Living Torch, son précédent disque paru en 2022 , nous avait définitivement convaincu de l’importance de l’œuvre de Kali Malone. Sa prestation au festival Akousma x Présences électronique en 2021 aussi, impressionnante par sa manière de s’approprier le double héritage des musiques électro-acoustiques et du minimalisme drone. Une inscription revendiquée au sein d’une filiation précisément déterminée : on pense à La Monte Young évidemment, mais aussi à Eliane Radigue et Phill Niblock, comme trois figures matricielles d’un travail autour du son et de son étirement temporel. Et c’est ce qui frappe lorsque l’on aborde les pièces de la compositrice et musiciennes américaine, aujourd’hui établie entre la Suède et la France, à savoir la radicalité d’une approche visant une certaine sensibilité méditative. Continuer la lecture de « Kali Malone, Stephen O’Malley et Lucy Railton, Does Spring Hide Its Joy (Ideologic Organ) »
Catégories interview
Benjamin Woods (The Golden Dregs) : « J’ai détesté la plupart des moments que j’ai passés à écrire cet album »

Combien de points sont-ils nécessaires pour parvenir à esquisser une trajectoire ? A observer la discographie aux courbes incertaines esquissée depuis ses débuts en 2018 par Benjamin Woods – alias The Golden Dregs – les évidences de la géométrie semblent, dans son cas, largement remises en cause par les voltes musicales déroutantes. Un premier album presque garage-rock, un second un peu plus personnel et plus original mais toujours tourné vers l’Amérique et ses mythes. On a beau les réécouter depuis le troisième point de fuite provisoire : on n’y trouve pas grand-chose qui contribuerait à inscrire On Grace & Dignity dans la continuité linéaire de ces débuts prometteurs mais encore tâtonnants. Les guitares acerbes ont largement cédé la place aux claviers moelleux. Seule la voix, peut-être, demeure. Ces murmures de barytons qui donnent chair à des récits précis et incarnés, comme autant de petites nouvelles rescapées d’un voyage à rebrousse-temps. En 2020, Woods est retourné vivre chez ses parents, en Cornouailles, et tout a changé. Continuer la lecture de « Benjamin Woods (The Golden Dregs) : « J’ai détesté la plupart des moments que j’ai passés à écrire cet album » »
Catégories borne d'écoute
Eternal Dust relie le passé et le présent avec grâce

En pleine pandémie, un camarade Australien m’envoie le lien d’un nouveau groupe récemment formé à Sydney. Après une cassette éponyme sortie fin 2020 dont on vous conseille l’écoute, Eternal Dust sortira le 17 Février son premier album Spiritual Healers , Defence Lawyers chez Lulu’s, le très recommandable disquaire de Melbourne, mais également label de qualité, puisqu’ils sont à l’origine des dernières sorties des passionnants Exek ou Low Life. Candy, excellent premier single, invoque le passé tout en étant inscrit dans le présent, et, certainement influencé par Felt (entre autres), emmènera l’auditeur.ices sur un terrain brumeux.
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Catégories chronique nouveauté
Forever Pavot, L’Idiophone (Born Bad Records)
Mine de rien, cela faisait six longues années qu’Émile Sornin ne nous avait pas donné de nouvelles sous la forme d’un long format. Après Rhapsode en 2014, un début tonitruant, Forever Pavot revenait trois ans plus tard avec l’excellent et plutôt intrigant La Pantoufle. L’Idiophone, publié ces jours-ci (le 3 février 2023 pour être précis), chez Born Bad (Bryan’s Magic Tears, Star Feminine Band, Pleasure Principle …), semble formé le troisième jalon d’une trilogie. Depuis Le Passeur d’Armes, les obsessions de Forever Pavot pour les bandes originales françaises des années 60/70 se sont précisées. Il y a du François de Roubaix, du Michel Legrand, peut être même du Vladimir Cosma là-dessous. Continuer la lecture de « Forever Pavot, L’Idiophone (Born Bad Records) »
Catégories mardi oldie
Ride, Carnival Of Light (Creation, 1994)
C’est un disque peu remarquable à l’époque, enfin si, mais pour de mauvaises raisons, et d’ailleurs de concert, nous le détestons d’emblée. C’est peut-être la première fois qu’un groupe de notre génération veut grandir plus vite que nous, aller puiser dans les ornières du passé des choses dont nous n’avons pas immédiatement envie. Putain, le premier single (Birdman, rétrospectivement un chef d’œuvre) dure plus de huit minutes et pis que tout il y a Jon Lord de Deep Purple au clavier sur le premier morceau. Comment ont-ils pu nous faire ça, les salauds ? Comment Ride, le teen pop band, le My Bloody Valentine pour puceaux, ont-ils pu (nous) faire ce truc qui portera à conséquence ? Pourquoi ? ! Continuer la lecture de « Ride, Carnival Of Light (Creation, 1994) »
Catégories chronique nouveauté
The Tubs, Dead Meat (Trouble In Mind)
Attendions-nous quelque chose de Dead Meat, le premier album de The Tubs ? La réponse est non. Il y a encore quelques semaines, nous ne connaissions pas ce groupe londonien formé sur les cendres de feu Joanna Gruesome et signé depuis peu chez les chicagoans Trouble In Mind Records. (Lithics, Dummy, Melenas, En Attendant Ana). Est-ce que ce premier album donne toute satisfaction ? La réponse est oui, un grand oui même. Et c’est une grande surprise car la rencontre avec les chansons de ces quatre mousquetaires n’était pas évidente. Il faut en effet d’abord franchir la (mauvaise) surprise que constitue la pochette de ce disque. Cette dernière a le chic de refroidir toutes les personnes qui avaient des a priori sympathiques à propos du groupe. Une fois franchi ce cap, c’est la terre promise. En effet, les Tubs sont de vrais carnassiers, des hyènes musicales qui braconnent sur toutes les terres. Un peu de Commotions par ici, un peu de l’épatante compilation Strum & Thrum par là… Et surtout des guitares partout. Pour un résultat plus que maitrisé. Continuer la lecture de « The Tubs, Dead Meat (Trouble In Mind) »
Catégories climats
Climats #41 : Sam Burton, Colm Tóibín

Peut-on écouter Tom Verlaine en imaginant nos prochaines longues journées d’été ? Et The Jam sans vouloir danser – c’est possible ?
Climats met en avant disques et livres selon les aléas de la météo.
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Catégories borne d'écoute
Le retour du Roi
Le Roi, c’est l’étonnant duo qui réunit deux musiciens proches et qui ont commencé en même temps, croisant dans les mêmes eaux de l’ouest de la France. A ma droite, le poids lourd désormais, Katerine, tant aimé et qui, à force de comédies populaires au cinéma, pourrait facilement postuler à la personnalité préférée des Français, à mi-chemin entre Yannick Noah et Jean-Luc Godard. A ma gauche, un musicien plutôt de l’ombre, pointu, le culte Pierre Bondu, à qui K renvoie une sorte d’ascenseur amical, on l’imagine : ne jamais oublier ceux qui vous sont proches, faire profiter son entourage d’un peu plus de lumière, c’est sans doute les premiers commandements de la vie appliqués par n’importe quelle vedette plus intelligente et sensible qu’égocentrique. Continuer la lecture de « Le retour du Roi »