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#31 : Palace, Gezundheit (Hausmusik, 1995)

Palace, royal au bar.
Palace, royal au bar.

Prost, cheers, saúde, na zdrowie, kanpai, salud, santé, Gesundheit.

Même en multipliant les locutions étrangères pour faire la nique aux partisans de la fermeture des frontières, trinquer seul depuis 33 jours n’est paradoxalement pas le meilleur moyen de lever le pied sur la picole. Si les amis imaginaires sont depuis longtemps remisés dans les placards de l’enfance, toute une confrérie de buveurs descend régulièrement de la bibliothèque pour s’inviter à la table et me tenir compagnie. Le consul Geoffrey furète à la recherche d’une bouteille de mezcal, René propose de rhabiller les gosses pour la énième fois, déjà Charles s’est endormi. Continuer la lecture de « #31 : Palace, Gezundheit (Hausmusik, 1995) »

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#30 : The Danse Society, 2000 Light Years From Home (Society Records, Arista, 1984)

The Danse Society, ombres et lumière.
The Danse Society, ombres et lumière.

Je lorgne sur certaines des listes de confinement qu’on a bien voulu me communiquer. Ad Astra, First Man, The Right Stuff (L’étoffe des héros), l’immarcescible 2001 : A Space Odyssey. Notre besoin d’évasion est impossible à rassasier – et nous pousse à maladroitement singer Stig Dagerman. Amusant comment toutes ces histoires de conquête de l’espace convoquent la claustration comme condition sine qua non. D’autres relisent Voyage autour de ma chambre, de Xavier De Maistre, et l’adoptent comme vade-mecum pour la période repliée. Ca vaut toujours mieux que Les Carnets du sous-sol, me direz-vous. Continuer la lecture de « #30 : The Danse Society, 2000 Light Years From Home (Society Records, Arista, 1984) »

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#29 : Sparks, This Cannes Ain’t Big Enough For Both Of Us (Island Records, 1974)

Sparks, daltoniens sur tapis rouge.
Sparks, daltoniens sur tapis rouge.

Russel Mael ne descendra pas au Carlton. Ron Mael ne jouera pas de son Roland anagrammé Ronald sur la place de la Castre. Les Sparks ne monteront pas les marches sous les vivats, et on s’en désole.
Pas plus qu’en mai, Cannes 2020 n’aura lieu fin juin – début juillet comme l’appelait de ses vœux Thierry Frémaux, le délégué général du festival. Depuis lundi soir la plupart des festivals qui devaient se tenir cet été, dont celui d’Avignon, ont annoncé leur annulation. De même que les sélections parallèles cannoises, Quinzaine des Réalisateurs, Semaine de la Critique, et ACID qui ont de concert plié les gaules. Mais pas Thierry Frémaux, qui s’entête, résiste, s’arc-boute pour trouver une solution, même s’il concédait mardi dans un communiqué qu’ « il apparaît désormais difficile de penser que le Festival de Cannes puisse être organisé cette année sous sa forme initiale ». Ayant balayé toute option d’un Cannes virtuel sur écran d’ordi, il lui faut trouver une forme inédite pour faire « exister les films de Cannes 2020 d’une manière ou d’une autre », et aussi veiller, même s’il se défendra de l’avouer, à ne pas se laisser tondre la laine sur le dos par Alberto Barbera et la Mostra de Venise – qui doit, sauf contre-indication, se tenir du 2 au 12 septembre. Continuer la lecture de « #29 : Sparks, This Cannes Ain’t Big Enough For Both Of Us (Island Records, 1974) »

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#28 : The Make-Up, Free Arthur Lee (K, 1997)

The Make-Up, behind the bars.
The Make-Up, behind the bars.
They’re locking them up today
They’re throwing away the key
I wonder who it’ll be tomorrow, you or me ?
We’re all normal and we want our freedom
Freedom, freedom, freedom, freedom, freedom
I Want my freedom
(Love, The Red Telephone)

 

A l’été 1984, je suis à un tout petit point d’échouer au bac. Sommé de justifier cette piètre performance, je me garde bien de pointer les coupables et de les offrir à la vindicte parentale : dans la cellule familiale, Arthur Lee et les frères Head sont encore, plus pour très longtemps, des secrets bien gardés. Continuer la lecture de « #28 : The Make-Up, Free Arthur Lee (K, 1997) »

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#27 : Dinosaur Jr., Just Like Heaven (SST Records / Blast First, 1989)

Dinosaur Jr., les graviers du paradis.
Dinosaur Jr., les graviers du paradis.

Quand demain, si loin si proche, commencera-t-il ? La question du déconfinement, du lent retour vers le dehors, des premiers pas ensemble dans un monde ni tout à fait le même ni tout à fait un autre, de la fin pour certains d’un cycle proprement infernal, cette question se pose chaque jour avec plus d’insistance. Et ce n’est pas l’allocution hier soir de Emmanuel M. qui va nous mettre du baume au cœur. En dehors de cette date, forcément flottante, du 11 mai, une autre question va suivre, plus prégnante encore : et après ? Continuer la lecture de « #27 : Dinosaur Jr., Just Like Heaven (SST Records / Blast First, 1989) »

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#26 : Nicky & The Dots, Never Been So Stuck (Small Wonder Records, 1979)

Nicky & The Dots, au coin.
Nicky & The Dots, au coin.

Never Been So Stuck, coincé comme jamais. Un condensé de frustration, et cette morgue punk qui s’autorise à se moucher sans précautions dans la catastrophe qui vient.
En ce weekend pascal où je m’étais fait sonner les matines pour non respect des règles élémentaires de l’harmonie domestique, où j’avais haussé la voix plus qu’il n’en faut, attisant les braises de la discorde là où il eût mieux fallu la queue basse éteindre l’incendie, j’en revenais aux préceptes fondamentaux du less is more. Faire court ferait du bien à tout le monde, et à vous en premier lieu. Continuer la lecture de « #26 : Nicky & The Dots, Never Been So Stuck (Small Wonder Records, 1979) »

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#25 : Stereolab, Stunning Debut Album (Duophonic Super 45’s, 1991)

Stereolab, Mispress Gloubiboulga.
Stereolab, Mispress Gloubiboulga.

Je portais un t-shirt Stereolab, orange sur fond vert, le jour où j’ai manqué me jeter dans la Seine.
C’était un 1er mai, et c’était un dimanche aussi. C’était une journée splendide, baigné d’un soleil radieux, du peu que je pouvais en voir par intermittence humide. Je travaillais en sous-sol à la réalisation d’un générique pour un programme télévisé, avec Frédéric, le monteur, aujourd’hui disparu, emporté trop tôt par une maladie qui ces derniers temps se rappelle un peu trop souvent à mon souvenir. Toutes les heures je sortais dans la rue déserte, pas pour fumer, non (à l’époque on clopait comme des cosaques dans les salles de montage) mais pour masquer ou tenter d’endiguer le flot des larmes. Je vivais alors le pic (on ne parlait pas encore de plateau) d’une grosse déprime d’origine inconnue – je n’osais alors, et n’oserai point encore, employer le terme de dépression, mais c’est bien là juste une question de vocabulaire – intervenue quelques mois auparavant. C’est Ayrton Senna qui m’a sorti de là. Continuer la lecture de « #25 : Stereolab, Stunning Debut Album (Duophonic Super 45’s, 1991) »

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#24 : The Dentists, Strawberries Are Growing In My Garden (And It’s Wintertime) (Spruck Records, 1985)

The Dentists, en attendant la fraise.
The Dentists, en attendant la fraise.

Anton avait téléchargé le nouvel album des Strokes. L’étape attendue d’une affection discrète mais tenace dont l’origine, le quand comme le comment, restait à déterminer. Sa mère et moi n’y étions pour rien, ni apparemment aucun de ses camarades de classes (on dit bro, contre-attaqua son frère). Bon. Pas de quoi en développer un zona, ça valait toujours mieux que Darkthrone ou Phil Collins. Notre aîné était coutumier des engouements improbables. A six ans il s’était mis en tête de supporter le Valenciennes FC. Depuis plus de deux ans, il bloquait sur l’Ouganda. Sa chambre était constellée de drapeaux à six bandes avec une grue royale en son centre, il maîtrisait parfaitement la bio d’Idi Amin Dada et nous tannait pour qu’on prenne un vol à destination d’Entebbe. Continuer la lecture de « #24 : The Dentists, Strawberries Are Growing In My Garden (And It’s Wintertime) (Spruck Records, 1985) »