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Selectorama : JJ Ulius

Monokultur
Monokultur
L’an dernier, un nom mystérieux avait surgi du néant : JJ Ulius, un suédois dont la seule particularité concrète était sa géolocalisation, du côté de Södra Hamngatan à Göteborg. Son formidable premier album aux compositions ténébreuses et bancales, laconiquement intitulé VOL I avait suivi celui paru sous le nom de Monokultur, Ormens Väg, composé aux côtés de Elin Engström (avec qui il partage aussi un autre alias, Skiftande Enheter) pour son label Mammas Mysteriska Jukebox.
Nous en parlions en ces termes : « Cette collection de rêveries sonores marie dans les limbes le familier et l’étrange. Tout au long de ce disque, on repère de nombreuses influences qui semblent limpides : ici Grouper, là Peaking Lights, His Name Is Alive, Delia Derbyshire ou encore Scientist. » En cette fin d’année, nous avons été quelques-uns a saluer la beauté singulière de cet album hors du temps dans nos comptes-rendus de l’année, l’occasion rêvée d’interroger l’homme sur ses morceaux de chevet. Bonne nouvelle, sa sélection prouve la vivacité d’une scène suédoise qui mérite bien plus qu’une attention lointaine.

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Poupard, Cérémonie Malgache (Choléra Cosmique)

« Au pied de ton immeuble
tu descends tes poubelles

Tes deux mains dans la merde
Je t’attends bouche ouverte

Pour te dire que je t’aime
et avaler celle pour laquelle
j’ai patienté 13 heures devant un HLM

J’aurais préférer aller à H&M »

On ne sait pas trop sur quel pied danser avec ce couple de Grenoble (Poupard, donc : Laurie et David) qui consigne des petites tranches de vie sur 4-pistes (visiblement pour la troisième fois, parce qu’on a pas tout suivi, il faut bien l’avouer). Une étonnante chanson faussement réaliste piano-voix qui fait mouche en préambule (Le pont de ma jeunesse), des séquences de talk over sur un petit mur de son qui galope (l’adorable et effrayant Coma où un fil  semblerait pouvoir se tisser naturellement avec Bambi de Diabologum période Palladium Rock  ou Heaven Boulevard, par exemple), un duo garçon-fille forcément réussi (Pendant des mois), pas parce que c’est, en grammaire pop, mon exercice favori, mais parce qu’on dirait une version disloquée d’un duo Jacky-Lio qui me colle à la peau en ce moment, Un flic au coeur tendre  concourant, lui, au prix du plus mélancolique hommage à nos génériques télé des années 80 (entre Cosma et De Roubaix). Mais vous n’étiez pas nés pourtant ? Vous connaissez Kojak, sérieux ? Continuer la lecture de « Poupard, Cérémonie Malgache (Choléra Cosmique) »

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Dwight Druick, Tanger (Bobinason, 1980)

Historiquement, les États-Unis et l’Angleterre inspirent de très nombreux courants musicaux de la musique pop. Chaque pays interprète ces tendances à l’aune de sa propre culture et ses préférences. Il est passionnant de constater les différentes versions d’une même idée, notamment dans la francophonie. Le Soft Rock californien (aussi appelé AOR, Westcoast ou Yacht Rock) n’échappe pas à la règle. Apparu au début des années soixante-dix dans le sillon du mouvement hippie, le genre connaît sa forme la plus aboutie et élégante à la fin de la décennie avec Fleetwood Mac ou Steely Dan. La France comme le Québec s’y sont bien sûr essayés, de même que de nombreux autres pays (la City Pop japonaise). Du coté de l’Hexagone, Véronique Sanson, France Gall, Michel Berger, Weekend Millionnaire ou encore le duo Grimaldi/Zeiher ont fantasmé sur la côte ouest américaine. Dans la Belle Province, ils s’appellent Diane Tell, Gilles Rivard ou encore Dwight Druick. Continuer la lecture de « Dwight Druick, Tanger (Bobinason, 1980) »

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Gas, Der Lange Marsch (Kompakt)

GasQu’elle emprunte un chemin ou un autre, la musique de Wolfgang Voigt, co-fondateur du légendaire label électronique allemand Kompakt, se reconnaît entre mille. Der Lange Marsch (« la longue marche » pour les non-germanistes) ne fait pas exemption à la règle et s’inscrit dans la droite lignée des œuvres du producteur depuis la réanimation de son projet Gas au mitan des années 2010. Un foisonnement d’effets ambient enveloppe dès les premières secondes l’auditeur qui, s’il y consent, s’en ira pour une longue échappée (presque 70 minutes) hypnotique, poisseuse, parfois lumineuse aussi, baignant dans des vagues orchestrales empruntées à la musique symphonique et portée par une pulsation sourde et éthérée, un rythme lourd et plus puissant qu’à l’accoutumée qui disparait et revient comme issu d’un songe. Continuer la lecture de « Gas, Der Lange Marsch (Kompakt) »

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Climats #1 : Adrien Bosc, JD Beauvallet, David Loca

David Horowitz, Yesterday (Détail) / Galerie Yvon Lambert, Paris

This could be the saddest dusk ever seen
You turn to a miracle high-alive
Michael Stipe

Peut-on écouter Vauxhall and I de Morrissey sous le franc soleil de juillet ? Et un Antônio Carlos Jobim empêtré dans un crachin de février, c’est toujours du Antônio Carlos Jobim ? Climats met en avant les sorties disques et livres selon la météo.

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Bye-Bye, Ronnie.

Ronnie Spector
Ronnie Spector

La fabuleuse Ronnie Spector nous a quitté avant-hier soir à l’âge de 78 ans, emportant avec elle un monde de mascara, de minijupes et de folie qu’elle aura réchauffé de sa voix éraillée pendant 65 ans d’une carrière en rose et noir.

Retour en arrière. En 1961, Veronica et Estelle Bennett, avec leur cousine Nedra Tally se rendent dans un club de la 45ème rue : le Peppermint Lounge, alors « le seul endroit rock’n’roll de New-York ». À 15, 17 et 19 ans (dans l’ordre, Nedra, Ronnie et Estelle), elles viennent d’enregistrer leurs premiers morceaux, mais lassées d’attendre depuis déjà quatre ans à l’ombre du Brill Building qui les ignore, elles décident d’abandonner les sucreries infantiles des harmonies tubesques pour le rythme du rock’n’roll. Continuer la lecture de « Bye-Bye, Ronnie. »

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Clara Le Meur, Hier à la plage (Le Syndicat des Scorpions)

« T’as fait un glitch dans mon cerveau,
je n’arrive plus à trouver les mots,
je mets de la reverb sur le loop,
pour brouiller les pistes »

Et s’il suffisait de deux chansons pour bien commencer cette année 2022, deux chansons très belles diffusées sur la cassette de Clara Le Meur, parue le 26 décembre 2021, l’idée parfaite pour passer inaperçue aux yeux du monde, mais c’est un projet comme un autre après tout. Il s’agit d’abord de T’as fait un glitch située sur la face A : mini précis de la journée de la musicienne amoureuse où tout se mélange. Mode d’emploi et enregistrement, sentiments, confusion entre les deux et synthèse dans la chanson de 02’40, comme un Electrelane au ralenti, privées de ses guitares, avec ses harmonies vaporeuses et émouvantes. Continuer la lecture de « Clara Le Meur, Hier à la plage (Le Syndicat des Scorpions) »

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Exclu : « Pour qui est cette chanson » par Colombey

A l’Est de la Seine-et-Marne à un moment indéterminé, a lieu une fête, celles avec des sounds systems sauvages qui crachent des musiques hypnotiques et violentes. Dans son nouveau morceau Pour qui est cette chanson, Colombey nous raconte l’histoire de celui qui déambule depuis des heures au sein de ce fracas. La morosité s’installe lorsqu’il s’éloigne des enceintes, alors que le DJ ralentit le tempo en passant un 45t plus lent et mélancolique. Comme à son habitude, spleen et désolation plantent le décor, toutefois moins cafardeux qu’à l’habitude avec l’auto-tune qui confère une ambiance cotonneuse au morceau. Cette chanson sort donc aujourd’hui en exclusivité sur section26 et « se retrouvera ou pas dans mes prochaines productions », nous dit Thibault, alias Colombey.