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Selectorama : Sébastien Lifshitz

Le réalisateur de « Petite Fille », actuellement diffusé sur Arte, parle de ses liens avec la musique.

Sébastien Lifshitz
Sébastien Lifshitz

De cette année artistiquement mise sur pause, il est malgré tout sorti de très belles choses. Ainsi, le réalisateur Sébastien Lifshitz a présenté cette année deux films, tous deux bouleversants et salués par la critique, le premier au Festival de Locarno et le second à la Berlinale 2020. Sorti sur les écrans en septembre, Adolescentes donne à voir la trajectoire de deux jeunes filles, Emma et Anaïs, suivies par le documentariste pendant 5 ans. C’est un film exceptionnel, une captation d’une justesse folle de ce qu’est l’adolescence, cette période où tout change et où tout vibre autrement. Dans Petite Fille, diffusé sur Arte, Lifshitz filme Sasha, petite fille née garçon. Tout y est déchirant, la parole de ses parents, les réactions d’une société qui peine à sortir de ses archaïsmes et, bien entendu, le regard de la petite Sasha, inoubliable. Dans les deux cas, l’élégance de la mise en scène et le choix parfait de la musique sont mis au service d’une émotion profonde et intense dont on ne sort pas indemne. Continuer la lecture de « Selectorama : Sébastien Lifshitz »

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« À la ligne » sur scène : Joseph Ponthus, Michel Cloup et Pascal Bouaziz

Joseph Ponthus

J’écris comme je pense sur ma ligne de production divaguant dans mes pensées seul déterminé
J’écris comme je travaille
À la chaîne
À la ligne

Ce sont peut-être ces mots qui m’ont happée dès la première lecture, ces mots et puis tous les autres, ceux du poétique et nécessaire roman de Joseph PonthusÀ la ligne, publié en janvier 2019. Un matin, j’ai écrit tout le bien que je pensais de ce texte sur un réseau social et le soir, l’auteur m’a appelée (je me souviens bien, j’étais dans mon bain et l’eau avait eu le temps de refroidir avant que je ne pense à en sortir). Avec Joseph, nous avons longuement parlé, du singulier, du collectif, du cœur qui continue d’espérer. C’était formidable. Le bonhomme rencontré un peu plus tard est à l’image de son texte, humble, intense et d’une grande générosité. Je n’ai donc pas été surprise, mais c’était encore mieux que ce à quoi je m’attendais. Continuer la lecture de « « À la ligne » sur scène : Joseph Ponthus, Michel Cloup et Pascal Bouaziz »

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What’s your pleasure?

Extrait de la vidéo de Jessie Ware « What’s your pleasure ? » (Dance version)

C’est déjà la fin de juillet et je n’ai pas dansé. Je n’ai posé le pied sur aucun dancefloor, je n’ai vu tourner aucune boule à facettes, je n’ai transpiré sous aucun néon. Je n’ai enfilé aucun top glitter, aucun microshort, aucun talon pailleté. A la place, j’ai juste porté un masque. Parfois je me demande si cela arrivera à nouveau, pouvoir danser serrés les uns aux autres, les yeux fermés, la bouche entrouverte, le corps tout entier tendu vers les pulsations d’une chanson qui fait d’une foule en extase un seul corps humide dans la chaleur de la nuit. Continuer la lecture de « What’s your pleasure? »

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Providence

Impressions sur le nouveau titre de Chevalrex sorti aujourd’hui.

Pochette du prochain album de Chevalrex, « Providence » (Objet Disque / Vietnam) à paraître en 2021.

C’est un printemps où la lenteur se mêle à l’impatience, c’est un printemps où les corps restés longtemps captifs n’aspirent qu’à retrouver la rue à nouveau vivante, les visages souriant à l’ombre des terrasses, les silhouettes dansantes dans la nuit qui descend. C’est un printemps pour se rencontrer et se plaire, et laisser derrière nous ce qui déborde de colère et de haine, c’est un joyeux recommencement. C’est un printemps qui ressemble déjà à l’été où le soleil s’applique à nous réchauffer le cœur et nous piquer les yeux, où le thermomètre affole la température de nos peaux d’un désir caniculaire. C’est une chanson qui s’écoute en boucle, une chanson qui nous tourne autour, une chanson sucrée et obsédante. C’est l’histoire de l’amour qui débarque soudain et qui nous prend par la main et par surprise. C’est beau, c’est si beau, on ne le sait pas encore et pourtant c’est déjà là.  Continuer la lecture de « Providence »

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Le club du samedi soir #1 : Wes Anderson Fan Club

Wes Anderson, « The Darjeeling Unlimited », 2007.

Parce que j’ai toujours voulu être Margot Tenenbaum, son carré blond parfait retenu par une simple barrette, sa micro-robe sous son manteau de fourrure, écrivaine qui pleure dans sa baignoire avec une classe folle. Parce qu’il s’agit d’histoires de familles compliquées et que pour moi aussi, la famille, c’est compliqué. Parce que j’aime retrouver à chaque film cette troupe d’acteurs, ces visages que je connais bien, ni tout à fait les mêmes ni tout à fait ceux des autres. Parce que cette fidélité aux comédiens, le réalisateur la voue aussi à ses compositeurs, Mark Mothersbaugh et Alexandre Desplat, qu’il convoque de film en film. Parce que toutes les chansons figurant au générique démontrent le goût sûr d’un gars sûr, d’ailleurs l’élégance du mec, excusez-moi du peu. Parce que c’est un cinéma dans lequel tous les adultes sont des enfants à qui les enfants montrent le chemin à suivre. Parce que j’ai beaucoup lu Roald Dahl et que je ne m’en lasserai jamais. Parce que c’est un cinéma très écrit et dans lequel l’écrit tient une place essentielle, partout des livres, des notes manuscrites, des lettres, des messages codés, des chapitres et une histoire romanesque. Parce que la voix de Georges Clooney quand il dit autre chose que What else ? Parce que j’ai eu un labrador pendant 14 ans et que j’adore les chiens. Parce que j’ai toujours rêvé de déambuler dans les couloirs d’un palace, où des grooms en tenue à boutons dorés m’accompagneraient dans l’ascenseur et où il y aurait des coffre-forts cachés avec des trésors dedans. Parce que j’ai toujours été un peu amoureuse de Jason Schwartzman. Parce que mes enfants rient aux éclats quand Tilda Swinton déclare : Action Sociale, j’écoute. Parce que ces deux gamins sur la plage, lui avec sa toque en raton-laveur et elle qui transporte son mange-disque dans une valise, s’embrassent pour la première fois avant de se déhancher sur Le Temps de L’Amour. Continuer la lecture de « Le club du samedi soir #1 : Wes Anderson Fan Club »

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I Like 2 Stay Home #34 : Highschool Lovers

Un mix thématique par jour à écouter en temps de confinement.

L’idée m’est venue en parcourant le journal d’adolescente de ma mère, journal que j’ai découvert près de son lit après son décès. J’ai tout d’abord été surprise de trouver ce cahier d’écolière à petits carreaux encore en sa possession, mais surtout à son chevet, comme si ces souvenirs l’avaient accompagnée pendant ses derniers moments. J’y ai découvert la liste des prénoms des amoureux de ma mère au lycée, Bruno, Michel, Pascal, Claude (mon père) … ainsi que le récit de ses premières fois. Autant d’histoires d’amour qui m’étaient inconnues et qui lui appartenaient à elle, dans sa jeunesse. A la lire, il me semble qu’elle évoque un paradis perdu, ce moment où l’insouciance et la légèreté l’emportent sur le réel, ainsi elle écrit : « Comme mon cœur bat fort, comme je suis inquiète aussi … mais peu importe car il fait si beau et je suis si jeune ». Alors que la vie nous apprend souvent que les premières amours ne sont pas toujours les plus intenses, elles ont pour elles l’immense avantage d’être les premières. Continuer la lecture de « I Like 2 Stay Home #34 : Highschool Lovers »

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Hugues Blineau, Le jour où les Beatles se sont séparés (Mediapop Editions)

Beatles Hugues Blineau
Photo : Hugues Blineau via la page facebook du livre

Le 10 avril 1970, je ne suis pas née. Je ne suis même pas encore à l’état de projet pour mon père et ma mère qui, par ailleurs, ne se sont pas encore rencontrés. En avril 1970, ma mère fait l’amour pour la première fois, je le sais car j’ai retrouvé son journal d’adolescente lorsque j’ai vidé son appartement après sa disparition. Le 10 avril 1970, les Beatles se séparent et si je ne suis pas sûre que cette nouvelle perturbe beaucoup ma mère, je suis en revanche certaine que mon père, ses cheveux longs et sa guitare en sont assez peinés, lui qui adorait George Harrison à qui il ressemblait vaguement. Mais de tout cela, je me fiche pas mal, je n’ai jamais été très fan des Beatles, même si comme tout le monde je peux citer un certain nombre de leurs chansons. Il y a celles que je déteste comme Ob-La-Di, Ob-La-Da ou Let It Be, et celles que j’aime beaucoup comme Sexy Sadie ou Come Together, mais il faut bien avouer que je ne me relève pas la nuit pour les écouter. Je me souviens d’avoir entendu les démos du White Album avec un garçon et d’avoir trouvé que Happiness is a warm gun était meilleure ainsi. Mais j’ai aussi souvent discuté avec un autre garçon qui qualifie les Four Guys de baltringues. Et, comme il est du genre persuasif, il a fini par m’en convaincre. Continuer la lecture de « Hugues Blineau, Le jour où les Beatles se sont séparés (Mediapop Editions) »

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I Like 2 Stay Home #14 : En lisant, en écrivant.

Un mix thématique par jour à écouter en temps de confinement.

Depuis quelques temps, nous passons des journées intérieures, confinés en nous-mêmes, à l’écoute du silence de la rue. C’est un silence intrigant, il dilue le temps et inonde les pensées, nous tournons en boucle dans nos quelques mètres carrés, inventant d’ingénieux itinéraires qui nous mènent du lit au canapé, du canapé à la chaise de cuisine, de la chaise de cuisine à la baignoire, de la baignoire au lit. Curieuse épopée que cette vie devenue un voyage immobile. Quelques-uns d’entre nous (beaucoup, oserais-je le souhaiter) en profitent pour revenir à l’écrit, aux mots, au récit. Nous redécouvrons nos bibliothèques, nous sortons peu à peu du Tsundoku, nous entreprenons de rédiger le journal de ces jours du dedans. En lisant, en écrivant, comme le formulait Julien Gracq, nous demeurons vivants. Continuer la lecture de « I Like 2 Stay Home #14 : En lisant, en écrivant. »