Collage sauvage et de mauvaise foi de l’actualité culturelle de la semaine
« Drive My Car » de Ryusuke Hamaguchi
Que vous arrive-t-il lorsque vous faites vos fonds de tiroirs et que vous vous apprêtez à apprendre à conduire? C’est la découverte de nouveaux continents. On aère des textes, on imagine la future liberté glanée sur les routes. Cela ouvre l’appétit et l’imagination culbute en avant sans grand sens de l’orientation. Continuer la lecture de « Le grand chemin – Beachwood Sparks, Ryusuke Hamaguchi, Steve Tesich »
Je crois que pour certains d’entre nous (plus que pour certaines sans doute), elle a été l’artiste qu’on a haï adorer… C’était une autre époque. Celle des clans et des tribus, des propos imbus et des affrontements. Robert Smith avait beau avoir arboré sur scène un tee-shirt à l’effigie de Marilyn – sur la tournée Faith, en 1981 –, la blondeur de celle qui était présentée comme son héritière (courbes obligent) détonnait trop parmi les oripeaux noirs qui garnissaient l’essentiel de nos garde-robes. Ça et puis la musique bien sûr, ces hits synthétiques et ces refrains aussi roses que des chewing-gums qui collaient inlassablement aux tympans. Alors qu’on avait érigé le spleen en idéal, Madonna chantait en esquissant des pas de danse aussi affriolants que ses hits, arborait une moue boudeuse mais toujours avec un sourire au coin des lèvres et faisait en fait tourner pas mal de (nos) têtes – et oui, on montait souvent le son de la radio quand un de ses morceaux était diffusé (surtout à partir de 1985 et d’Into the Groove). Continuer la lecture de « Johnny Jewel via son label Italians Do It Better reprend 20 titres de Madonna »
On dit souvent que less is more, et c’est sans doute cette expression crée par l’architecte et directeur du BauhausLudwig Mies van der Rohe qui correspond le mieux à la londonienne Tirzah. Avec son premier album Devotion (2018), tout en minimalisme et en intimité, elle avait posé la première pierre d’un édifice de coton bâti en compagnie de Mica Levy, à savoir une pop imparfaite, indéfinissable – dans le meilleur sens du terme – et parfaitement bouleversante. Tout à fait le genre de disque sans âge qu’on aime toujours intensément retrouver au détour du random de nos playlists. Début octobre, elle revient avec un second album Colourgrade chez Domino, dont les premiers extraits sont tout aussi réussis, comme en témoigne le merveilleux Send Me. Pour Section26, elle a accepté d’entrouvrir la porte de ses obsessions musicales du moment, qui lui ressemblent tous un peu quelque part.
I cover you with questions Cover you with explanations
On va faire en sorte de ne pas. On va faire en sorte de décrire sans couvrir. Adrianne Lenker – incontournable depuis le coup double commis avec Big Thief, deux albums infinis publiés en six petits mois du monde d’avant –, dans la parenthèse imposée à ce qui semblait devenir un Never Ending Tour, a enregistré un double album solo qui semble devoir être son Blood on the Tracks. Semble-t-il. On n’est pas bien sûr mais la référence, si elle biaise, n’écrase même pas car c’est là. C’est ça. C’est un album dont la toute première écoute est l’occasion du surgissement entre deux portes, entre deux autres chansons, de Zombie Girl, qu’on va tenter avec toute la conscience de notre présente mission de ne pas jouer en boucle durant une petite semaine – vous, vous pouvez, vous êtes libre de, et de ne pas en rester là.
Quatre singles signés Big Thief, Aimee Mann, Hand Habits et Shannon Lay dans la moulinette des sorties
« Sparrow », Big Thief.
Vous vous en sortez avec les réseaux ?
Moi, non, d’ailleurs j’ai arrêté. C’est impossible. Ce n’est pas tenable. Ce n’est pas possible de s’en tenir à – je regarde – les cerveaux brûler – les cerveaux brûler.
J’ai passé des lustres à contempler et à me contempler, moi, ou des idées de moi, ou des idées d’un moi, dans les réseaux, sans parvenir à apercevoir toujours les chansons, ni qui les écrit. Pas toujours ne veut pas dire – jamais – pas toujours veut dire – pas toujours.
On y trouve de belles amitiés, beaucoup de chevaliers blancs – et le plus grand des chevaliers blancs, le moi, qu’il se tienne au-dessus de la bataille, le fier, ou qu’il y plonge – comme s’il y avait une bataille. Comme s’il y avait toujours quelque chose à rectifier. Continuer la lecture de « La roue de l’enthousiasme »
On connaissait le français Alex Cyprine avec Quetzal Snakes, puis lors de sa migration vers Montréal où il devient très actif (Deaf, Orchids, Tallen, Broken Column). Nous vous avions également parlé de son projet solo Lovers Suicide, transformé depuis peu en groupe avec un line-up des plus alléchants : Cyril Dupont (The Wise Dude’s Revolver, Nancy), Mike Rodgers, un hyperactif Canadien, Fraser Wayne (Paul Jacobs, Fuzzy Undertones …), Zale Burley l’homme au tambourin (Orchids), Jean Sebastien Maher (Orchids également). Lors d’une live session au grain VHS, la jeune formation nous gratifie d’une cover de Mother Of Heart, cette magnifique clôture du second album du Gun Club, Miami, sorti en 1982 et réédité à de nombreuses reprises. Tous fans transis, ils ont choisi ensemble cette balade qui est leur morceau préféré, qu’ils interprètent avec cœur et respect. Le rythme est ralenti, la voix est blême mais déchaînée sur la fin, les guitares sont lancinantes, le pedal steel de Kenny Smith apporte cette touche parfaitement mélancolique. Côté actu, la bande travaille sur un album Murder at Graceland inspiré d’une nouvelle écrite par Alex lui-même qu’ils joueront live en septembre et qui devrait sortir en même temps que celle-ci. Si le groupe compose comme il reprend, cela devrait ravir les oreilles des fans de Birthday Party à Mark Lanegan.
Collage sauvage et de mauvaise foi de l’actualité culturelle de la semaine
Laetitia Dosch et Sergei Polunin dans « Passion Simple » de Danielle Arbid, basé sur le livre de Annie Ernaux
Je me sentais, ces derniers jours, comme dans ce fameux clip de Depeche Mode, Behind the Wheel. Un monde en ambiance grain noir, me retrouvant en béquille et imperturbablement amoché sur le bord d’une route. Et puis, au loin sur le dos rond d’une route perdue, la petite vespa de l’espérance arrive. Ce n’est pas rien une petite vespa de l’espérance, parfois c’est une vie. Continuer la lecture de « Grain Noir – André Hardellet, Annie Ernaux, The Beach Boys »