Dance to the Music #2 : Philly Soul

Soul Train Dancers.

Philadelphie (Pennsylvanie), l’une des villes les plus importantes de la côte Est (avec New York City ou Boston, par exemple) peut compter sur une riche histoire et un rôle prépondérant dans l’indépendance des États-Unis d’Amérique. La symbolique Liberty Bell témoigne de ce passé glorieux. Pourtant dans les années soixante, soixante-dix, l’agglomération perd de sa population, notamment ses classes moyennes. La cité industrielle est gangrenée par la violence des gangs, la pauvreté. Dans ce contexte difficile émerge pourtant l’un des genres les plus soyeux et élégants des années soixante dix : la Philly Soul, dont l’un des mots d’ordre sera justement « Let’s Clean Up The Ghetto« . Moins connue que ses cousines Southern Soul et Motown, cette variante de soul n’en a pas moins marqué l’histoire de ses mélodies satinées et de ses arrangements luxuriants, au point de servir de rampe de lancement à l’un des phénomènes sociologiques des années soixante-dix.

L’apprentissage (1963-1967)
Barbara Mason
Barbara Mason

Jusqu’à la seconde partie des années soixante, la ville de Philadelphie ne constitue pas vraiment un pôle magnétique de la musique noire américaine. Quelques labels y produisent des disques de qualité, mais sans y développer une esthétique spécifique comme le font alors Stax ou Motown dans d’autres villes du pays. La majorité des maisons de disques locales se consacrent en effet au rock ‘n’ roll ou à  la musique pop. Ces styles constituent la majorité du marché, cependant certains labels de niche montrent déjà une propension à s’intéresser à ce public souvent délaissé par les dirigeants WASP (les blancs protestants anglo-saxons). Mentionnons en particulier trois labels dans cette genèse de la Philly Soul : Harthon, Arctic et Cameo-Parkway Records. Luther Randolph, Johnny Stiles et Weldon Arthur Mc Dougal III fondent Harthon en 1963. Le label publie une vingtaine de références et obtient des tubes régionaux. Il en va de même pour Arctic. Le label est fondé par le DJ Jimmy Bishop, adossé coté distribution à la maison de disque Jamie, il  édite une cinquantaine de quarante-cinq tours dont certains deviennent des hits nationaux comme Yes i’m Ready de Barbara Mason qui entre dans le top 10 pop en 1965. Des membres clé de la Philly Soul figurent d’ailleurs sur la chanson (Norman Harris, Earl Young, Ronnie Baker, Kenny Gamble et Bobby  Eli).

Thom Bell dans les 70's
Thom Bell dans les 70’s

Si ces deux labels sont dirigés par des afro-américains, le parcours de Cameo-Parkway est légèrement différent. Le label est avant tout généraliste, mais développe dans les années cinquante un catalogue important dans le Doo-Wop  (The Tymes, The Orlons, The Dovells de Len Barry) et les interprètes de chansons liées à des danses (Dee-Dee Sharp, Chubby Checker). Moins spécialisé soul, Cameo-Parkway n’en fait moins travaillé – comme les deux autres labels – ceux qui vont devenir un peu plus tard dans la décennie les artisans de la Philly Soul. Ainsi nous retrouvons Thom Bell chez Cameo-Parkway, les futurs Trammps sous le nom de Volcanos chez Harthon puis et Arctic, Leon Huff et Kenny Gamble chez les Romeos (Arctic) etc.

 

Les premiers hits Philly Soul (1966-1969)
The Delfonics
The Delfonics

Entre 1966 et 1969, l’industrie musicale locale change et des labels émergent. Ils imposent un nouveau son, propre à la ville, encore proche de la Motown mais avec déjà un charme propre. Nous y retrouvons, sans surprise, de nombreux acteurs de la première période issus d’Harthon, Arctic ou Cameo-Parkway. Les labels affichent leur fierté d’appartenir à Philadelphie jusque dans leur nom. Quatre petites structures se détachent du lot et offrent à Philadelphie une reconnaissance nationale méritée. Les génies Gamble & Huff fondent Gamble en 1966 et Neptune en 1969, un partenariat éphémère avec Chess qui leur permet néanmoins de récupérer les Three Degrees et les O’Jays. Ces derniers, originaires de Canton dans l’Ohio, vont devenir dans la décennie suivante l’un des groupes majeurs de la Philly Soul. Quant à Thom Bell, il devient l’A&R de Philly Groove dès sa création en 1967.

The Intruders
The Intruders

Enfin Phil-L.A soul, en plus de distribuer des disques produits à Miami fait travailler aussi des musiciens locaux, dont notamment Bobby Martin, à partir de 1967. La scène, un peu plus mûre et construite, accède à une reconnaissance nationale au point de pouvoir dealer des distributions dans tous les États-Unis, ou commencer à intéresser les mastodontes du genre comme le label new-yorkais Atlantic. Quelques tubes marquent les esprits et deviennent les premiers classiques de la Philly Soul : The Horse de Cliff Nobles & Co, Cowboys to Girls et (Love is like) a Baseball Game de The IntrudersExpressway To Your Heart des Soul SurvivorsLa-La Means I Love You et Ready Or Not Here I Come des Delfonics ou encore I Can’t stop dancing d’Archie Bell & the Drells. Ils comportent déjà certaines marques de fabrique typiques du son Philly Soul : un goût pour les arrangements somptueux, les volutes de violons, les mélodies sucrées et les voix passionnées. Si l’organisation est encore artisanale, la plupart des producteurs, compositeurs, arrangeurs et musiciens de l’ombre sont déjà présents, et vont devenir des pièces maîtresses et incontournables du Philly Sound.

 

L’âge d’or (1970-1974)
Kenny Gamble et Leon Huff

La salve de tubes de 1968 attise les esprits, et pousse les meilleurs à se faire remarquer par de grosses maisons de disques. Kenny Gamble et Leon Huff fondent en 1971 Philadelphia International Records (P.I.R.) et signent un partenariat de distribution avec Columbia. Thom Bell, de son coté, est missionné par Atlantic pour donner un coup de fouet à la carrière d’un groupe de Detroit : The Spinners. Il réussit là où la Motown échoue. Autour de ces figures, un environnement de musiciens professionnels, d’arrangeurs, compositeurs se met en place dans un esprit très similaire à celui de la Motown des années soixante. Ironie, à cette période, le grand label du Michigan délaisse quelque peu ces méthodes sous la pression de ses meilleurs artistes (Stevie Wonder, Marvin Gaye). Cette influence, sur l’organisation du travail, sans être revendiquée est réelle : le duo derrière P.I.R. a fait le déplacement chez Berry Gordy afin d’analyser et comprendre ses méthodes. L’ancien ingénieur son de Cameo-Parkway, Joseph Tarsia, fonde en 1968 les studios Sigma Sound dans lequel vont être enregistrés les classiques de la Philly Soul.

MFSB
MFSB

Les studios constituent un épicentre de la scène sur lesquels vont s’agréger un nombre hallucinant de talents. Parmi eux, accordons une place de choix à MFSB pour Mother Father Sister Brother (version officielle) ou Mother Fuckin’ Son of-a Bitch (pour la version officieuse). Créée par Leon Huff et Kenny Gamble, la formation est l’équivalente Philly Soul des Funk Brothers de la Motown ou des Bar-Kays chez Stax : une équipe de choc réunie pour enregistrer dans les meilleures conditions possible. Le groupe aligne un line-up de rêve dont les noms donneront des frissons aux esthètes. Selon les sessions, le groupe comprend notamment Norman Harris (guitare), TJ Tindall (guitare), Earl Young (batterie), Vincent Montana Jr (vibraphone), Bobby Eli (guitare), Ronnie Baker (basse) et bien sûr Leon Huff et Thom Bell en personne pour les claviers. Les musiciens se connaissent bien, sous la supervision de Gamble & Huff ou Thom Bell, et apparaissent sur la majorité des tubes estampillés Philly : Back Stabbers ou For the Love of the Money des O’Jays, Could it Be I’m Falling In love des SpinnersTSOP, Sexy ou Let’s Clean Up The Ghetto de MFSB et des centaines d’autres classiques (voir la playlist). Au delà de cette omniprésence sur les disques, MFSB sculpte le son de la décennie et créé les bases de la musique disco.

Dans les studios Sigma Sounds
Le son Philly Soul : un prolongement de la Motown

Il est temps d’évoquer le style Philly, car il se dessine entre les mains de musiciens et producteurs liés à MFSB et aux Sigma Sound Studios. Après avoir analysé les techniques de la Motown, les producteurs appliquent une partie des recettes créées à Detroit à Philadelphie. Ces techniques vont au-delà de l’approche fordiste et la répartition entre backing band, équipe d’écriture, etc. Elles influencent aussi largement le son de la ville. Comme la Motown, Philadelphie aime les cordes, les arrangements soyeux et généreux et le versant plus pop de la soul, sans renier sa nature groovy et dansante, version uptempo ou slow. Jon Landau disait en 1971 dans Rolling Stone à propos de la Motown : « Le son consiste en des chansons avec des structures simples, mais des mélodies sophistiqués sur un motif de batterie en 4 temps, l’usage fréquent des cuivres et cordes et un mixage dans les aigus qui met en avant les fréquences qui passent le mieux sur la radio AM » (cité sur la page anglophone wikipedia de la Motown). Si la Philly Soul est beaucoup hi-fi que les disques Motown des années soixante, progrès technique oblige, elle n’en constitue pas moins une adaptation et un prolongement de cet état d’esprit. Fred Wesley, tromboniste de James Brown parle ainsi de « Putting the bow tie on the funk » c’est-à-dire mettre un nœud papillon sur le funk, définition adéquate de cette rencontre entre l’élégance des arrangements et des rythmes s’adressant aux corps.

 

La création du rythme disco
Earl Young en 2014

Earl Young, batteur de MFSB et des Trammps (et ex-Volcanos), perfectionne même le beat Motown et le modernise au point d’en faire la signature du disco. Il suffit d’écouter son jeu spécifique sur les cymbales rides en contretemps du pied, à l’origine du Four On The Floor chère à la Dance Music (Disco puis la House). Nous pouvons considérer She’s a Winner de The Intruders, Love Train des O’Jays ou One Night Affair de Jerry Butler comme les premiers exemples (1972) frappants de l’utilisation de cette technique qui va rencontrer un énorme succès. Earl Young participe d’ailleurs aux trois morceaux. Les disc-jockeys apprécient en effet particulièrement ces hautes fréquences qui permettent de beatmatcher (mixer dans le tempo) les morceaux, y compris dans un environnement bruyant comme un club. Autre fantaisie de l’intéressé, qui n’a pas été conservée par la disco, mais omniprésente dans la Philly Soul : le batteur avait l’habitude de doubler la caisse claire avec un tom, nous pouvons par exemple reconnaître ce trait de la soul produite à Philadelphie dans The Love I Lost d’Harold Melvin and the Blue Notes (1973), Armed and Extremely Dangerous de First Choice (1973), Love Epidemic des Trammps (1973) ou les monuments de délicatesse et de luxure que sont I’ll be Around et Could it Be I’m Falling In Love des Spinners (1972).

The O'Jays
The O’Jays
Des producteurs et arrangeurs lumineux

En plus d’être membre d’une section rythmique de folie, Earl Young constitue avec ses comparses Ronnie Baker et Norman Harris de The Trammps  un trio d’arrangeurs/producteurs d’excellente facture. Moins prestigieuse que les signatures Gamble/Huff ou Thom Bell, BHY n’en charpente pas moins, ensemble et séparément, une partie de la production locale notamment de groupes et chanteurs comme First Choice, Blue Magic, Bunny Sigler, The Whispers ou Robert Upchurch. Au sein des Sigma Sound Studios, ils croisent régulièrement le vibraphoniste et percussionniste Vince Montana Jr, un vétéran de la production musicale de Philadelphie. Il enregistre depuis la fin des années cinquante, et participe notamment aux disques de Chubby Checker ou Bobby Rydell. Si son nom apparaît moins dans les crédits de producteurs, le musicien dirige l’orchestre MFSB jusqu’à 1974.

Linda Creed
Linda Creed

De son coté, Thom Bell est peut-être le challenger le plus sérieux de la signature Gamble/Huff. Né en Jamaïque en 1943, il arrive à Philadelphie pendant son enfance. Durant son adolescence, il chante avec Leon Huff, Kenny Gamble ou Daryl Hall. Après un passage chez Cameo, il se fait une réputation chez Philly Groove, où il produit les classiques des Delfonics. Après avoir travaillé pour P.I.R (notamment sur Black Stabber des O’Jays), il produit pour des labels extérieurs comme Avco et Atlantic. Avec sa partenaire d’écriture Linda Creed, le duo compose quelques-unes des chansons les plus mémorables de la Philly Soul pour les Spinners et The Stylistics. Ce tour d’horizon ne serait pas complet sans la paire Leon Huff et Kenny Gamble, les architectes du son de Philadelphie. Le duo est au niveau des plus grands. Voir leur nom sur un disque procure le même genre de sentiment que repérer une signature Holland-Dozier-Holland, Goffin-King, Mann-Weil ou David-Bacharach. Leurs labels (Gamble, Neptune, P.I.R.) sont des machines à tubes, et à la manière d’un Berry Gordy en (un peu) plus bienveillant, ils dirigent les opérations avec une vision folle. Ils travaillent ensemble la première fois sur un disque de Candy & the Kisses (The 81 , un classique Northern Soul d’ailleurs) mais leur partenariat prend une tournure nouvelle avec le tube du groupe rock The Soul Survivors. A partir de là, ils vont devenir l’une des associations les plus fructueuses de l’histoire de la soul.

 

Le déclin (1975-1981)

Les hits continuent de tomber, mais la machine s’enraye quand une partie du groupe maison rejoint en 1974 le label new-yorkais Salsoul. En effet, Vincent Montana Jr, Instant Funk et les Trammps quittent P.I.R. faute de pouvoir trouver un arrangement satisfaisant avec les patrons. La situation rappelle celle d’Holland-Dozier-Holland quand ces derniers créent Invictus. Plus que le départ d’une partie des forces créatives du label, le disco, que Philadelphie a largement contribué à définir, donne instantanément un coup de vieux au label. P.I.R. dispose pourtant de nombreuses ressources, Dexter Wansel s’imposant comme l’un des producteurs les plus talentueux de la nouvelle garde de la ville, tandis que McFadden & Whitehead fournissent au label une de ses plus éclatantes réussites en 1979 avec Ain’t No Stoppin’ Us Now. P.I.R. subit malgré tout la concurrence de nouveaux labels disco qui comprennent mieux les attentes des disc-jockeys et du public. Le disco prend en effet des proportions gigantesques entre 1974 et 1975.

Dexter Wansel
Dexter Wansel

En plus de Salsoul, Gamble & Huff voient ainsi arriver des labels spécialisés comme Prelude, West End ou TK Records à Miami. Cette période, moins connue, est pourtant passionnante, Dexter Wansel imprime à la Philly Soul de nouvelles caractéristiques : synthétiseurs analogiques, Rhodes veloutés, voix languissantes… Il fait des merveilles sur des morceaux comme Mysteries of the World de MFSB ou le cultissime Night Over Egypt des Jones Girls. Des sons auxquels des musiciens comme Jamiroquai ne seront pas insensibles plus tard. Si la Philly Soul tire sa révérence au début des années quatre-vingt, elle a cependant marqué d’une emprunte indélébile le genre pendant une grosse décennie, créant quelques-uns des plus beaux morceaux du genre, aidant à la naissance du Disco et de toute la Dance Music à venir. À n’en pas douter, certains de ses morceaux ont aussi contribué à la natalité !

Teddy Pendergrass
Teddy Pendergrass à New York, 1981

Playlist : 25 morceaux qui ont fait l’histoire de la Philly Soul

01. Barbara Mason, Yes I’m Ready (Arctic / 1965)

Yes, I’m Ready est une balade plutôt classique de soul, pas spécifiquement Philly. Le morceau a été enregistré notamment par Kenny Gamble (chœur), Bobby Eli (guitare), Norman Harris (guitare), Ronnie Baker (basse) et Earl Young (batterie). il s’agit du plus grand succès de Barbara Mason (#5 Pop et #2 R&B), mais la chanteuse obtient malgré tout trois autres chansons classées dans le top 10 R&B dans les 70’s.

02. The Temptones, Girl I love you (Arctic / 1966)

La Philly Soul est certes un genre avant tout afro-américain, mais quelques musiciens blancs y firent leur premiers pas à travers une Blue-eyed soul d’excellente qualité. Signés le label Arctic, les Temptones proposent une soul délicate avec des harmonies soignées, pas si éloignées de The Impressions et des formations Motown mais aussi dans la pure tradition des groupes vocaux de la ville (The Dovells, notamment). Le groupe a la particularité d’avoir un membre devenu très célèbre par la suite : Daryl Hall de Hall & Oates.

03. Soul Survivors, Expressway to your Heart (Crimson / 1967)

Les Soul Survivors sont peut-être la contribution la plus à part de cette playlist en terme de style. Le groupe évolue clairement dans un registre plus rock avec cependant des touches Blue-eyed Soul.  Il s’agit pourtant du premier tube signé Gamble/Huff en 1967, il atteint la troisième place des charts R&B et la 4ème du top Pop.

04. Cliff Nobles & Co, The Horse (Phil L.A of Soul / 1968)

The Horse de Cliff Nobles & Co prend d’assaut les charts (#2 Pop et #2 R&B) en 1968. Initialement prévue pour être la face B de Love Is All Right, les disc-jockeys de radio jettent leur dévolu sur la face B, version instrumentale du morceau. La section de cuivre du fameux groupe MFSB apparaît sur la chanson.

05. The Intruders , (Love is like a) Baseball Game (Gamble / 1968)

The Intruders ne sont pas la formation la plus connue de la Philly Soul, pourtant ce groupe eut une certaine importance dans le développement de la scène locale. En effet, le groupe offre à Gamble & Huff deux tubes essentiels en 1968 : (Love Is Like a) Baseball Game et Cowboys To Girls. Deux slows typiques du son de Philadelphie, à la fois très gracieux et sensuels. Le groupe ne réédite jamais le même succès (#1 R&B et #6 Pop pour Cowboys To Girls) mais place néanmoins régulièrement des chansons dans les charts R&B dans la première moitié des seventies.

06. The Delfonics, Ready or Not here I come (Can’t Hide from Love) (Philly Groove / 1968)

D’une certaine manière, les Delfonics jouent un rôle équivalent pour Thom Bell que les Intruders pour Gamble & Huff : une véritable reconnaissance du talent de producteur. Si La La Means I Love You a mieux marché (#4 pop #2 R&B) on peut avoir un faible, comme beaucoup, pour ce Ready or Not Here I Come, qui a fait cependant un score honorable (#35 Pop et #14 R&B).

07. Archie Bell & the Drells, I Can’t Stop Dancing (Atlantic / 1968)

I Can’t Stop Dancing ne permet pas à Archie Bell & The Drells d’égaler le succès de Tighten Up, Atlantic a néanmoins eu plutôt une bonne idée en envoyant ce groupe texan enregistrer à Philadelphie. La formation récolte une 9ème place des charts pop et une 5ème du classement R&B. Le groupe fait deux autres top 10 avec l’aide de Gamble & Huff : la magnifique There’s Gonna Be A Showdown en 1968 (qui sera d’ailleurs rééditée pour la scène Northern) et Let’s Groove en 1976.

08. Wilson Pickett, Engine Number 9 (Atlantic / 1970)

L’idée de faire enregistrer un shooter comme Wilson Pickett à Philadelphie a de quoi surprendre. Après avoir été envoyé par Atlantic pour collaborer à Memphis avec Stax (In the Midnight Hour) et aux studios Muscle Shoals (Land of 1000 Dances), le label new-yorkais fait travailler le chanteur avec les papes de la dentelle sonore. Étonnant sur le papier, le résultat est plutôt explosif, les musiciens de Philly prouvant qu’ils en ont sous la semelle… (#14 Pop et #3 R&B)

09. Joe Simon, Drowning in the Sea of Love (Spring / 1971)

La voix de velours de Joe Simon, un chanteur originaire de Louisiane, colle parfaitement avec le tapis de douceur créé par Gamble & Huff. Son 4ème top 40 sur huit, publié par Spring, un label new-yorkais également responsable de la carrière d’artistes comme Millie Jackson.

10. O’Jays, Love Train (P.I.R. / 1972)

Les O’Jays restent une des formations majeures du genre Philly Soul, un comme les Supremes ou les Temptations pour la Motown. Nous aurions pu sélectionner de nombreux autres classiques du groupe pour cette playlist, notamment For the Love of the Money  mais Love Train se devait d’apparaître ici. Le morceau est un énorme succès pour Gamble & Huff (#1 Pop et #1 R&B) et surtout l’un des premiers à avoir cette rythmique disco si prononcée en 1972 par la magie du jeu d’Earl Young.

11. The Spinners, I’ll be Around (Atlantic / 1972)

Au départ, I’ll Be Around était prévue pour être une face B, mais le public en décida autrement et fit de la chanson le premier grand tube des Spinners en 1972. (#3 Pop et #1 R&B). La formation est un exemple assez typique de la manière de fonctionner d’Atlantic. Le label new-yorkais savait repérer des talents locaux – comme ici Thom Bell – et leur confier des groupes qui n’avaient pas forcément eu leur chance précédemment. Aretha Franklin est un autre exemple célèbre (Respect, Think, Natural Woman, Chain of Fools c’est la période Atlantic !). The Spinners végétaient dans le catalogue de la Motown avec des demi-hits (la plus connue étant It’s a Shame écrite par Stevie Wonder), mais après un transfert chez Atlantic, le groupe connait une très belle carrière dans les 70’s aidée par le seul et unique Thom Bell.

12. Billy Paul, Me & Mrs Jones (P.I.R. / 1972)

Nuit dans des draps de satin blanc, avec dans la chaîne hi-fi, cet hymne à l’adultère de Billy Paul… La Philly Soul voluptueuse, parangon de la luxure. Sur P.I.R évidemment, produite par Gamble & Huff bien sûr… qui co-signent le morceau avec Cary Gilbert. Encore un hit pour Philly ! #1 Pop et #1 R&B : propre.

13. First Choice, Armed and Extremely Dangerous ( Philly Groove / 1973)

Sans aucun doute la chanson la plus populaire de First Choice, avec une 28e place dans les charts Pop et une onzième dans les tops R&B. Produite par Baker-Harris-Young pour Philly Groove, elle symbolise la qualité des arrangeurs et producteurs locaux en dehors des deux grands pôles constitués par Gamble & Huff et Thom Bell. Le groupe va suivre une trajectoire similaire à celle des Trammps en connaissant un transfert vers Salsoul pour des aventures disco underground de premier ordre (le fantastique classique Let No Man Put Asunder). Il y a plein de morceaux géniaux chez First Choice, en voici quelques unes à écouter: Doctor Love (Salsoul), Smarty Pants (Bell), The Player (Philly Groove) ou leur magnifique reprise de Love & Happiness (Bell).

14. Harold Melvin and the The Blue Notes, The Love I Lost (P.I.R. / 1973)

En dehors des O’Jays, Harold Melvin and the Blue Notes est une autre formation particulièrement mémorable du catalogue P.I.R. grâce à la voix profonde et charnelle du fantastique Teddy Pendergrass. Le groupe, actif depuis la fin des années cinquante, connaît un âge d’or sur P.I.R. entre 1972 et 1975, en ayant 4 #1 aux charts R&B avec The Love I Lost (aussi #7 Pop), Wake Up Everybody, If You Don’t Know Me By Now (#3 Pop) et Hope That We Can Be Together Soon. Si Don’t Leave me This Way ne marche pas aux Etats Unis, le titre est un succès en Angleterre et est devenu l’un des grands classiques du groupe.

15. Three Degrees, Dirty Ol’ Man (P.I.R. / 1973)

Si le morceau se fait une modeste place aux charts américains (#58 R&B), il est un énorme succès en Belgique et aux Pays Bas (#1) démontrant la popularité de la Philly Soul… y compris en France d’ailleurs. Le vrai tube de ces jeunes femmes vient un an plus tard mais nous en reparlons très vite !

16. Bunny Sigler, Theme for Five Fingers of Death (P.I.R. / 1973)

Il me semblait difficile de ne pas citer au moins une chanson de Bunny Sigler tant ce dernier est un maillon moins connu, mais toutefois essentiel de la soul de Philadelphie. L’intéressé suit Instant Funk dans leur transfert depuis Philadelphie vers Salsoul.

17. MFSB, TSOP (P.I.R. / 1974)

#1 des charts Pop et #1 R&B : encore un carton plein pour Gamble & Huff qui composent et produisent ce classique instrumental rehaussé des chœurs des Three Degrees ! De la pure soul de Philadelphie, jusque dans son nom (TSOP pour The Sound Of Philadelphia), parfaite pour danser avec un beat disco.

18. The Stylistics, You Make me Feel Brand New (Avco / 1974)

Un énorme tube signé… Thom Bell, bien sûr, et composé avec l’aide de Linda Creed. Au delà des chiffres (#2 Pop et #5 R&B), un des slows soul les plus somptueux de tous les temps. Il est placé très haut dans mon top personnel pas loin de In The Rain des Dramatics ou Have You Seen Her ? des Chi-Lites, bref une certaine idée du charnel : la levrette, mais dans un lit à baldaquin.

19. Blue Magic, Sideshow (Atco / 1974)

Un autre slow merveilleux et mémorable Philly Soul mais écrit par Bobby Eli et Vinnie Barrett.  La production soyeuse est signée de Norman Harris. Le disque obtient d’excellentes places dans les charts (#8 Pop #1 R&B). Blue Magic est un groupe de la région, fondé par un ancien des Delfonics (Randy Caine).

20. People’s Choice, Do It Any Way You Wanna (TSOP / 1975)

En pleine vague disco, le groupe majoritairement instrumental People’s Choice obtient un succès grâce à cette chanson produite et composée par Leon Huff (sans Kenny Gamble). Classé #11 Pop et #1 R&B, le morceau est également un gros succès en Europe continentale.

21. The Trammps, Disco Inferno (Atlantic / 1976)

Il fallait absolument citer un morceau des Trammps, car après tout, le son de Philly existerait-il sous la même forme sans le jeu de batterie si particulier (et métronomique) d’Earl Young ? Pour être tout à fait cohérent, il n’aurait pas été impensable de citer un morceau du début des 70’s, mais la tentation de placer cette bombe disco rendue célèbre grâce au film Saturday Night Fever était bien trop tentante. La chanson a été enregistrée aux studios Sigma Sound et ont notamment participé à l’enregistrement : Norman Harris , Ronnie Baker, Earl Young, Bobby Eli, Robert Upchurch (chanteur principal du groupe) et TJ Tindall. Bref, le gratin des musiciens locaux. #11 US (1978)  #9 R&B (1976) et #1 Dance (1976).

22. Dexter Wansel (avec Jean Carn), The Sweetest Pain (P.I.R. / 1976)

Comparé à d’autres producteurs de Philadelphie, le succès de Dexter Wansel dans les années 70 fut plus modeste. En revanche, le musicien a depuis acquis une certaine réputation auprès des connaisseurs et d’autres musiciens qui l’ont régulièrement samplé (Talib KweliDj Cam ou Global Communication). À raison, car Dexter Wansel est vraiment l’un des trésors cachés du rooster de P.I.R., et cette merveille de sensualité produite avec délicatesse et raffinement aurait du être un tube à sa sortie…

23. McFadden & Whitehead, Ain’t No Stoppin’ Us Now (P.I.R. / 1979)

L’un des derniers grands succès de P.I.R., classé  #1 R&B et #13 Pop. Ironie, le texte est un message de la part de McFadden & Whitehead à destination de leurs patrons Gamble & Huff. En effet, les deux compositeurs souhaitaient être mis en avant, et ne pas uniquement se dédier à l’écriture des chansons… Bonne pioche pour eux : énorme succès, et classique qui a inspiré jusqu’à Pino D’Angio.

24. Teddy Pendergrass, Love TKO (P.I.R. / 1980)

Extrait de son album TP(1980), Love TKO , une reprise de David Oliver, offre à l’ancien chanteur d’Harold Melvin and the Blue Notes un beau succès dans les charts (#44 Pop, #2 Pop). La chanson est produite par Dexter Wansel qui y apporte raffinement et délicatesse.

25. The Jones Girls, Nights Over Egypt (P.I.R. / 1981)

De la Philly Soul tardive, mais une merveille absolue. Un classique underground repris par Incognito en 1999. Un chef d’oeuvre co-écrit par Dexter Wansel (encore lui !) et produit par le patron Kenny Gamble. Difficile de ne pas utiliser les superlatifs tant cette chanson est parfaite et belle…

Et pour écouter tout ça d’un trait (de whisky), c’est par là, avec 15 bonus tracks…

Une réflexion sur « Dance to the Music #2 : Philly Soul »

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *