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Opal, Happy Nightmare Baby (SST Records, 1987)

Les rêves sont tissés du même fil que les cauchemars ; David Roback et Kendra Smith ont dû en éprouver la joie et la douleur conjointe pour écrire, composer et chanter ce titre sombre et énigmatique. Happy Nightmare Baby est une balade entêtante douce-amère où se mêlent la voix rocailleuse et suave de Kendra Smith, la guitare confuse et ralentie de David Roback et un clavier lancinant et spectral qui définira bientôt le style néo-psychédélique californien de Mazzy Star. Étonnante cantilène ressurgie de ma mémoire à l’annonce du troisième épisode de liberté conditionnelle… Continuer la lecture de « Opal, Happy Nightmare Baby (SST Records, 1987) »

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Henri Salvador, Homme Studio 1970-1975 (Born Bad Records)

Après deux compilations dédiées à Pierre Vassiliu (Face B et En Voyages), le label Born Bad et le musicien Guido Cesarsky (Acid Arab) s’attaque à un autre monument inattendu de la chanson française : Henri Salvador. Trésor bien gardé de la production francophone des années 60/70, la bien nommée Homme Studio apporte un éclairage nécessaire sur l’œuvre d’un des musiciens les plus iconoclastes de son époque. Déjà quarantenaire et sacrément expérimenté au moment de l’explosion yéyé du début des années soixante, Henri Salvador navigue dans les décennies avec un recul que n’ont pas toujours ses contemporains. Continuer la lecture de « Henri Salvador, Homme Studio 1970-1975 (Born Bad Records) »

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The Keys, Unlocked (Flash Bang Records)

The Keys, Unlocked (Flash Bang Records)C’est bien connu, les révolutions présentent entre autres avantages d’offrir parfois une seconde virginité aux ringards les plus anonymes et de faire table rase du passé pour mieux effacer les casiers musicaux les plus chargés. À l’instar de bon nombre de leurs compatriotes britanniques – Elvis Costello, The Stranglers, The Only Ones ou même Joe Strummer –, les membres de The Keys ne présentent que bien peu de traits communs avec les jeunes perdreaux de l’année 1977. Qu’à cela ne tienne ! Une bonne coupe de cheveu – en témoigne la banane de compétition arborée sur la pochette par le chanteur et bassiste Drew Barfield – suivie d’un bref lifting musical et les hippies, les ex-fans de rock progressif ou les pub rockers d’hier retrouvent en un clin d’œil une seconde jeunesse. Continuer la lecture de « The Keys, Unlocked (Flash Bang Records) »

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The Zombies, Odessey And Oracle (CBS, 1968)

L’ histoire est écrite par les vainqueurs ; cependant, les passionnés de musique et les journalistes tentent parfois de réparer les plus criantes injustices, de donner un peu de place aux perdants magnifiques. Parmi les plus connus, Odessey And Oracle est un cas d’école : un groupe qui part en lambeaux, un label guère motivé à pousser le disque, un album peut-être trop mignon pour une époque marquée par la révolution sociale et culturelle (Mai 68, l’opposition à la guerre du Viêt-Nam). La trajectoire de The Zombies aurait pu être très différente. Groupe surdoué originaire de St Albans, à 35 km de Londres, la carrière de la formation démarre sous des cieux cléments. Après avoir gagné un concours de talents, le groupe signe avec le label Decca. Continuer la lecture de « The Zombies, Odessey And Oracle (CBS, 1968) »

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The Band Of Holy Joy, More Tales From The City (Flim Flam, 1987)

Tout ça avait été orchestré à mon insu mais j’aurais eu bon dos de m’en plaindre. Nick Currie avait ce soir-là débarqué à l’improviste à la maison, histoire de piocher dans le rituel chili con carne communautaire concocté par Valentine. C’était, en février 1988, le lendemain ou le surlendemain du concert de Momus au Rex Club, où The Beloved avait ouvert, palliant au pied levé la désaffection de Biff Bang Pow! (cette tête de lard d’Alan McGee avait encore dû, à l’instar du cahoteux van de tournée, pété une durite). Continuer la lecture de « The Band Of Holy Joy, More Tales From The City (Flim Flam, 1987) »

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Eliane Radigue, Trilogie de la mort 1988-1993 (Experimental Intermedia)

Eliane Radigue
Eliane Radigue

Invisible habitant l’invisible
Philippe Jaccottet

Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre
Paul Verlaine

C’est Éliane Radigue elle-même qui le dit (*) : « L’écoute est une chose merveilleuse. »
Toute la littérature qui s’accumule sur et autour de l’œuvre d’Éliane Radigue ne peut exonérer de l’expérience fondatrice, originelle, improbable de l’écoute de son œuvre. Il est préférable de commencer par là, même si on sait que la curiosité sera motivée par tel ou tel passeur, tel ou tel passage, qu’elle sera donc nourrie de biais, d’idées, d’une certaine idée de soi aussi – si légère soit-elle, cette idée de soi, croisée avec un certain désœuvrement, sera ce qui permettra de lancer la première écoute de Kyema, le premier des trois morceaux qui forment la Trilogie de la mort. Continuer la lecture de « Eliane Radigue, Trilogie de la mort 1988-1993 (Experimental Intermedia) »

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V/A, Nuggets (Elektra, 1972)

Sous-titrée Original Artyfacts from the First Psychedelic Era 1965-1968, la compilation Nuggets fut, malgré un tirage modeste, une véritable révolution. Éditer de la musique publiée une demie-douzaine d’années plus tôt n’avait rien d’une évidence au début des années soixante-dix, âge d’or du rock. Le concept de réédition était alors nouveau et peu développé. Il existe cependant quelques précédents. Au milieu des années soixante, le disc-jockey de Pittsburgh, Mad Mike (à ne pas confondre avec celui de Detroit) édita la série Mad Mike Moldies, s’intéressant déjà à des morceaux passés inaperçus et plus tout à fait contemporains. En 1969, Preflyte documenta les débuts des Byrds, avant leur premier album. Continuer la lecture de « V/A, Nuggets (Elektra, 1972) »

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Marc Almond & La Magia, The Stars We Are (Strike Force entertainment / Cherry Red)

Marc Almond
Marc Almond

Du précédent et bien nommé Mother Fist And Her Five Daughters (1987), nous avions un souvenir biaisé, évoquant les bas fonds barcelonais, le stupre (toujours, oui) et une atmosphère à la fois feutrée et vaguement angoissante. Suite à une dithyrambe bien sentie de Bayon dans Libé, nous rentrions enfin de plain-pied dans un disque solo de Marc Almond, et le réécouter aujourd’hui (pourquoi se gêner, hein) nous constatons ébahis que la veuve poignet n’était pas si honteuse et étouffante que ça. Bien que jouant encore sur sa fibre méditerranéenne, Almond y met déjà beaucoup plus de lumière qu’à l’accoutumée. Mais rien ne nous préparait alors à la luxuriance du suivant, le parfaitement intitulé The Stars We Are (1988), richement réédité ces jours-ci via Cherry Red. Ici, fini les caves sombres du Barrio Chino, tout y est excessif, merveilleusement troussé, en un mot : fabuleux. Fini la bamboche, bienvenue à Las Vegas. Qu’Almond quitte alors Virgin pour Parlophone, tout en gardant ses attaches chez Some Bizzare, ne doit pas être étranger à cette débauche absolue de lyrisme, d’intensité et de lumière. Si sur son successeur Enchanted (1990*) le beau Marc s’étouffe parfois sous les paillettes et le régime chantilly y amarena, le strass est ici alors à une dose parfaitement maîtrisée, excessive mais juste, le glaçage est toujours épais mais encore digeste.  Continuer la lecture de « Marc Almond & La Magia, The Stars We Are (Strike Force entertainment / Cherry Red) »