En 2022, les rééditions et compilations tournent toujours à plein régime. Un petit tour chez votre disquaire et vous voilà parti dans une contrée lointaine, en Afrique ou en Asie, à la recherche d’un nouveau Graal. Paradoxalement, cette quête effrénée de disques à rééditer ne touche que marginalement la production européenne. La musique socialiste des années 60-70-80 semble ainsi être souvent un angle mort de l’intérêt général actuel pour l’extérieur du spectre anglophone. Il y a certes quelques compilations sur la scène tchécoslovaque (Czech Up, Munster), roumaine (Hai Noroc!, 667 records) ou yougoslave (Jugoton Funk, Croatia Records) mais rien de comparable avec le flot de rééditions actuel. Hallo 22 témoigne également de ce sentiment : la compilation, proposée par Sony Allemagne, ne semble pas distribuée en Europe. Continuer la lecture de « V/A, Hallo 22, DDR Funk & Soul von 1971 – 1981 (Sony Music Allemagne) »
Étiquette : Année : 1972
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Barrabás, Barrabás (1972, RCA)
En 1972, le batteur madrilène Fernando Arbex est déjà un vétéran de la scène rock ibérique. Passé par le groupe pionnier Los Estudiantes, il est surtout un des piliers de Los Brincos, une des très grandes formations espagnoles des années soixante. Après l’expérience Alacrán, en compagnie du chanteur Iñaki Egaña (ex-Los Buenos), il monte Barrabás, un sextet, chantant en anglais. Le groupe se compose de nombreuses personnalités de la scène rock nationale d’alors : les frangins, d’origine philippine, Ricky et Miguel Morales (ex-Brincos et frère d’Antonio « Junior »), le Cubain Tito Duarte et le Portugais Juan Vidal (ex-Los Grimm). Dans les pas d’Osibisa, Mandrill, El Chicano et Santana, Barrabás expérimente avec les rythmes africains et latins. Festive et dansante, leur musique est une bacchanale de percussions. Arrangées, avec un sens aiguisé du détail, les huit compositions originales de leur premier album, généralement intitulé Barrabás, démontrent un savoir faire à la hauteur de leurs références. Continuer la lecture de « Barrabás, Barrabás (1972, RCA) »
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Big Star, #1 Record (Ardent, 1972)
Big Star est le groupe préféré de vos groupes préférés (The Posies, Teenage Fanclub, REM, The Replacements, Wilco, Primal Scream, The Bangles, Elliott Smith, etc). Comme Nick Drake ou le Velvet Underground à d’autres époques, la formation de Memphis est culte, avec ce que cela comporte de gloire et de tristesse. Pourtant, il est très facile de passer à coté de la beauté de Big Star tant leur approche a quelque chose de modeste et d’épurée. L’épiphanie ne viendra peut être pas à la première écoute, mais si vous aimez une certaine idée de la musique pop, elle finira fatalement par arriver. Nous vous gardons bien au chaud une carte de membre du fan club zélé. Continuer la lecture de « Big Star, #1 Record (Ardent, 1972) »
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Todd Rundgren, Something/Anything? (Bearsville, 1972)
Si l’art de la musique pop est né dans les sixties des mains des Beatles, Beach Boys, Love et autre Zombies, la décennie suivante ne fut pas pour autant avare de grands disques à même de perpétuer cet héritage. Parmi eux, figure en bonne place Something/Anything? (1972) de Todd Rundgren. Le musicien de Philadelphie possède alors, derrière lui, une solide expérience. Il fait ses armes dans la formations garage Nazz, dont l’étrange nom fait référence à une chanson des Yardbirds (The Nazz are Blue). Avec le combo, il grave deux albums en 1968 et 1969. Nazz Nazz, le second LP, est aussi à l’origine de son départ : le double album ambitieux est amputé de moitié par le label avec l’appui d’autres membres du groupe. Curieusement, plutôt que se lancer en solo, Todd Rundgren monte Runt, un nouveau groupe avec les frangins Hunt et Tony Sales. Le temps d’un quasi dyptique, Runt (1970) et The Ballad of Todd Rundgren (1971), le compositeur américain se cache encore derrière le collectif. Pourtant, le deuxième effort est largement enregistré en solitaire par Rundgren. Continuer la lecture de « Todd Rundgren, Something/Anything? (Bearsville, 1972) »
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Wishbone Ash, Argus (MCA, 1972)
C’est rien moins que (notre) Barney Sumner qui nous conte cette petite histoire, arguant que naguère il ne fallait pas se rater sur les disques. Et on a connu ça un peu aussi, cette angoisse du Que choisir ? quand on en voudrait quinze mais qu’on a droit qu’à deux ou trois. Ce jour béni où j’ai opté pour The Cult* plutôt que Spear Of Destiny ? Ce jour où, ayant de toute façon pris Brotherhood de New Order, j’optais au débotté pour Licensed To Ill des Beastie Boys plutôt que le premier album des Garçons Bouchers ? Ces jours où il a fallu faire des choix, à un âge où justement on ne devrait pas en faire. Puisqu’on est encore dans un flou total, même si d’aventure et rétrospectivement, on savait très bien où on allait. Continuer la lecture de « Wishbone Ash, Argus (MCA, 1972) »
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V/A, Nuggets (Elektra, 1972)
Sous-titrée Original Artyfacts from the First Psychedelic Era 1965-1968, la compilation Nuggets fut, malgré un tirage modeste, une véritable révolution. Éditer de la musique publiée une demie-douzaine d’années plus tôt n’avait rien d’une évidence au début des années soixante-dix, âge d’or du rock. Le concept de réédition était alors nouveau et peu développé. Il existe cependant quelques précédents. Au milieu des années soixante, le disc-jockey de Pittsburgh, Mad Mike (à ne pas confondre avec celui de Detroit) édita la série Mad Mike Moldies, s’intéressant déjà à des morceaux passés inaperçus et plus tout à fait contemporains. En 1969, Preflyte documenta les débuts des Byrds, avant leur premier album. Continuer la lecture de « V/A, Nuggets (Elektra, 1972) »
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Dance to the Music #2 : Philly Soul
Philadelphie (Pennsylvanie), l’une des villes les plus importantes de la côte Est (avec New York City ou Boston, par exemple) peut compter sur une riche histoire et un rôle prépondérant dans l’indépendance des États-Unis d’Amérique. La symbolique Liberty Bell témoigne de ce passé glorieux. Pourtant dans les années soixante, soixante-dix, l’agglomération perd de sa population, notamment ses classes moyennes. La cité industrielle est gangrenée par la violence des gangs, la pauvreté. Dans ce contexte difficile émerge pourtant l’un des genres les plus soyeux et élégants des années soixante dix : la Philly Soul, dont l’un des mots d’ordre sera justement « Let’s Clean Up The Ghetto« . Moins connue que ses cousines Southern Soul et Motown, cette variante de soul n’en a pas moins marqué l’histoire de ses mélodies satinées et de ses arrangements luxuriants, au point de servir de rampe de lancement à l’un des phénomènes sociologiques des années soixante-dix.
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