublime la langue d’ici. Véronique Sanson trouve, en effet, une réponse singulière à l’invariable question : peut-on faire sonner la pop en français ? Dans la discographie de la chanteuse française, chacun aura sa préférence. Beaucoup pencherons ainsi pour l’un de ses trois premiers essais (De l’Autre Coté de Mon Rêve, Véronique Sanson et Le Maudit). Ils forment une sublime trilogie, mais Hollywood (1977), son sixième album (en comptant le live), a aussi de sérieux atouts.

Véronique Sanson et Stephen Stills
Véronique Sanson et Stephen Stills, 1977.

Véronique Sanson enregistre Hollywood en Californie. Dans les années 60-70, les artistes français font régulièrement le trajet en Angleterre ou aux États-Unis. De Johnny en passant par Eddy Mitchell, Michel Polnareff ou Patrick Juvet, tous tentent leur chance chez nos camarades anglophones. La démarche de la chanteuse est cependant plus profonde que chercher à bien sonner. L’univers artistique de Véronique Sanson s’inspire beaucoup des singers-songwriters nord-américains tels que Carly Simon, James Taylor, Carole King, Jackson Browne ou Warren Zevon. Avec quelques français (dont le réalisateur et ami Bernard Saint-Paul et Alain Chamfort), elle fait le voyage aux studios d’Elektra. Là-bas, elle travaille avec les meilleurs musiciens de studio : Henry Davis, Willie Weeks, Jim Gordon, James Gadson, Harvey Mason, John Barnes, Richie Zito ou encore Ray Parker Jr. Tout ce beau monde affiche des CV stellaires, allant des Beach Boys, en passant par Steely Dan, Doobie Brothers, Stevie Wonder, Michael Jackson, David Bowie et bien d’autres. Mieux que ça, les compositions de Véronique Sanson sont excellentes et permettent à cette belle machine de tourner à plein régime. En plus d’être précoce, la chanteuse française est une remarquable compositrice. La pianiste signe ses premiers morceaux dès la fin des années 60, à peine dix-huit ans. Que ce soit avec les Roche Martin (Maria de Tusha) ou pour Isabelle de Funès (Jusqu’à la tombée du jour), Véronique Sanson écrit déjà admirablement bien. Sa carrière solo le confirme. Hollywood offre ainsi quelques morceaux de bravoure.

Cela démarre en trombe avec la fantastique Bernard’s Song (Il est de Nulle Part) dédié à Bernard Saint-Paul. La chanson déroule un groove épique sur plus de six minutes. Le ton est donné, la suite confirme. Y’a pas de Doute Il faut que je m’en aille imagine une rencontre au sommet entre la musique funk américaine et la variété française. Elle s’adresse ici certainement à son futur ex-mari, Stephen Stills, et à la relation tumultueuse (euphémisme) qu’ils entretiennent. Si le texte de Féminin laisse quelque peu circonspect de nos jours, la machine à danser est, elle, lancée à toute allure avec des cuivres rutilants. Véronique Sanson sait aussi (un peu) ralentir le rythme, notamment sur la fantastique Comment Crois-Tu Que la Musique Vienne et Les Délices d’Hollywood. La chanteuse française tente aussi l’anglais sur How Many Lies, une composition soignée pour laquelle la langue de Bob Dylan ne rend pas nécessairement justice. Il n’empêche, Hollywood a fière allure. Véronique Sanson signe un album à l’énergie presque rock, un disque à la fois fluide mais gardant un soupçon d’agressivité. L’ensemble sonne comme une bécane bien huilée qui a envie de mordre le bitume. Certains trouveront peut être que le talent de chanteuse française s’y dilue, pour d’autres, au contraire, Hollywood sera une révélation et une superbe porte d’entrée dans l’univers de Véronique Sanson.


Hollywood par Véronique Sanson est sorti le 12 octobre 1977 sur le label Elektra.

NDLR : pour en savoir plus sur Véronique Sanson, nous vous recommandons la lecture du numéro 47 de la revue Schnock.

Une réflexion sur « Véronique Sanson, Hollywood (Elektra, 1977) »

  1. Bonjour,

    Son premier album est fantastique et j’ai adoré son album « Vancouver » qui est un de ses meilleurs disques.
    Ecouté en bagnole lors de virée sans but précis avec un copain en 1977 .Je crois même qu’il nous a accompagné pour aller à Mont de Marsan pour le deuxième festival Punk en 1977 .Souvenir ,souvenir …

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *