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Puce Moment, O.R.G. (Vert Pituite La Belle)

Puce MomentLa démarche de Puce Moment s’inscrit dans un truc très spécial : et je dois bien avouer que je n’ai pas forcément les armes adéquates pour mettre en perspective le résultat de leurs recherches musicales. Donc, pour ne pas raconter trop d’idioties, j’ai potassé, comme un étudiant bûcheur, le très complet travail d’accompagnement du label Vert Pituite La Belle qui œuvre dans des marges assez peu visibles et difficilement classables (musiques expérimentales, improvisées, chansons réalistes…). Pour poser les choses, il s’agit, d’un côté, de Puce Moment, donc, duo de compositeurs au nom à priori inspiré d’un court-métrage de 6 minutes réalisé par Kenneth Anger en 1949, plutôt portés vers l’art contemporain et les pratiques dites transversales (théâtres, images, création scénique…) et, de l’autre, des fameux orgues mécaniques, connus dans le Nord de la France (en Belgique, en Suisse et aux Pays-Bas aussi), qui fonctionnent avec des cartes perforées et qui mettent l’ambiance dans des cafés reconnus, où l’on danse de 16 à 22 heures le dimanche. Continuer la lecture de « Puce Moment, O.R.G. (Vert Pituite La Belle) »

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Corte Real, Pays Vaincus (La Souterraine)

Corte RealIl est toujours facile de moquer les tops et autres listes de préférences qui fleurissent chaque fin d’année, quand on est toujours sûrs de ses goûts bien arrêtés, que rien, ni personne, ne pourra jamais bousculer. C’est un peu l’inverse chez moi, la musique restant pour toujours ce matériau bien mystérieux, comme des sables mouvants sur lesquels j’avance continûment et imprudemment, au risque d’être aspiré ici ou là, sans crier gare… Mon cœur d’artichaut, baigné de ce spleen de fin d’année, n’attendait que ça : être englouti, à quelques heures du minuit fatal, par le très beau disque de Corto Real, repéré, entre autres, dans le top de Baptiste W. Hamon pour les amis de Pop News, Pays vaincus. Continuer la lecture de « Corte Real, Pays Vaincus (La Souterraine) »

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Sinaïve, Tabula Rasa EP (autoproduit)

Sinaïve, Tabula RasaDifficile de garder son calme et de ne pas s’enflammer pour un groupe si jeune : deux petits EP au compteur, Poptones  en 2018 et Tabula Rasa en novembre, auto-publiés via Bandcamp, qui rassemblent en huit plages plusieurs de nos obsessions. Les chansons du trio strasbourgeois se situent dans une certaine orthodoxie psychédélique (plutôt le flash blanc que les fleurs multicolores, d’ailleurs) de Bo Diddley au Spacemen 3 en passant par le Velvet Underground, en y intégrant une belle part du blues des jeunes urbains des années 90, de MBV (Sciences de la rêverie  et ses nappes de guitares grasses et apaisées ou Vilain, Vilain propulsée par une rythmique souterraine mais absolument efficace) à Slowdive ou le Ride des débuts, et toutes les nouvelles générations nées à l’écoute des films de Gregg Araki dans les années 2000. Elles s’inscrivent aussi, et c’est dans cet aboutissement précoce que mon enthousiasme devient débordant, dans une lignée de groupes français notamment des années 80 (Les Calamités, Gamine, Dominic Sonic…) qui alliaient la préciosité d’un savoir encyclopédique (sur les Byrds, les Stooges) avec une volonté empirique d’y frotter des mots d’ici, qui racontent le présent, en version originale, de cette jeunesse-là. Continuer la lecture de « Sinaïve, Tabula Rasa EP (autoproduit) »

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Kcidy, Kcidy a dit (Another Record, Le Confort Moderne, Le Pop Club Records)

Kcidy, Kcidy a ditLe disque de commande, ou plus précisément de résidence pourrait devenir un genre à part entière dans les prochaines années. Plutôt réservée aux arts plastiques, aux vidéastes ou aux écrivains, la résidence est devenue en effet un moyen pour les musiciens de préparer des concerts ou de futurs enregistrements dans de bonnes conditions. Ce glissement témoigne, d’un côté, de la nécessité pour les groupes de trouver des moyens de subsistance complémentaires aux concerts et à la vente de disque et de l’autre, de la nécessité pour les institutions (les fameuses SMAC notamment) de se diversifier et de rendre visible leurs actions auprès de leurs tutelles, communales ou régionales. Voilà pour la tambouille. Continuer la lecture de « Kcidy, Kcidy a dit (Another Record, Le Confort Moderne, Le Pop Club Records) »

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Papivole #9, Mon histoire avec la presse musicale, 1978-2018 : Emmanuelle Debaussart et Best

Emmaunelle Debaussart / Photo : Richard Bellia
Emmaunelle Debaussart / Photo : Richard Bellia

Dans les années 80, mon grand frère, Eric, conservait dans sa chambre tous les périodiques, achetés par mon père, mois après mois. Il y avait des piles de magazines pour adultes (et adolescents) sur ses étagères : de la bande-dessinée (beaucoup : (À suivre), Métal Hurlant, Pilote, Charlie Mensuel, Fluide Glacial…), de la photo (Photo, La revue de la photo), des trucs érotiques (Lui surtout, quelques Absolu) et de la musique évidemment : Rock’n’Folk depuis la fin des années 70 et son grand rival, Best. Pour la presse musicale, il y avait un rituel destructeur, chaque fin d’année. Afin de gagner de la place (nous vivions dans un appartement à la surface limitée, déjà mangée par les milliers de livres de mon père), mon frère entreprenait de ne conserver que les pages qui l’intéressaient et il entamait chaque mois de décembre un grand découpage, arrachage, déchirage des revues « rock ». Continuer la lecture de « Papivole #9, Mon histoire avec la presse musicale, 1978-2018 : Emmanuelle Debaussart et Best »

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Selectorama : Stephen Duffy

Stephen Duffy
Stephen Duffy et son petit gilet léopard Paul Smith en 1985 / Photo : Chris Duffy

Cet été, tandis que BMG annonçait la venue d’un nouvel album de The Lilac Time (Return To Us, sorti il y a un mois à peine), je me suis replongé comme tous les deux ou trois ans dans la discographie éclatée de Stephen Duffy, songwriter britannique à l’ancienne, un peu perdu dans le monde contemporain. C’est pourtant en s’accrochant à la modernité pop synthétique qu’il toucha du doigt le succès que beau nombre de ses contemporains n’ont fait que fantasmer au final. Sans doute pour mieux retourner à un terroir qu’il fantasmait à son tour (mais pas tant que ça, héritage familial, tout ça) : instruments acoustiques, maison perdue dans la campagne, veste de tweed et Clarks aux pieds… C’est ensuite en yo-yo qu’il bâtit sa carrière, entre voyages initiatiques aux États-Unis ou contrat d’homme de l’ombre pour chanteur à succès (Robbie Williams) pour toujours revenir à sa famille originelle, près de son frère Nick Duffy, fondateur des Lilac Time. Continuer la lecture de « Selectorama : Stephen Duffy »

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Maison Neuve, Vivi (Sauvage Records)

« Nos rêves ont expiré comme nos poèmes de lycée »

Derrière ses allures de gentleman doux et courtois, Guillaume Faure dissimule une âme sombre et tourmentée qu’il apaise en enregistrant inlassablement des disques depuis une vingtaine d’années sous le nom de Maison Neuve, qui recouvre aussi un groupe, garde rapprochée de ses obsessions. Je l’avais rencontré au milieu des années 2000, en invité surprise de Lispector pour un concert que nous avions organisé pour elle à Strasbourg. Guillaume, emmitouflé dans un long manteau noir en laine, avait joué un set tout simple avec sa guitare acoustique aux cordes de nylon. C’est encore avec Lispector qu’il explore le format étrange de split album en 2006, puis fait paraître via Talitres son album Joan en 2011. Continuer la lecture de « Maison Neuve, Vivi (Sauvage Records) »

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Playlist : Autour de Peter Astor

Peter Astor
Peter Astor

Peter Astor a toujours été pour moi synonyme de douceur, qu’il fait rimer souvent avec douleur, il faut bien le dire : douleur de la séparation, de la solitude, de la dépression sans doute. Ce garçon conjugue ses bonnes manières de gentleman à une distance, presque une froideur, toute germanique, racines qu’il ne manque jamais de rappeler. C’est dans The Loft et surtout aux commandes des Weather Prophets que j’ai découvert Peter Astor, quand il traduisait en anglais les grands désordres américains, en menant à travers quelques disques quasi parfaits une exploration fantasmée des grands terroirs de l’autre côté de l’Atlantique : les guitares new-yorkaises, du Velvet ou de Television, le garage du Middle West ou la pop californienne, toutes redécorées de ce blues de la Tamise, de crachin, de patine veloutée. Continuer la lecture de « Playlist : Autour de Peter Astor »