« Notre musique était sacrée, chaque note l’était. » Ou comment la foi où plutôt la quête d’un éventuel retour de celle-ci, vint à l’aide de trois rejetons de prédicateurs texans pour leur permettre de coucher sur bande la plus apocalyptique des prédictions et rétrospectivement, l’un des disques les plus fascinants du siècle en cours. Continuer la lecture de « Lift To Experience, The Texas Jerusalem Crossroads (Mute/PIAS) »
Étiquette : Année : 2021
Catégories interview
Molly Burch : « J’ai eu l’impression d’expérimenter en me lançant dans la pop »
Qui aurait cru qu’aussi tôt dans sa carrière, Molly Burch allait sortir un album où les synthés et les rythmes électroniques bouleverseraient un univers dont elle posait encore les fondations ? Avec le single Emotion composé avec Wild Nothing, on sentait pointer une envie de changement de cap. Romantic Image nous le confirme avec onze titres flirtant avec l’indie et la pop grand public. Impossible de ne pas reconnaître certaines marottes de Molly Burch, Ariana Grande en tête. Sa reprise de Needy aurait dû nous mettre la puce à l’oreille. Romantic Image, s’il paraît plus léger en surface, n’est en aucun cas un album superficiel surfant sur quelque vague que ce soit. La personnalité de Molly Burch y est toujours présente ainsi que son talent incontestable de songwriter. S’il est sans aucun doute un album de transition, il ne faut pas oublier que Romantic Image est également un album expérimental. Molly Burch est partie à la découverte d’un nouveau style en modifiant radicalement ses techniques de travail et son approche vocale. Continuer la lecture de « Molly Burch : « J’ai eu l’impression d’expérimenter en me lançant dans la pop » »
Catégories affichage libre
La discrète – Migala, Yves Bonnefoy, Mia Hansen-Løve
Collage sauvage et de mauvaise foi de l’actualité culturelle de la semaine
Les sorties de disques, l’été, c’est un peu la traversée du désert des Agriates. Avec l’agrément d’une panne d’essence. Un rien qui nous mène à l’insolation et ses nuées de mirages. Et que voit-on? Des disques aimés dont on a peu ou pas causé. Été oblige, présence de Christophe Basterra dans ces colonnes virtuelles, tout m’a mené à Así Duele Un Verano de Migala. Continuer la lecture de « La discrète – Migala, Yves Bonnefoy, Mia Hansen-Løve »
Catégories selectorama
Selectorama : Marie Mathématique
Il y a déjà deux ans, dans un dossier que Section26 avait consacré à la scène musicale toulousaine, nous avions chanté les louanges de Marie Mathématique, groupe garage-pop-psyché mené par les époux Emmanuelle et Nicolas (aka Jimmy Jazz) Mazel, ainsi que de leur label Lunadelia Records. On se réjouit de constater qu’en dépit des incertitudes de la pandémie, ce groupe très recommandable n’ait pas lâché l’affaire, puisque Marie Mathématique vient tout juste de faire paraître son nouveau single Holopherne, sur la compilation Spasmes du hasard, qui célèbre l’anniversaire du label SDZ Records, à qui nous avions également consacré un papier. Le groupe nous souffle également dans l’oreillette qu’un album est en préparation. On ne boude donc pas notre plaisir de découvrir les titres sélectionnés et commentés par Emmanuelle et Nicolas.
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Catégories chronique nouveauté
Michèle Bokanowski, Rhapsodia/Battements solaires (Recollection GRM/Editions Mego)
Depuis maintenant une petite dizaine d’années, l’impeccable série Recollection GRM du label Mego permet de rendre accessible les archives impressionnantes du Groupe de Recherches Musicales. Fondé par Pierre Schaeffer en 1958, ce centre de recherche a contribué de façon majeure au développement des musiques électro-acoustiques (via notamment l’invention/théorisation de la musique concrète, ou de la musique dite acousmatique), et en accueillant en son sein des figures aussi importantes que celles de Pierre Henry, Éliane Radigue, Luc Ferrari, Bernard Parmegiani ou encore François Bayle, par exemple. Avec la parution récente de ces deux pièces de Michèle Bokanowski, Rhapsodia et Battements solaires, c’est ainsi l’occasion de découvrir ou redécouvrir le travail d’une figure plus contemporaine du groupe, aux côtés de celles des « grands » pionniers et « grandes » pionnières évoqués à l’instant.
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Catégories mardi oldie
Lhasa de Sela, Lhasa (Tôt ou Tard / Audiogram, 2009)
C’est une histoire qui pourrait sembler triste mais qui ne l’est pas.
Pas que.
C’est une histoire.
On y rencontre Bratsch et Tindersticks, on y rencontre pas mal d’amitié.s.
À ses bornes, on peut trouver deux vidéos, et c’est ainsi qu’elle peut être racontée, mais elle commence avant, on ne sait pas trop quand, et elle finit après, loin, on ne sait pas, on ne sait pas si elle finit.
On se contentera de ces bornes approximatives qui peuvent dire deux états des mondes, deux moments, ou ne rien dire de cela – les états des mondes, les états du monde – et dire tout autre chose – le monde n’est pas dans un état, tel ou tel, il est, il semble être, c’est bien suffisant. On a le droit d’y être triste, mais ce serait dommage de s’en tenir là.
Commençons par la fin. Continuer la lecture de « Lhasa de Sela, Lhasa (Tôt ou Tard / Audiogram, 2009) »
Catégories chronique nouveauté
Fontaine Wallace, Le Projet (Microcultures)
« Puis j’ai retrouvé Sophie, c’était vraiment bien »
De mon temps, Superflu représentait cette petite chose fragile dont il était aisé de moquer la littérature frontale d’étudiant, disons, pour aller vite, le spleen des jeunes gens français des années 90. Leur musique d’arpèges un peu tristes (le sentiment, pas la qualité) laissaient de glace surtout que l’école Lithium d’à côté – Superflu était signé sur le Village Vert – y allait fort question noirceur et engagement. Il y avait de la retenue alors qu’on se rêvait un peu plus bravache, il y avait du sentiment, alors qu’on se rêvait armé. Pourtant, quand je me suis retrouvé, j’avoue un peu par hasard, au concert du groupe de Nicolas Falez, j’en suis ressorti tout retourné, et même, un peu plus humble. Continuer la lecture de « Fontaine Wallace, Le Projet (Microcultures) »
Catégories interview
Daniel Wylie (Cosmic Rough Riders) : « J’ai l’impression que j’ai toujours su écrire des chansons. »
Il y a tous ceux qui commencent tôt et s’épuisent vite. On pourrait aussi recenser quelques exemples – plus rares, il est vrai – de débutants tardifs, qui conquièrent moins précocement une forme de reconnaissance associée à la maturité. Leonard Cohen bien sûr. Guy Chadwick aussi. Et puis, il y a Daniel Wylie. Classé hors-catégorie depuis presque trente ans, ce songwriter écossais ultra-doué n’est jamais vraiment rentré dans les cases de ces parcours balisés. Ces quelques mois de gloire, il les a connus à quarante ans, alors que le groupe dont il était le pilote principal et presque unique, Cosmic Rough Riders, signait sur l’éphémère label Poptones, lubie fin de siècle d’un Alan McGee sorti rincé de l’aventure Creation. Un hit – Revolution In The Summertime – et même un passage à Top Of The Pops à l’âge presque canonique où les superstars adolescentes sont déjà en préretraite. Un petit tour devant les projecteurs et puis c’est tout. Pour ce qui est de la notoriété, les plats ne sont passés qu’une seule fois. Pour ce qui est des chansons, il en va tout autrement. Depuis 2006, Wylie a construit à un rythme soutenu – un albums tous les deux ans environ – une œuvre d’une qualité exceptionnelle, où les références à ses idoles américaines de toujours (Neil Young, R.E.M. pour les plus évidentes) n’excluent jamais la recherche de tonalités plus personnelles. Figure discrète mais centrale de la scène musicale de Glasgow, il vient de publier Atoms And Energy et raconte quelques-uns des jalons d’une trajectoire musicale atypique et essentielle. Continuer la lecture de « Daniel Wylie (Cosmic Rough Riders) : « J’ai l’impression que j’ai toujours su écrire des chansons. » »