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Big Thief, U.F.O.F. (4AD / Beggars)

Big ThiefEn découvrant U.F.O.F. pour la première – mais aussi pour la deuxième et la troisième fois – on est d’abord saisi de l’envie irrépressible d’en interrompre le déroulement pour trouver refuge dans l’écoute d’une une copieuse compilation d’Emmylou HarrisAnthology : The Warner/Reprise Years (2001), pour être précis. Cette impulsion ne relève évidemment pas de ces associations formelles par lesquelles les échos des œuvres passées en viennent à résonner ostensiblement dans les prolongements actuels de leur descendance assumée. Au contraire. C’est plutôt que la fréquentation prolongée des vocalises éthérées d’Adrianne Lenker suscite, par contraste, le besoin impérieux de se confronter à une version infiniment plus incarnée de l’humanité. Continuer la lecture de « Big Thief, U.F.O.F. (4AD / Beggars) »

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Teenage Fanclub : l’entretien

Teenage Fanclub
Teenage Fanclub

Dans la cour ensoleillée du Trabendo, Norman Blake s’assied en premier. Raymond McGinley arrive quelques instants plus tard. Difficile de se résigner à l’idée que le troisième – Gerard Love -ne les rejoindra pas. Alors on en parle un peu, sans dramatisation inutile, ni fausse pudeur. Quelques heures avant leur premier concert parisien, dans une formation désormais altérée, les deux hommes font preuve d’une jovialité communicative qu’aucune épreuve ne semble pouvoir ternir. On cause avec eux de souvenirs, frais ou plus anciens, de cette tournée avec Nirvana qui les conduisit il y a près de trente ans à quelques mètres d’ici, du côté du Zénith. D’Alan McGee aussi. Et surtout de musique et de cette passion sans faille pour les mélodies et les harmonies qui illuminent leurs regards attendrissants de quinquagénaires épanouis. Cette passion qui leur permet de retrouver tout leur allant de jeunes hommes dès que commencent les balances, pour y interpréter une version ébouriffante de The Kids Are Alright des Who. Continuer la lecture de « Teenage Fanclub : l’entretien »

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Selectorama : Jacco Gardner

Jacco Gardner
Jacco Gardner

Obsessionnel nostalgique de technologie digitale. Revivaliste psychédélique à chapeau mou. Fan surdoué de Syd Barrett. Tel était peu ou prou le portrait robot de Jacco Gardner tel qui nous était apparu au moment de la sortie de ses deux premiers albums, Cabinet Of Curiosities (2013)  et Hypnophobia (2015). Désormais installé à Lisbonne, Gardner y nourrit sa passion communicative pour les romans de science-fiction vintage et les synthétiseurs millésimés. Entièrement instrumental, Somnium, sorti l’an dernier, s’oriente résolument vers des formes musicales plus atmosphériques et abstraites. Une évolution qui transparaît dans une sélection planante et pointue. Continuer la lecture de « Selectorama : Jacco Gardner »

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Chris Cohen, Chris Cohen (Captured Tracks)

Dans la famille Cohen, il faut donc, cette fois-ci, commencer par demander le père. Bonne pioche ? Peut-être pas tant que ça. Kip Cohen, ancien collaborateur de  Bill Graham au Fillmore East, directeur artistique dans les années 1970 chez Columbia et A&M où il encadra les débuts de carrière de Billy Joel, Styx ou Pablo Cruise, a récemment décidé de mettre un terme à 53 années de mariage, révélant publiquement au passage son homosexualité et ses diverses addictions, jusque là consciemment ignorées de ses proches. De quoi sérieusement secouer, on s’en doute, son musicien de fils qui s’est inspiré de ce contexte particulièrement déstabilisant pour composer le dernier volet d’une trilogie entamée en 2012 avec Overgrown Path. Continuer la lecture de « Chris Cohen, Chris Cohen (Captured Tracks) »

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The Leisure Society, Arrivals And Departures (Ego Drain/Modulor)

The Leisure SocietyDepuis quand n’avait-on pas écouté – réécouté même – un double album dans son intégralité dès sa découverte, sans éprouver la moindre trace de lassitude, sans tricher en en fractionnant les longueurs indigestes ou fastidieuses ? On a beau chercher, farfouiller dans les tréfonds de vieux souvenirs d’adolescence : la réponse ne s’impose pas. Contrairement à ce cinquième album de The Leisure Society qui s’est immédiatement incrusté avec une force inattendue dans les recoins d’un quotidien dont il a pris possession depuis quelques semaines. Fascinant jusque dans ses moindres méandres, impossible à déloger de cette place centrale et privilégiée qu’il occupe d’ores et déjà tout près du cœur, le diptyque composé par Nick Hemming et Christian Hardy semble doté d’une force et d’une évidence que ne possédaient pas tout à fait les quatre premiers volets d’une œuvre pourtant très appréciable et conséquente. Continuer la lecture de « The Leisure Society, Arrivals And Departures (Ego Drain/Modulor) »

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The Pearlfishers, Love And Other Hopeless Things (Marina Records)

the pearlfishersC’est l’un de ces instants où le plaisir rare des retrouvailles se mêle à la tristesse du deuil puisque la publication de ce neuvième album de The Pearlfishers – le premier depuis cinq ans ; le second depuis 2007 – coïncide avec l’annonce quasi-simultanée de la fermeture de la belle maison hambourgeoise qui abritait avec fidélité et bienveillance David Scott et ses camarades. Marina Records s’apprête malheureusement à mettre la clef sous la porte et l’on se prend à regretter d’avoir trop souvent considéré comme un acquis secondaire l’existence de cette institution qui a largement contribué à entretenir la flamme d’une pop classique et mélodieuse, révélant au passage quelques talents en marge de leur époque – Brent Cash, pour n’en citer qu’un – tout en préservant ses liens privilégiés avec les vétérans de la scène indie écossaise (Malcolm Ross, Michael Head) pour lesquels elle a souvent constitué un ultime refuge. Scott fait partie de ceux-là et c’est un juste retour des choses qu’il offre à ses protecteurs, en guise d’oraison funèbre, un feu d’artifice musical de très haute tenue. Continuer la lecture de « The Pearlfishers, Love And Other Hopeless Things (Marina Records) »

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I Was A King, Slow Century (Coastal Town Recordings)

Partager généreusement un peu de l’héritage reçu ; raviver passionnément quelques une des étincelles du flambeau transmis par d’autres : on pourrait trouver de plus mauvais motifs pour fonder un groupe. Après tout, c’est bien cette impulsion initiale qui animait certains de nos artistes préférés. Au début des années 1990, Teenage Fanclub honorait ainsi la mémoire de Gene Clark (1993) et œuvrait activement à la réhabilitation de Big Star. Continuer la lecture de « I Was A King, Slow Century (Coastal Town Recordings) »

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Lucille Furs, Another Land (Requiem Pour Un Twister)

On en revient, une fois de plus, à l’époque – la fin des années 1970 – où Paul Weller se trimbalait avec cette pancarte autour du cou, en réponse aux accusations d’une certaine presse britannique lui reprochant déjà d’être allé piocher sa garde-robe et ses références musicales parmi les archétypes remisés du mouvement Mod : “ How can I be a fucking revivalist when I’m only eighteen ? ”

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