Etre constamment en alerte, c’est ce qui anime fatalement chacun de nous en ces temps obscurs. Nous y sommes condamnés, mais avons aussi loisir de transformer cet état en une veille musicale permanente, où la découverte chasserait l’anxiété. Cette rentrée, nos semaines sont remplies de musiques diverses et variées, nous vous les soumettons, en étant presque sûrs qu’un moment ou l’autre livrera ses vertus soignantes, son baume réconfortant, ou son énergie salutaire.
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NDLR : Les playlists Deezer et Spotify ne comportent pas l’intégralité des titres de cette sélection.
1. Air Waves, The Dance (Fire Records)
Quatre ans après Warrior, la New-Yorkaise Nicole Schneit aka Air Waves se rappelle à notre bon souvenir avec un nouvel album, The Dance, dans lequel sa pop si accrocheuse se pare de sonorités plus synthétiques. CG
2. Twain, Walking II (Keeled Scales)
Après le classique instantané 2 Lovers, un nouvel extrait de Noon, album à venir de Twain/Mat Davidson chez Keeled Scales. Les montagnes (du cœur) sont russes, je répète : les montagnes (du cœur) sont russes. Conseillé à toutes les âmes, bien ou mal accrochées. CC
3. Alex G, Miracles (Domino Records)
Le fragile Miracles est l’un des moments de grâce de God Save the Animals, le dernier album du Philadelphien qui, en continuant de s’amuser avec les styles musicaux, les voix et les atmosphères sonores, ne cesse de nous surprendre. CG
4. Bill Callahan, Coyotes (Drag City)
Morceau pépère, néanmoins excellent, qui ne donne qu’un aperçu vicieux et vicié d’un album assez incroyable. Je crois que Lou Reed a toujours rêvé de faire un disque de free jazz à l’heure du thé, sans oublier de faire des chansons (cf. The Bells), je sais que Bill est un vrai/faux frondeur, un Mark Hollis faussement avachi sur les marches du ranch, j’ai bien l’impression que là, sans renier obligatoirement le confort majestueux des efforts précédents, il se passe enfin quelque chose. EG
5. Dana Gavanski, Strangers (Full Time Hobby)
Ça coûte rien, et moi perso ça me donne envie de me rouler en boule et de verser ma petite larme dans les bras de Dana. Un EP de covers alors que le monde brûle, c’est peut-être ce dont nous avons besoin (Bouncing Ball, le 4 novembre). PN
6. Weyes Blood, It’s Not Just Me, It’s Everybody (Sub Pop)
En découvrant cette chanson, j’ai cru lire la première lettre reçue depuis longtemps d’un·e ami·e immarcescible. Puis, quelques heures plus tard, après la trente-septième écoute et un quart, j’ai découvert que je relisais encore et encore la même lettre, souriant et pleurant en même temps. Le prochain album de Weyes Blood est pour novembre. L’hiver sera beau. CC
7. Arctic Monkeys, There’d Better Be A Mirror Ball (Domino Records)
Je connais très mal ce groupe pourtant très connu – tout en me souvenant avoir dézingué son premier album et encensé le deuxième. Alors, déboule cette chanson-là, comme si Pulp version This Is Hardcore avait repris The Associates circa Breakfast – le vice-versa est aussi plausible. Autant dire qu’on confine au génie. CB
8. Julien Gasc, Tout ne peut pas nécessairement donner quelque chose (Corps Double)
« Rouen ? Ils font du rugby à Rouen ? ». Tout ne peut pas nécessairement donner quelque chose, prévient Julien Gasc et nous sommes bien d’accord avec lui. Exception sans doute faite à ce qui semble être son talent rien qu’à lui de ciseler des petites chansons-univers en français dans le texte, leur charme est décidément intact. Re Eff, son nouvel album, sort le 23 septembre. PN
9. Spoon, On The Radio (Adrian Sherwood reconstruction) (Matador)
Spoon a fait remixer son dernier album par Adrian Sherwood. A l’image de cette épatante relecture dub d’On The Radio, le résultat s’annonce surprenant. DJ
10. Carla dal Forno, Come Around (Kallista Records)
L’Australienne dévoile Come Around, un premier single aux sonorités dub, tout en légèreté, pour annoncer la sortie le 4 novembre prochain de son troisième album. Ce dernier paraîtra sur son propre label, fondé il y a trois ans, Kallista Records. CG
11. The Drin, Big City, Real Time (Mangel/Future Shock)
Deuxième album tout chaud de la bande de Cincinnati. Big City, Real Time, titre lunaire, sombre et psychédélique. VDPJ
12. Big City, Feather Light (K Records/Perennial)
À se demander si en 2051 les bonds de 30 ans en arrière seront encore d’actualité, mais la citation, cette guitare rêveuse et l’incursion synthétique — même la roulade en sax —, ce déjà-entendu reste malgré tout irrésistible, il faut bien le dire. Oh, Canada… je chante dans le port de Vancouver… (c’est là d’où viennent ces petits), on n’en finira donc jamais de la nostalgie ? PN
13. The Orielles, The Room (Heavenly Recordings)
Déjà impressionnants à leurs débuts, The Orielles ne cessent de gagner en puissance et en profondeur. Pour preuve, cet extrait de leur prochain album est d’une mélancolie maladive mais il vous donne une folle envie de danser. DJ
14. Cate Le Bon, Typical Love (Mexican Summer)
Loin d’être une chute de studio, l’inédit Typical Love explore avec brio une autre facette de la fusion de la basse et des synthés qui font de Pompeii l’un des meilleurs albums de 2022. DJ
15. Bitchin Bajas, Amorpha (Drag City)
Nouveau disque des psych-freaks US Bitichin Bajas, toujours aussi hypnotique et lysergique. VC
16. Blood Orange, Wish (Domino Records)
Dev Hynes aka Blood Orange dévoilait plus tôt ce mois-ci le sobrement nommé Four Songs, un EP impeccable de quatre titres, tous aussi moelleux les uns que les autres. Tout ce que l’on regrette, c’est que cela ne dure que 11 minutes. CG
17. Sorry, Key to the City (Domino Records)
Un troisième single tout bonnement addictif pour l’un des jeunes groupes les plus cool de Londres. Leur second album est prévu pour le 7 octobre, et leur concert parisien la semaine suivante affiche évidemment complet depuis longtemps. CG
18. Lomepal, Mauvais Ordre (Pineale Prod/Grand Musique Management)
Antoine Lomepal revient avec un album parfait, qui réjouira les ados autant que leurs daronnes, tant il allie la sincérité des émotions, le portait d’une jeunesse désabusée dans un monde à bout de souffle et l’honnêteté d’un garçon qui parle si simplement de lui. Pop, rap et sensuel, ce Mauvais Ordre remet tout à sa place avec classe. LB
19. Blume, Melt Mars (Mars Records)
A la veille de revoir Lawrence sur scène, les algorithmes de Youtube m’ont mené de Felt à Melt Mars. En attendant que les intelligences artificielles composent elles-mêmes les chansons, on peut facilement admettre qu’il y a du mieux du côté des suggestions. Et on ne serait pas étonné d’entendre à nouveau parler des Californiens de Melt Mars qui à peu de choses près semblent savoir tout faire. XM
20. Animalmore, Sleepy Hollow (Flippin’ Freaks Records)
Et c’est là que l’on découvre que Thoineau (TH da Freak) et Sylvain (SIZ), les frères aux cheveux colorés de la bande bordelaise des Flippin’ Freaks ont un AUTRE frère, qui non seulement leur ressemble comme deux gouttes d’eau, mais en plus possède la même passion pour le rock alternatif et la pop culture des nineties. Il s’appelle Rémi et nous présente son projet Animalmore avec le meilleur clip de l’année 2022, parodie des séries comme Dawson ou Sept à la Maison qu’on les imagine bien regarder tous les trois, gamins. CG
21. Courting, Famous (PIAS)
« Encore un nouveau groupe anglais rock garage punk indie hyperpop », oui je vous entends vous là-bas au fond de la salle ! Effectivement, les petits gars de Liverpool doivent compter à peine 80 ans à eux quatre. Et ils sont bons et ils envoient des mélodies imparables avec des textes incisifs. « We’ve made something on the edge, a little bit weirder ». Leur premier album vient de sortir, à suivre. CM
22. Algara, Vete A Suecia (La Vida Es Un Mus)
Tout commence par une déclaration cinglante contre l’Europe libérale et impérialiste. La bande barcelonaise engagée envoie ensuite un punk rapide et tendu. On pourra vérifier et quantifier leur hargne en concert à l’ESSpace (Paris) le 8 octobre. VDPJ
23. Suede, 15 Again (BMG)
On entend parler du grand retour de Suede avec le nouvel album, Autofiction, mais les fans savent bien qu’ils n’étaient jamais partis, refusant avec obstination de se laisser enfermer dans le cercueil créatif que représente leur succès passé. Lorsque Brett Anderson chante 15 Again, c’est avec l’énergie d’un artiste qui n’a plus rien à prouver. Point de nostalgie lucrative (les tournées « albums » sont là pour ça), mais l’envie de continuer à produire (de nouveau avec Ed Buller) ce que le groupe fait le mieux, un rock punk et flamboyant, parfois malgré lui. Suede retrouve la moiteur des petites salles, puisqu’après un secret gig à Londres sous le nom de Crushed Kids, le groupe jouera à la Maroquinerie à Paris le 10 octobre. PR
24. Preoccupations, Slowly (Flemish Eye)
Qu’ils aient oeuvré avec Women ou Vietcong puis Preoccupations, les Canadiens ne sont pas connus pour faire dans la joie et l’optimisme. Leur quatrième album reste dans la même veine sombre et définitivement prenante. CM
25. Dry Cleaning, Gary Ashby (4AD)
Faire une chanson sur « la complainte d’une tortue de compagnie qui s’échappe du chaos familial” pourrait laisser dubitatif. Et pourtant, Gary Ashby donne vraiment envie d’écouter le deuxième album des Britanniques, Stumpwork, qui sortira le 21 octobre. CM
26. Emily Breeze, Ordinary Life (Sugar Shack Records)
Déjà responsable il y a quelques années du génial Confessions of an Ageing Party Girl, l’excellente Emily Breeze continue avec talent et humour à chanter le succès qui n’est jamais vraiment venu de sa voix de Chrissie Hynde de Bristol. A écouter en attendant la sortie du nouvel album Rapture prévu pour février. PR
27. Robert Sotelo, Above (Upset The Rhythm)
Apparemment, tous les (bons) chemins mènent à Glasgow à un moment à un autre. Pour Sotelo itou, depuis quelques temps déjà, soit Andrew Doig de son vrai nom qu’on a remarqué ici et là, notamment pour un très génial premier album chez Upset The Rhythm (Cusp en 2017) puis en compagnie des Nightshift chez Trouble In Mind. Une très agréable rasade d’arrangements inventifs et curieux, qui donne soif d’encore ! PN
28. Ausgang 256, Waves (Planisphère)
S’ils chantent « space is the place » (poke Sun Ra) tout au long de Waves, le jeune trio électro Ausgang 256 semble le prendre au pied de la lettre. Ces têtes chercheuses sont effectivement allées chercher loin les sons et la structure de ce titre barré mais accrocheur aux vertus apaisantes. DJ
29. Fenella, Pulsion (Nurse on the Train) (Fire Records)
Fenella est le side project de Jane Weaver avec Raz Ullah et Pete Philipson. Les amateurs de synthé analogiques vont se délecter de cette musique psychique et magnétique. DJ
30. Sports Team, Dig! (Island Records)
Un deuxième album, Gulp!, labellisé « chaos sur le dancefloor » par le DIY Magazine – et c’est sûrement vrai vu l’énergie débridée et irrésistible des bouillonnants Anglais pendant les concerts. Mais Gulp! est aussi un album musicalement abouti, où l’ironie et l’enthousiasme se conjuguent parfaitement. « Anyway, it’s always a funny thing asking people to buy your music. If you want to come to an in-store and just chat and get us to sigh you elf bar, or sign your train ticket or just grab a picture, please do. If you can’t afford to get into one drop us a message and we’ll stick you on the guestlist. There’s no pressure to buy the album. At the end of the day it’s a slab of plastic ». CM
31. Delivery, Baader Meinhof (Spoilsport/Anti Fade/Feel It)
Une basse qui fait ronron, des synthés qui décollent, Delivery, dont nous avions causé pour leur première sortie reviennent avec un album qui s’annonce puissant. Livraison prévue le 11 novembre chez Spoilsport/Anti Fade pour l’Australie, Feel It pour les USA. On se doute que l’ami Polaks Records devrait avoir quelques copies sous le manteau. VDPJ
32. Love Dance, Parallel Lines (Too Good To Be True Records)
Le duo norvégien est la première sortie du « Single Club », série de cinq 7 » initiée par le toujours bouillonnant label brestois Too Good To Be True (on en reparlera). Des guitares pop très Sarah Records pimentées de claviers et de dance beats, tout pour faire un tube imparable. CM
33. Dumb, Pull Me Up (Mint Records)
Les Canadiens ont le sens de la mélodie et des guitares qui bourdonnent. On croirait presque retrouver les Parquet Courts période Light Up Gold & Sunbathing Animal. VDPJ
34. The Beths, Expert in a Dying Field (Carpark Records/Rough Trade)
The Beths ne révolutionneront pas l’histoire de l’indie pop depuis Auckland, mais perpétuent avec grâce et talent la tradition des groupes à guitares portés sur les harmonies vocales. Espérons qu’avec ce troisième album et le soutien d’artistes telles que Phoebe Bridgers, The Beths rencontreront un public suffisamment large pour venir se produire de ce côté de la planète. PR
35. Jeanines, Latest Light (Market Square Records)
Alicia et Jedediah réussissent avec brio l’exercice de la chanson pop parfaite. Leur dernier 45 tours est sorti sur Market Square Records, le label de Paul Messis, en début de mois. VDPJ