Dans les arcanes du laboratoire expérimental de Veik

Thibault Jehanne et le trio Veik
Thibault Jehanne et le trio Veik

Il y a toujours une forme de fascination envers le processus créatif d’un artiste. Un questionnement permanent quant à ses sources d’inspiration, son cadre de travail ou ses modalités de création. Nous ne connaissons finalement la plupart du temps que le projet final, la face visible de l’iceberg. A Caen, le trio Veik a choisi de présenter les choses à l’envers. En amont d’une nouvelle production à venir, ils ont collaboré à la fois avec l’artiste sonore et plasticien Thibault Jehanne, et le vidéaste et photographe Mathieu Lion. Le résultat est un documentaire de 33 minutes (à visionner ci-dessous) en forme de plongée immersive dans leur travail collectif, d’où émerge à la fois la captation de son, la création de pédales d’effets, et leur utilisation dans la composition de nouveaux titres.

Boris Collet, Adrien Legrand et Vincent Condominas ont commencé à travailler ensemble aux alentours de 2016. Entre structures électroniques et dérives cosmiques souvent associées à l’école Krautrock pour leur aspect répétitif, le propos est froid, le contexte déjà expérimental. Le premier mode de diffusion de leur musique est la cassette, qu’ils utiliseront trois fois (From Madness To Nomadeness, Maïdan / I7LI et Vocational Exploration And Insight Kit) entre 2016 et 2019. Tour de force en 2021 avec la publication d’un premier album chez les anglais Fuzz Club : l’album scelle le pacte cold wave / kraut et convainc médias et public. Surrounding Structures sera joué tout le long de l’été et l’année suivante dans un très grand nombre de salles. Depuis, la réédition vinyle de leurs premiers travaux leur ont donné le temps de réfléchir à de nouveaux projets.

Veik dans l’ancienne maternité du CHR de Caen.
Veik dans l’ancienne maternité du CHR de Caen.

Faire résonner est un travail à la croisée des chemins entre trois artistes. Le point de départ du travail se situe dans l’ancienne maternité du CHR de Caen, peu avant sa démolition en octobre 2021. L’artiste Thibault Jehanne les aide à collecter la mémoire sonore du bâtiment dans plusieurs lieux. Grâce aux réverbérations sonores sur les murs en béton, les fenêtres en verre, la cour du bâtiment ou le toit, ils tracent une cartographie du lieu à travers des enregistrements précis, qu’ils utiliseront pour la création de pédales d’effets intégrés à leur musique, afin de modifier le son original de la guitare ou de la basse. Trois lieux seront finalement choisis pour leur acoustique : la galerie, la chambre jaune et le toit.

Les trois pédales d'effets créés par Veik et Thibaut Jheanne.
Les trois pédales d’effets créés par Veik et Thibaut Jheanne.

Mathieu Lion a capturé ces instants précieux, ou l’on découvre le groupe et l’artiste à la recherche de ces sonorités qui donneront lieu à la création de ces trois pédales d’effet. Parcours au casque et micro dans les lieux vides où la naissance était jadis au cœur du sujet, et renaissance de cette maternité à travers la son atmosphère sonore. Dans Faire résonner, il suit Thibaut Jehanne et Veik du début à la fin de cette histoire, au moment où ils interprètent un nouveau titre devant le bâtiment en cours de démolition. Un étonnant processus qui boucle un cycle de vie, comme la métaphore du processus créatif de l’artiste lui-même.

Veik et Mathieu Lion
Veik et Mathieu Lion dans la dernière scène du film, où le groupe joue devant le bâtiment en train de disparaître.

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