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Selectorama : Bruno Juffin

Photo : FB Le Boulon
Photo : FB Le Boulon

Les Clermontois connaissent bien Bruno Juffin, fine plume des Inrockuptibles dont ils ont maintes fois pu apercevoir la silhouette filiforme de dandy à la mèche toujours impeccable dès qu’un concert intéressant avait lieu en ville. Certains musiciens de ma connaissance l’ont même eu comme prof d’anglais au lycée : « Il me prêtait des disques de Moe Tucker et il nous a fait découvrir des films comme La Nuit du Chasseur ou Freaks… ». Il y a pire comme formation. Un autre me disait qu’il avait été sidéré il y a trente ans, lorsqu’il passait le bac, de voir ce doppelgänger de John Cale surveiller l’épreuve d’anglais tout en lisant un numéro des Inrocks (grand format) avec David Bowie en couverture. Quand je repense à mes profs d’anglais à moi, si compétents et sympathiques qu’il furent, j’ai du mal à les imaginer en train de poser sur des photos avec Lux Interior et Poison Ivy des Cramps ou aux côtés de David Johansen des New York Dolls ! Continuer la lecture de « Selectorama : Bruno Juffin »

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Jouir pour lutter

La Philharmonie de Paris consacre une exposition au Disco, mouvement au cœur des revendications d’alors jusqu’à aujourd’hui.

Paradise Garage, 1979 (détail) / Photo : Bill Bernstein
Paradise Garage, 1979 (détail) / Photo : Bill Bernstein

Le disco recèle un étrange paradoxe. Ce style, assis chronologiquement entre l’épanouissement grand public de la soul afro-américaine et l’explosion de la House, s’avère toujours autant apprécié, surtout les soirs de nouvel an, que totalement méconnu. C’est d’ailleurs sur cette étrange réalité que les maitres d’œuvres de l’exposition (les commissaires Jean-Yves Leloup, Patrick Thévenin et Marion Challier, accompagnés de Dimitri from Paris pour le décorum vinylesque et l’expertise discographique) ont insisté lors de la présentation auprès de la presse. Sa signification politique et sociale, son hédonisme militant, notamment chez les minorités afro-américaines et LGBTQIA+, se confond avec un certain doute, voire dédain, envers sa signification et sa profondeur artistique. Continuer la lecture de « Jouir pour lutter »

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Sous Surveillance : Clarence

Clarence
Clarence / Photo : DR

Qui ?

Clarence, c’est :
Cla : chant et guitare
Hugo : guitare
Clélia : basse
Oihan : batterie et chant
Tous ont joués dans d’autres groupes oscillant entre post hardcore, ambient ou dance punk.

Où?

Bordeaux, ville de la pluie et siège social du Flippin’ Freaks, leur label.

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Chiens de Faïence reprend Brigitte Fontaine

On vous en a déjà parlé à plusieurs reprises, on adore la pop fragile diy, probablement conçue entre la table basse et le canapé et les prestations scéniques désarmantes de Chiens de Faïence. Cette fois, pour célébrer le retour de notre rubrique Jeudi Cover, on les a pris au dépourvu du partage d’une reprise de Brigitte Fontaine. Trois minutes après le postage du titre lundi sur les réseaux, j’ai envoyé un message à Harmonie Aupetit en lui demandant si on pouvait la proposer dans notre rubrique. Réponse immédiate : « Oui grave ! Merci 🥰🥰 ». Voici Il s’en Passe, très jolie balade originalement écrite et chantée par la grande Brigitte et mise en musique par l’indispensable Areski en 2009. Le résultat est plus épuré mais pas moins magnifique, et les voix d’Harmonie, Boris Cuisinier et Malo Vannet s’y mélangent avec grâce et douceur, en contrepoint au piquant des paroles. Tout à fait le genre de choses dont on a fortement besoin ces temps-ci, car oui, Il s’en Passe, chéri.
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Tim Keegan & The Personals, Vide Grenier (Meek Giant)

Vide Grenier Tim KeeganDes fragments de plusieurs passés épars. Des souvenirs déjà usés – plus ou moins – mais ouverts à la réappropriation active. Un bric-à-brac hétéroclite dont la seule cohérence réside dans le fait d’avoir appartenu, à un moment ou à un autre, à une même vie. On ne peut qu’être sensible à tout ce qui fait ainsi le charme ineffable des vide-greniers. Tim Keegan aussi qui expose ici au grand jour onze bribes, trop longtemps enfouies, de ses décennies consacrées au noble artisanat du songwriting. Onze chansons, donc, ébauchées entre 1988 et 2024, parfois évoquées au détour d’un concert mais jamais encore enregistrées. Deux guitares, une basse et une batterie suffisent à en constituer l’unité en les inscrivant résolument dans cette tradition toute britannique qui s’ancre formellement dans les références aux modèles transatlantiques – Reed, Dylan, Cohen pour ce qui est de la Sainte Trinité. Continuer la lecture de « Tim Keegan & The Personals, Vide Grenier (Meek Giant) »

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Bonnie « Prince » Billy : « Je suis encore intimidé par les chansons de ce nouvel album »

Bonnie "Prince" Billy / Photo : David Kasnic
Bonnie « Prince » Billy / Photo : David Kasnic

Les journées de promo consacrées aux interviews sont souvent une corvée pour les artistes. On peut aisément les comprendre, ils doivent souvent répondre aux mêmes questions, se justifier auprès de personnes qui n’ont parfois même pas pris le temps d’écouter leur album avec attention. Mais lors de ma rencontre avec Bonnie « Prince » Billy pour la sortie de The Purple Bird, ce dernier semblait être en mission, tenant absolument à rendre justice à un disque qu’il n’en revient toujours pas d’avoir enregistré. Il faut dire que le casting est impressionnant : Pat McLaughlin, Tim O’Brien, John Anderson et beaucoup d’autres légendes de la country ont participé à l’écriture de l’album et à son enregistrement en studio. Malgré tout cela, Will Oldham n’est pas tombé dans le cliché du disque country enregistré à Nashville. Sa personnalité est bien présente tout au long de ces douze titres qui sont certainement les meilleurs qu’il ait enregistrés depuis une dizaine d’années. Il nous confie dans cette interview qu’il est un peu stressé en pensant à la suite qu’il devra donner à The Purple Bird, et même si on lui fait confiance, on veut bien le comprendre.
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Des étoiles dans les yeux de Betty

Betty / Photo : Jules Vandale
Betty / Photo : Jules Vandale

Il y a quelque chose de très fraternel dans les petits groupes qui émaillent la scène indie francilienne. Beaucoup de projets en commun, de transferts de musiciens d’un groupe à l’autre, de soirées passées à voir les uns ou les autres sur scène, avec dans le public, souvent un certain nombre de membres desdites formations venus encourager les amis. Betty en est un excellent exemple : l’idée est partie d’un travail en solo de Rémi Studer, qui a composé des morceaux pendant plusieurs années de son côté, en mode bedroom pop. Le dénominateur en commun entre lui et cette scène fut Jérôme Ganivet de Belmont Witch, qui l’a aidé à concrétiser ses rêves, il y a une dizaine d’années déjà. Tous les deux ont enregistré des démos, avec Sparklehorse, Sebadoh ou Pinback dans le rétroviseur. La vie n’a pas été clémente, et Jérôme s’en est allé. Grâce à Michele (toujours Belmont Witch), Rémi a intégré Eggs et de fil en aiguille, Manolo Freitas (Hobby et Eggs aussi) et Isabella Green Catani (Dog Park) ont rejoint Betty. Après un EP l’an dernier, le trio sort son premier album masterisé par Côme Ranjard, Reminder, comme un rappel du chemin parcouru. Continuer la lecture de « Des étoiles dans les yeux de Betty »

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Ten CC, How dare you! (1976, Mercury)

Ten CC, How dare you! Quand Théophile Gauthier théorise L’art pour l’art en 1834 en préface de son sulfureux roman Mademoiselle Maupin, il est loin d’imaginer que 142 ans plus tard un groupe de crétins britanniques en tireront Art for art’s sake, l’exceptionnel single porteur de leur grand-œuvre de 1976, le bien nommé How dare you!.

Et, en effet, Comment osent-ils sortir ça ?, serait-on tenté de dire… L’année précédente, 10 cc, le groupe en question, dans sa mancunienne idiosyncrasie, a fait péter le hit-single international avec I’m Not in love, slow trompe-braguette à faire passer le My Love de McCartney (dont il est le négatif parfait) pour la Marche de Radetzky, mais qui n’a pourtant rien à voir avec son cœur de métier habituel : soit un Bordello pop inconnu des services d’immigration. La chausse-trape se referme alors aussi rapidement que les royalties tombent. Nœud gordien. Un dernier pour la route ? Euhhhhh… Non. On va TENTER AUTRE CHOSE.
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