L’été fut l’occasion de rattraper un peu notre retard sur l’année écoulée en matière de nouveautés. Sorti mi-mai, quelques jours après la fin du confinement, Abracadabra de Jerry Paper n’avait pas eu l’honneur d’une chronique ici contrairement à Like a Baby, son prédécesseur, sorti fin 2018. Enfin physiquement récupéré et posé sur la platine, Abracadabra est aussi séduisant que le précédent si ce n’est plus. Certes Jerry Paper reste fidèle à son esthétique et continue d’œuvrer dans la même direction mais le résultat est toujours aussi charmant, espiègle et élégant. Continuer la lecture de « Jerry Paper, Abracadabra (Stones Throw Records) »
Auteur : Alexandre Gimenez-Fauvety
Catégories chronique nouveauté
Crack Cloud, Pain Olympics (Meat Machine)
La compilation d’EP et les concerts de Crack Cloud furent une claque en 2018. L’annonce d’un premier album accompagné des clips d’Ouster Stew et Tunnel Vision ne fit qu’amplifier notre impatience. Les deux chansons convoquaient le souvenir encore vif d’un post-punk sachant s’affranchir de ses références sans se trahir. Quand Pain Olympics est arrivé chez un de nos disquaires parisiens préférés, nous nous sommes pas posés la question, d’autant plus que les chroniques affleurantes ici et là étaient fort élogieuses… Sans être une catastrophe, nous nous devons de dégonfler un peu la hype sur un disque bancal, emphatique et dépassé par sa propre ambition. Continuer la lecture de « Crack Cloud, Pain Olympics (Meat Machine) »
Catégories séries
Machines Hors Série #3: Demander un Delay
Le rôle du studio a très vite évolué avec l’apparition de la musique enregistrée. D’un lieu conçu pour capter le mieux possible des instruments acoustiques, il est très vite devenu un outil à part entière pour magnifier le son et créer des textures impossibles autrement. D’un témoignage au plus proche de l’interprétation, l’enregistrement est devenu une œuvre à part entière avec sa propre dynamique. Les effets ont donc connu, à partir des années cinquante/soixante une trajectoire similaire, cherchant d’abord à imiter le réel puis à ouvrir le champ des possibles. Le delay est, avec la réverbération, l’un des effets les plus présents dans la musique populaire des cinquante dernières années. Inspiré d’un phénomène physique connu (1), l’écho que nous rencontrons à la montagne quand nous crions, l’homme a bien sûr cherché à reproduire ce phénomène à l’enregistrement. Ainsi, de nombreuses catégories de delay sont apparues en fonction des évolutions technologiques, mais aucune n’a réellement disparu, car chacune a sa propre couleur. Continuer la lecture de « Machines Hors Série #3: Demander un Delay »
Catégories Le stream était presque parfait
Les Coronados, N’importe Quoi (Romance)
Tout l’été, les albums qui ont échappé aux radars des plateformes de streaming.
Au panthéon des groupes rock français, les Coronados se situent quelque part entre Marie et les Garçons, les Dogs ou les Olivensteins. S’inscrivant dans cette tradition bien française des groupes élégants et sauvages, le dandysme électrique des Coros a marqué durablement la scène underground hexagonale à défaut de connaître un succès grand public. Aujourd’hui encore absent des sites de streaming, la discographie (deux albums) du groupe francilien est rééditée par les Niçois de Mono-Tone. Ils ont démarré en 2019 avec Un Lustre (1989), le second album de la formation, reste N’importe Quoi initialement paru en 1984 chez Romance Records, éphémère labels qui ne produisit qu’une dizaine de références (Les Injectés, Civils Radio entre autres). Continuer la lecture de « Les Coronados, N’importe Quoi (Romance) »
Catégories billet d’humeur
À la recherche du poptimisme
« Les journalistes de rock sont des gens incapables d’écrire qui interviewent des gens incapables de parler pour des gens incapables de lire » avait dit un jour Frank Zappa. Cette phrase prend un sens particulier dans le contexte actuel. Si le journalisme musical a accompagné pendant de nombreuses années la pop en témoignant sur son époque, il semble aujourd’hui être dans une phase de transition (si on est gentil) voir amener à disparaître (si on est pessimiste). Pendant longtemps, en plus d’être un observateur, un des rôles du critique était d’être un guide d’achats. Cette fonction n’a plus lieu d’être en 2020 tant la musique est facilement accessible avant d’éventuellement l’acheter (autre geste déclinant). Ce questionnement s’ajoute à un autre : le poptimisme. Au cœur de la critique des objets culturels (cinéma, musique, littérature…), cette approche influence la manière dont nous percevons les œuvres. Le poptimisme est un vrai trait de notre époque. S’opposant au rockisme, elle influe les sujets et leurs traitements, définissant les contours de la critique en 2020. La récente liste des meilleurs albums de la décennie du vénérable site Pitchfork en est une éclatante démonstration tant elle diffère de l’occurrence précédente. Le concept est pourtant assez ancien, de même que le débat autour. Peut-être surtout cantonné à la sphère anglophone, à notre tour de mettre une pièce dans la machine et voir ce qu’il en sort. Continuer la lecture de « À la recherche du poptimisme »
Catégories chroniques, replay
En Attendant Ana, Juillet (Trouble In Mind)
En Attendant Ana avait fait forte impression avec leur premier disque Lost and Found en 2018. Publié par deux labels français, Buddy Records et Montagne Sacrée, l’album avait été réédité par la suite par la structure chicagoane Trouble In Mind, connue notamment pour avoir hébergé Jacco Gardner, les Limiñanas ou Morgan Delt. Ce Debut LP offrait une des plus belles démonstrations d’indie-pop entendues en France ces dernières années, un équilibre parfait entre les mélodies et l’énergie. Les Franciliens reviennent deux ans plus tard avec Juillet, toujours sur le même label. Continuer la lecture de « En Attendant Ana, Juillet (Trouble In Mind) »
Catégories Le stream était presque parfait
Les Calamités, À Bride Abattue (New Rose)
Tout l’été, les albums qui ont échappé aux radars des plateformes de streaming.
En 1987, la chanson Vélomoteur souffle un vent de fraîcheur pop sur les ondes de FM libéralisée. Souvent considérées comme un one hit wonder d’une époque qui en compte un paquet (Partenaire Particulier, Patrick Coutin, Chagrin d’Amour, Élégance, Bandolero etc.), les Calamités avaient pourtant démarré cinq ans plus tôt quelque part dans la Bourgogne, à Beaune, petite ville d’une vingtaine de milliers d’habitants. L’histoire débute en effet quand Odile Repolt, Isabelle Petit et Caroline Augier décident de monter un groupe. Mike Stephens (qui remplace un certain Watson) les rejoint pour former le line-up classique du groupe tel qu’il apparaît sur leur mini-album À Bride Abattue (1984). Continuer la lecture de « Les Calamités, À Bride Abattue (New Rose) »
Catégories chroniques, livres
Belkacem Meziane, Night Fever, 100 Hits qui ont fait le Disco (Le Mot et le Reste)
Un an à peine après On The One!, L’Histoire du Funk en 100 albums, déjà publié par la maison d’édition Le Mot et le Reste, le conférencier passionné Belkacem Meziane revient avec un ouvrage consacrée au disco : Night Fever, 100 Hits qui ont fait Le Disco. Le musicien français sort ainsi légèrement de sa zone de confort (le funk) pour nous proposer un tour d’horizon très complet du genre phare des années soixante dix. La structure de l’ouvrage suit la ligne éditoriale du Mot et du Reste : un essai d’une trentaine de page suivi d’une sélection de cent disques. Petite originalité, les morceaux remplacent judicieusement la sélection d’albums attendue. Cette singularité permet ainsi de mettre en valeur le format maxi 45 tours si important dans le genre. Dans les sillons amples des douze pouces, les remixeurs de génie (Walter Gibbons, Tom Moulton, Larry Levan etc.) étirent les chansons jusqu’à l’extase, loin des contraintes des sept pouces et des LP. Continuer la lecture de « Belkacem Meziane, Night Fever, 100 Hits qui ont fait le Disco (Le Mot et le Reste) »