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Bill Drummond, The Man (Creation, 1986)

Bill Drummond, The Man (Creation, 1986)Alors que le monde occidental vient de célébrer dans une liesse d’une droiture morale rarement atteinte depuis la libération le septante douzième anniversaire de Jonathan Richman (qui n’en a cure, car ayant toujours seize ans dans sa cabeza), je me suis souvenu, non sans émotion, d’un disque où figurait ce morceau, I’m The King Of Joy,  qu’on peut décemment qualifier de « plus grand morceau de Jojo que Jonathan n’a pas écrit ». Or ce disque n’était pas The Man, improbable tentative solo du futur KLF Bill Drummond, mais bien une des innombrables compilations Creation qui sortaient naguère en rafale*. Complètement abasourdis par cette chanson intouchable, qu’on écoute derechef. Continuer la lecture de « Bill Drummond, The Man (Creation, 1986) »

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Kate Stables (This Is The Kit) : « J’adore l’effet que le rythme a sur moi »

This Is The Kit / Photo : Cedric Oberlin
This Is The Kit / Photo : Cedric Oberlin

Depuis ses débuts, il y a déjà une quinzaine d’années, Kate Stables n’a eu de cesse d’explorer les confins d’une musique dans laquelle les trames folks originelles se mêlent désormais de rythmes complexes et variés, de colorations harmoniques inattendues et, souvent d’arrangements de cuivres sobres et pertinents. Careful Of Your Keepers, sixième album de la britannique – parisienne d’adoption – et de son groupe, prolonge et intensifie le sentiment de surprise et de ravissement déjà éprouvé à l’écoute des épisodes les plus récents. D’abord parce qu’on y relève au générique la présence inattendue de Gruff Rhys, dans un rôle de producteur attentif et discret, manifestement capable de magnifier un univers musical qui semblait assez distant du sien. Surtout parce que ces comptines poétiques et parfois biscornues laissent transparaître, au fil des écoutes, un sens admirable de la mesure et de l’équilibre entre une voix et des instruments qui dialoguent en contre-point, à la fois dans la proposition singulière et l’attention respectueuse aux détails et aux nuances. Continuer la lecture de « Kate Stables (This Is The Kit) : « J’adore l’effet que le rythme a sur moi » »

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Sumos, Surfacing (Safe Suburban Home/Meritorio)

sumosDifficile de se souvenir exactement de la première fois où l’on a entendu ces guitares. Peu importe en fait puisque, si loin que l’on fasse remonter la mémoire, elles demeurent associées à des révélations importantes, presque fondatrices. L’adolescence, les premiers émois à la rencontre des groupes Creation et, plus largement, de ce que les étiquettes de l’époque renvoient encore au fourre-tout de la noisy-pop. Bien avant, même : l’intro de Ticket To Ride sur les doubles cassettes rouges des Beatles ou la première compilation des Byrds, seul trophée majeur rescapé d’un séjour prétendument linguistique dans une sinistre banlieue londonienne. Continuer la lecture de « Sumos, Surfacing (Safe Suburban Home/Meritorio) »

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Blur, retour vers le futur

Un nouveau single surprise, The Narcissist, moment parfait pour jeter un oeil dans le rétroviseur de la carrière du groupe

Blur
Blur, back in the days.

Voilà qui est rassurant. À l’heure des Internets tout puissants, de l’info qui circule avant même qu’il ne se soit passé quoi que ce soit, il est encore possible de garder un secret. Si l’on savait depuis le mois de novembre 2022 que Blur revenait sur le devant des scènes européennes, l’annonce de la sortie d’un nouvel album le 21 juillet prochain, The Ballad Of Darren, annoncé brillamment par le morceau The Narcissist, a à peu près surpris tout le monde. Continuer la lecture de « Blur, retour vers le futur »

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Selectorama : Bill Pritchard

Bill Pritchard / Photo : Luke Hodgkins
Bill Pritchard / Photo : Luke Hodgkins

Depuis son retour aux affaires musicales en 2014, après une pause de près d’une décennie, Bill Pritchard n’a eu de cesse d’offrir les prolongements les plus dignes et les plus émouvants à une œuvre déjà considérable, initiée au milieu des années 1980. Au fil des ans et des rencontres – Frédéric Lo, Pete Doherty et, désormais, le poète canadien Patrick Woodcock, fan de la première heure avec lequel il cosigne ce mois-ci l’excellent Sings Poems By Patrick Woodcock, 2023 – il est ainsi parvenu à confirmer son statut de songwriter majeur et d’interprète élégant. D’une voix qui ne s’embarrasse plus de fausses pudeurs juvéniles et qui dissimule moins que jamais la patine de l’âge, il confère des résonances touchantes et intimes à ces textes pourtant rédigés par un autre. Entre références fondatrices et coups de cœur encore frais, il fait preuve d’un même enthousiasme communicatif lorsqu’il s’agit de raconter les chansons des autres. Continuer la lecture de « Selectorama : Bill Pritchard »

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Ralfe Band, razzia pop

Ralfe Band

Alors que la tournée de Swell, en hommage à David Freel, parcourt en ce moment les routes françaises, Talitres annonce le retour dans son giron des Ralfe Band tout en mettant en ligne Pale Fire, leur nouveau single. Une chanson qui fait partie de celles qui ont la capacité de changer la couleur de votre journée. À ma gauche, Sean Bouchard, patron du label bordelais Talitres. On ne présente plus le garçon mais on n’aura de cesse de rappeler la qualité de son instinct. The Walkmen en France en 2002 ? C’est lui. Le retour de Swell ? Encore lui. Les rééditions de The Apartments ? Encore lui. On n’arrêtera ici l’énumération par peur de lasser. À ma droite, Ralfe Band, la boite à musique de l’Anglais Oly Ralfe. Ce dernier a publié quatre albums au début des années 2000. On peut y trouver de l’anti folk, des morceaux que la production de Strip Tease aurait pu utiliser pour ses documentaires et des petits hymnes dominicaux pour les amoureux d’une pop rêveuse. Et au milieu des deux, Pale Fire, le nouveau single de Ralfe Band qui annonce un nouvel album qui sortira le 16 juin 2023. Accompagné de Ben Nichols (Nadine Shah), Gabriella Swallow (Richard Hawley), Harry Deacon (Palace) et de Rob Ellis (PJ Harvey), Ralfe Band déroule tranquillement tout son savoir-faire. Et puis il y a Pale Fire. Une chanson qui rentre dans la tête aussi vite que la table de multiplication des 1 ou un single des Go-Betweens. Continuer la lecture de « Ralfe Band, razzia pop »

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Nicolas Sauvage, The Smiths – Hand In Glove (Le Boulon / collection seven inches)

Il s’en est fallu de quelques mois. Bien évidemment, pas sûr qu’on aurait acheté le disque dès sa sortie, mais il y aurait quand même eu de fortes chances – parce qu’entre autres, les virées quasi-hebdomadaires à New Rose avec les copains. Quelques mois donc, sans trop avoir d’explications – si ce n’est qu’on a sans doute raté la diffusion sur les ondes d’Inter dans la fameuse émission Feedback de Bernard Lenoir ; si ce n’est que, contrairement au signataire de la très belle préface de ce petit ouvrage – Jean-Daniel Beauvallet, pour celles et ceux qui n’auraient vraiment pas suivi –, on n’habitait pas Manchester à l’époque des faits. Quelques mois certes, mais il n’était pas trop tard. Continuer la lecture de « Nicolas Sauvage, The Smiths – Hand In Glove (Le Boulon / collection seven inches) »

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Ulrika Spacek : « Les bons groupes à guitare se font rares »

Ulrika Spacek
Ulrika Spacek / Photo : Alain Bibal

Sans avoir durablement marqué les esprits, Ulrika Spacek a sorti deux bons albums de pop DIY avant de disparaître des radars en 2018. J’ai appris leur retour en tout début d’année via la playlist des nouveautés Section 26. Écouté par curiosité plus qu’autre chose, The Sheer Drop m’a littéralement bluffé. Le son énorme, le chant unique, l’écriture aventureuse. Mais surtout, tout semblait être mis au service des guitares, comme une déclaration d’amour à un artisanat qui souhaite réhabiliter les grandes heures de la pop indépendante. Mais avec une volonté d’avancer, de casser les barrières. Les titres de ce niveau, Compact Trauma les enchaîne les uns après les autres avec ce qui semble être une facilité déconcertante. Notre rencontre avec Rhys Edwards et Syd Kemp nous apprend pourtant que tout n’a pas été aussi simple qu’on ne le pense, mais le groupe en est ressorti grandi, fier d’un disque qu’ils meurent d’envie de défendre auprès de leur public, qui avec Compact Trauma, a de fortes chances de s’agrandir. Continuer la lecture de « Ulrika Spacek : « Les bons groupes à guitare se font rares » »