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Sinaïve reprend « Move On Up » de Curtis Mayfield… et le transforme en « Mont Olympe » (inédit)

« Homme, es-tu capable d’être juste ?
C’est une femme qui t’en fait la question. »
Je ne sais pas si j’ai tout bien compris de l’idée derrière le terme de « craduction » qui m’a été soufflé par l’admirable traductrice Fanny Quément, avec qui nous échangions autour de la traduction de textes de chanson, anglo-saxonnes notamment. Il s’agirait de partir du texte d’origine et de ne pas en tenir compte ou si peu, tout simplement. Quand j’ai eu la possibilité de discuter tranquillement avec Calvin du groupe Sinaïve, nous avons devisé sur la possible édition d’une cassette qui verrait le groupuscule strasbourgeois s’aventurer sur le terrain de l’album de reprises. En toute confiance vis-à-vis de l’agilité du groupe (j’ai écrit tout le bien que je pensais deux à trois reprises dans Section 26, ici, ici, et ), je ne m’attendais pas à les voir s’aventurer sur le champ miné de l’adaptation, plus périlleux dans le sens où il s’agit de traduire dans sa langue des idées, un style, une musicalité. Évidemment, avec toujours un coup d’avance, j’aurais dû le deviner, Sinaïve a enregistré ce déroutant Move On Up de Curtis Mayfield qui ainsi « craduit » devient Mont Olympe, soit un savant essai, croisement fou entre l’agilité féline du tube du compositeur américain et un texte brûlant d’Olympe de Gouges, femme politique sous la Révolution Française, ce qui, vu d’ici, ne devait pas être une mince affaire : elle finit guillotinée, comme beaucoup. Admirable, comme tous les pas de côté du jeune groupe de Strasbourg, quartier gare, dont on est les premiers groupies. La suite des surprises, reprises, sur une petite cassette en cours de fabrication, dont on reparlera sans doute.

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Machines Hors Série #3: Demander un Delay

King Tubby en studio

Le rôle du studio a très vite évolué avec l’apparition de la musique enregistrée. D’un lieu conçu pour capter le mieux possible des instruments acoustiques, il est très vite devenu un outil à part entière pour magnifier le son et créer des textures impossibles autrement. D’un témoignage au plus proche de l’interprétation, l’enregistrement est devenu une œuvre à part entière avec sa propre dynamique. Les effets ont donc connu, à partir des années cinquante/soixante une trajectoire similaire, cherchant d’abord à imiter le réel puis à ouvrir le champ des possibles. Le delay est, avec la réverbération, l’un des effets les plus présents dans la musique populaire des cinquante dernières années. Inspiré d’un phénomène physique connu (1), l’écho que nous rencontrons à la montagne quand nous crions, l’homme a bien sûr cherché à reproduire ce phénomène à l’enregistrement. Ainsi, de nombreuses catégories de delay sont apparues en fonction des évolutions technologiques, mais aucune n’a réellement disparu, car chacune a sa propre couleur. Continuer la lecture de « Machines Hors Série #3: Demander un Delay »

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Section Sixteen #1 : Gabrielle, 13 ans

Qu’écoutent réellement nos kids ?

Girl In Red
Extrait du clip de Girl In Red, We Fell In Love In October.

Elles ou ils sont des filles de, des fils de – ou peut-être des cousines ou des cousins, des nièces, des neveux. Toute la journée, toute la semaine, ils subissent la musique forcément cool qu’écoutent leurs parents ou les membres de leur famille avant que ces derniers n’écriveent quelques lignes ou des tartines pour Section26 – voire d’autres sites du même acabit. Alors, ces ados et pré-ados sont-ils déjà condamnés à écouter ce qu’on leur impose au presque quotidien ? Pas forcément, la preuve par 16, comme en témoigne la première mixtape de cette série qu’on espère la plus longue possible, concoctée par Gabrielle, 13 ans.

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Jessy Lanza, All The Time (Hyperdub)

Dans l’écurie Hyperdub (Burial, Darkstar…), Jessy Lanza occupe une place assez singulière. Si ses albums respectent dans leur ensemble la doxa dubstep inhérente au fameux label anglais, la canadienne y insuffle une attitude pop voire R&B rendant le genre d’autant plus accessible et attractif. Initialement prévu pour ce début d’année, la crise sanitaire aura retardé comme de nombreux autres la sortie de ce troisième long format et complètement chamboulé le programme promotionnel associé. Continuer la lecture de « Jessy Lanza, All The Time (Hyperdub) »

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Sinaïve, Révélation Permanente Bootleg / Tabula Rasa EP (autoproduit)

Cet été, nous vous avons proposé de relire quelques articles consacrés à des coups de coeur de la rédaction. Celui-ci nous a particulièrement emballés, via notre antenne strasbourgeoise et l’ultra productif Renaud Sachet, à qui l’on doit aussi les publications Langue Pendue et Groupie. Trois, puis quatre vingtenaires ont sorti ce qui sera une collection de trois EP, dont le dernier sortira à la rentrée et en vinyle, cette fois, par l’entremise de nos amis de Buddy Records, et on l’éspère aussi les voir sur scène. Vous avez loupé les premières aventures soniques des brillants Sinaïve? Rewind.

Sinaïve, Révélation Permanente Bootleg (autoproduit)

Sinaïve« à tous ces enjeux mouvants qui ne m’arrêteront pas »

Il y a quelques jours à peine, j’ai eu la chance de (re)voir Sinaïve – trio strasbourgeois dont j’ai déjà fêté avec ferveur les deux premiers EP, ici et – dans les conditions optimales du lieu dont on ne peut dire le nom : son poussé à fort volume, ambiance apaisée, présence attentive et amicale du public, volutes de fumées non identifiées, verres de bière généreux. Durant une petite heure, Sinaïve a déroulé son psychédélisme empreint d’une froideur concentrée, portée par une rythmique robotique et implacable. Sur place, une rumeur persistante promettait un inédit du groupe, enregistré disait-on avec du matériel analogique, à base de cassette, et de matériel d’equalisation en guise de production rudimentaire. Le disque était là, tiré à 69 exemplaires numérotés pour l’occasion, dans sa pochette de carton brun anonyme – si ce n’est les adresses postales et internet du groupe tamponnées, un polaroid du trio, de dos, à genoux et les mains sur la tête (en écho à de marquantes images de l’actualité récente) et un dépliant en noir et blanc avec les paroles des sept nouveaux morceaux. Continuer la lecture de « Sinaïve, Révélation Permanente Bootleg / Tabula Rasa EP (autoproduit) »

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Dean Wareham – La lune dans le caniveau

Dean Wareham
Dean Wareham

Alors que Dean Wareham réalise avec sa compagne Britta Phillips un nouveau disque de reprises enregistrées pendant le confinement,  Quarantine Tapes, exhumation d’un Rendezvous datant de 2004.

C’était une belle journée de l’année 2004, une belle journée d’automne ou de printemps je crois. En tout cas, le soleil inondait la pièce des bureaux de la RPM – époque rue du Sentier – où nous recevions cette après-midi-là Dean Wareham, ce Néo-zélandais que tout le monde prend pour un Américain puisque c’est sur le Nouveau Continent que l’homme a mené un parcours du genre exceptionnel. Parangon d’une scène indie arrivé à son firmament – la fin des années 1980 et le début de la décennie suivante – alors qu’il est à la tête de Galaxie 500, il en est vite devenu l’une des brebis galeuses, accusé d’être l’unique responsable de l’implosion de ce trio qui maniait la naïveté avec une maestria bouleversante. Continuer la lecture de « Dean Wareham – La lune dans le caniveau »

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Le club du samedi soir #13 : Chaleur

Anna HB
Linogravure : Anna HB

« Il fait chaud » est sûrement la phrase que j’ai le plus entendu, mais aussi celle que j’ai le plus dit ces dernières semaines. Voilà donc une playlist compilée dans la chaleur du mois d’août, remplie de morceaux qui selon moi, se lient plutôt bien à la torpeur estivale.
Bien sûr, c’est très subjectif, mais peut être trouverez vous aussi les reverbes à ressort de Joe Meek rafraîchissantes, ou que la bossa Nova d’Antonio Carlos Jobim fait rêver à des cocktails glacés, ou encore que les Electric Prunes vous rappelleront ces nuits d’orages réconfortantes.
Sinon, vous pouvez toujours vous amusez à danser un slow transpirant sur du Roy Orbison, ou de danser sur le tube d’été de Todd Rundgren, ça ne fait jamais de mal. Et si la danse n’est pas votre dada, avec une bière ou une limonade, ça devrait être une bande-son adéquate.

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Pianosaurus, Groovy Neighborhood (New Rose, 1986)

Tout l’été, les albums qui ont échappé aux radars des plateformes de streaming.

Pianosaurus

Certains entendent le pratiquer, pour mieux le maîtriser. Quitte, sur la foi d’une virtuosité durement acquise autant que fièrement revendiquée, à l’asservir à de sombres desseins, souvent onanistes (Joe Satriani, retire tes mains de tes poches !). De plus humbles, sans pour autant que leurs intentions soient moins respectueuses ou louables, s’appliquent à le maltraiter, à lui ouvrir le ventre pour mieux le faire chanter, et tant pis s’il rend l’âme. Puis il y a ceux, missionnaires lambda, qui se contentent d’en jouer, pour mieux en jouir. Plus loin, si on s’autorise à pousser le bouchon, à taquiner les mots comme d’autre le goujon ou leur instrument (puisque c’est bien de ça dont il s’agit, mais dans la sphère strictement musicale), il y a la catégorie qui a décidé de s’en jouer, et advienne que pourra. Comme tout cela est très sérieux, étayons en convoquant John Cage qui, entre deux pianos préparés, n’a jamais caché une certaine affection pour les toys en tous genres. Enfin, dans d’ultimes retranchements, se trouve une communauté pour qui Eden rime avec Kindergarten et qui n’a rien trouvé mieux que d’instrumentaliser ses jouets pour faire revenir de loin une musique oscillant entre babillements bambins et cri primal – à quelques encablures de Janov, on considèrera que le Neil Jung sous vocoder de Trans (1982) est une (sublime) entité à part. Continuer la lecture de « Pianosaurus, Groovy Neighborhood (New Rose, 1986) »