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Selectorama : A Girl Called Eddy

Erin Moran / A Girl Called Eddy
Erin Moran / A Girl Called Eddy

C’était il y a quinze ans, pendant l’été – et la saison était plutôt bien choisie : le premier album d’une chanteuse américaine dont le nom d’artiste avait tout pour (me) plaire – A Girl Called Eddy, en clin d’œil même pas dissimulé à A Girl Called Dusty – sortait un premier album formidable de pop vintage. Un album qui devait beaucoup à la période charnière des années 1960 et 1970, aux filles dont le prénom se terminait par le son « i » et au savoir-faire d’un admirateur métamorphosé en producteur, le toujours hautement recommandable Richard Hawley. D’une voix légèrement voilée, Erin Moran chantait avec cette pointe de mélancolie qui rythme si souvent la vie des mélodies jolies comme des cœurs, parfaitement servies par des arrangements d’un autre temps. En dix compositions et une reprise, la jeune femme surgie d’un peu nulle part signait le genre de disque qui allait faire que nos nuits allaient être pendant plusieurs mois plus belles que vos jours. Continuer la lecture de « Selectorama : A Girl Called Eddy »

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Pritchard & Lo, Rendez-Vous Streets (Water Music Records)

Pritchard & LoLe plus étonnant, c’est que ce ne soit pas arrivé avant… Je ne sais vraiment pas comment cela est possible. Comment peut-il se faire que ces deux hommes ne se soient pas retrouvés plus tôt dans le même studio ? Cela pourrait presque relever d’un vaudeville des années 1970 – on imagine bien les scènes, insistant sur le comique de répétition : l’un quitte la pièce au moment même où l’autre fait son entrée. Je crois que nous sommes à peu près tous d’accord : il n’est pas besoin à ce moment de l’histoire de rappeler qui sont Frédéric Lo – le Français – et Bill Pritchard – l’Anglais –, dont les parcours artistiques ressemblent à tout sauf à de longs fleuves tranquilles. Il n’en est pas besoin, certes, mais quand même. Continuer la lecture de « Pritchard & Lo, Rendez-Vous Streets (Water Music Records) »

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Décima Víctima, le crime était parfait

Décima Víctima
Décima Víctima

2019, c’est pour moi une année à placer sous le signe de l’Espagne. Parce que Madrid dans la chaleur étouffante du mois de juillet (“neuf mois d’hiver, trois mois d’enfer”, insiste le dicton), ses musées, son Retiro, le quartier de Malasaña, les verres de Rioja, The Cure à presque minuit ; parce que les retrouvailles avec Joan qui, depuis la dernière fois que l’on s’est vu en chair et en os (plus d’une décennie, je crois), est devenu un personnage clé de la scène indé de là-bas et d’ailleurs aussi ; parce que quelques jours plus tard, l’exposition sur La Movida aux Rencontres photographiques d’Arles, ce mouvement qui pour moi est sans doute mon mouvement punk, celui que j’ai en tout cas vécu au plus près – même en habitant un peu loin. Continuer la lecture de « Décima Víctima, le crime était parfait »

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Tribute à Vaughan Oliver

Vaughan Oliver
Vaughan Oliver / Photo : Luca Giorietto via le site 4AD

Il ne l’a jamais su, il ne le saura jamais mais cet homme-là a changé ma vie. Car cet homme-là était l’une des raisons pour laquelle une dizaine de jeunes gens se sont retrouvés un samedi du mois d’avril 1991 dans un appartement de la rue Boyer-Barret, Paris XIVe, avec pour objectif de pérenniser un fanzine qui avait sorti son numéro 0 quelques semaines plus tôt. Bien évidemment, pour faire le malin et parce que j’étais un peu con, j’avais vite signifié que je préférais la sobriété de Factory à l’exubérance de 4AD – bon, ce n’était pas tout à fait faux mais quand même un peu risible de la part d’un garçon qui chérissait la pochette d’After The Snow de Modern English. Par chance, ni Serge, ni Éric, ni Philippe, ni Jean-Fabien ne m’en ont tenu rigueur… Surtout ce dernier d’ailleurs, qui était l’un des principaux artisans d’une exposition dédiée aux œuvres de 23 Envelope (ou V23), l’agence graphique de Vaughan Oliver, à Nantes, en février 1990. Continuer la lecture de « Tribute à Vaughan Oliver »

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And Also the Trees : Nouvel horizon

Un live en vidéo pour les 40 ans de carrière du groupe anglais

And Also The Trees
And Also The Trees / Photo : Sébastien FD

C’est le 15 mai 1984. C’est le parvis du Zénith à Paris, un mardi soir avec beaucoup de gens en noir. C’est The Cure qui revient deux ans après l’Olympia, l’implosion presque en direct, le renvoi de Simon Gallup, la guérison par des singles pop, la sortie récente d’un nouvel album marqué par la drogue et le psychédélisme. C’est l’excitation palpable du public présent avant que les lumières ne s’éteignent, mais c’est aussi le public qui se pose une vraie question : « Qui en première partie ? » Pour beaucoup, ce doit être And Also The Trees, un groupe anglais dont le nom est parvenu jusqu’aux plus érudits car depuis quatre ans, il est parfois associé à celui de The Cure. Scènes partagées, une cassette confidentielle publiée en 1982 produite par Robert Smith et Mike Hedges, un premier single, paru un an plus tard, et un premier album, sorti en 1984, produit par Lol Tolhurst : ça laisse quand même beaucoup de probabilités. Mais finalement, à 20h30 presque tapantes, c’est la silhouette de Smith qui se dessine dans la pénombre et les lumières blanches de la salle parisienne… Continuer la lecture de « And Also the Trees : Nouvel horizon »

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Playlist : Comateens

Comateens

Alors que le label Tricatel réédite de fort belle manière les trois albums du plus français des groupes américains, petit tour d’horizon du répertoire (et de quelques curiosités) de ce trio américain passé maitre dans l’art d’une pop noire toujours prête à briller sous les boules à facettes.

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Comateens : Manhattan Transfert

Comateens
Comateens

C’est l’histoire de la France, terre d’asile. C’est l’histoire d’artistes dont l’Hexagone s’entiche, dans la foulée de journalistes et de chanteurs frenchy but chic. C’est une histoire qui commence à New York, à la toute fin des années 1970. C’est le New York de tous les possibles, le New York des quartiers où on ne fout pas les pieds, le New York des Guerriers de la Nuit, le New York où l’on croise des (plus ou moins) jeunes gens inspirés par Rimbaud, Warhol, Genet, Verlaine, Godard, Kerouac, le Velvet, Ginsberg, Roxy, Truffaut, Bowie… C’est le New York de Patti, Debbie, Basquiat, de la no-wave, de la disco qui fait battre les corps, des jeunes femmes qui se rêvent stars, d’artistes qui s’exposent dans les rues… C’est 1978. L’automne. Nicholas, né Dembling, se surnomme North et s’acoquine avec Ramona Jan pour explorer un rock ascétique, une pop minimaliste. Ils enregistrent quelques originaux, une reprise d’un morceau de Bowie, font appel à un batteur mais lui préfèrent les services d’une boite à rythmes – oui, comme Suicide. C’est alors que Lyn Byrd (née Billman) entre en jeu, une jeune femme qui cultive le mystère derrière ses Wayfarer : elle gère ladite boite sur scène puis se glisse derrière un synthétiseur. Il y a un single autoproduit, une apparition sur une compilation qui eut son quart d’heure de gloire, Marty Thau Presents 2 x 5 (cinq groupes chantent deux chansons chacun, simple à comprendre) et dont le sous-titre était sans équivoque : New York – New Wave. Et puis, Ramona décide de partir alors que le couple – à la scène mais aussi à la ville – accueille en avril 1980 le petit frère de Nic à la guitare, le prénommé Oliver. Continuer la lecture de « Comateens : Manhattan Transfert »

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The Style Council, Our Favourite Shop (Polydor)

The Style Council, Our Favourite ShopLorsqu’en 1982 Paul Weller décide de saborder The Jam alors au sommet de sa gloire, il laisse une nation orpheline. Car depuis la toute fin des années 1970, il est bien plus qu’une simple pop star. Il est devenu, même s’il aime à s’en défendre, le porte-parole de toute une génération. Lui seul est parvenu à ce point à traduire un quotidien morose pour mieux le transcender. Engagé, exalté, il est un jeune homme modèle et respecté. Pour ses chansons. Ses opinions. Ses prises de position. Il incarne le mythe de celui qui a réussi, un working class hero auquel tout le monde rêve de ressembler. Mais c’est avec suspicion que l’on guette outre-Manche la suite de ses aventures. D’autant que le principal intéressé clame haut et fort qu’il veut donner libre cours à de nouvelles aspirations. Que traduit le nom qu’il a choisi pour tenter de les concrétiser, The Style Council, un nom à des années lumières de ses origines prolétaires… Continuer la lecture de « The Style Council, Our Favourite Shop (Polydor) »