En une décennie, Triptides a construit une jolie discographie entre indie-pop et psychédélisme enjoué. Depuis l’inaugural Psychic Summer en 2011, le groupe a publié sept (huit avec la collaboration avec Winter) albums. Chacun affirme un peu plus la proposition de la formation désormais installée à Los Angeles. Si certains albums tendent à développer un son plus indie (Azur en 2015), les Américains semblent avoir trouvé un terrain de jeu dans l’exploration de l’héritage sixties. Alter Echoes ne fait pas exception à la règle. Ce nouvel album, publié par Alive Records (Hacienda, Radio Moscow, Left Lane Cruiser etc.), a cependant été enregistré en studio, au Boulevard Recording à Hollywood.
Le groupe avait, jusqu’ici, pris l’habitude de s’enregistrer lui même. Armés d’un 4 pistes cassette à leur début, ils ont raffiné leurs techniques avec un 8 pistes à bandes. Visitors (Requiem Pour Un Twister, 2018), démontrait ainsi le niveau de maîtrise acquis par Glenn Brigman. Ce dernier exporte d’ailleurs son savoir-faire en la matière avec d’autres groupes californiens (Levitation Room, The Creation Factory, Mad Walls, The Premonitions). Désormais seul membre fondateur du groupe après le départ de Josh Menashe, il s’est entouré du batteur Brendan Peleo-Lazar (Lucille Furs) et du bassiste Stephen Burns. Alter Echoes est pour ainsi dire un nouveau départ. Il s’inscrit pourtant parfaitement dans la discographie passée du groupe. Triptides y développe un songwriting raffiné et très qualitatif, sans baisse de régime. Les clins d’œil aux groupes des années soixante y sont nombreux. La magnifique Let it go fait de sérieux appels du pied aux amateurs des Byrds et plus généralement de guitares jangly douze cordes. L’utilisation du phaser sur Do You Ever Wonder? convoque l’indie-pop de Real Estate, tandis que Hand of Time, conclusion de la face A, offre un hommage (certainement involontaire) à la géniale All In Your Mind de Stray. Si le groupe s’aventure parfois sur un terrain plus musclé voire hard rock, il est plus à son avantage dans la pop alanguie qui compose la majorité de la face B. Shining est une réinterprétation du Pink Floyd du début des années 70, à l’aulne du soleil californien. Le Wurlitzer d’Having a Laugh amène une respiration bienvenue tandis que She Doesn’t Want To Know est une délicate incursion bossa entre Colin Blunstone (Caroline Goodbye) et The Cyrkle (The Visit). Now And Then referme la parenthèse enchantée sur une note liverpuldienne. Le riff réinterprète Taxman, comme le firent précédemment The Jam ou les Bangles. En onze chansons, les Californiens continuent d’écrire en lettres incurvées une discographie soignée. Le changement de line-up aurait pu laisser craindre un ralentissement. Il n’en est rien : Triptides sonne comme Triptides. Alter Echoes fera ainsi autant plaisir aux amateurs du groupe qu’aux néophytes, qui y trouveront une charmante porte d’entrée.
