The Merry-Go-Round, The Merry-Go-Round (A&M, 1967)

Été 1966, quelque part en Californie, Emitt Rhodes, en rupture de The Palace Gard, improvise des jams avec Gary Kato. Très vite, Bill Rinehart (The Leaves) et Joel Larson (The Grass Roots) complètent le line-up. Ils se baptisent The Merry-Go-Round et signent avec A&M début 1967 suite à des démos prometteuses. Leur premier single Live se faufile à la 63ème place des charts américains, une performance encourageante. Leur deuxième single atteint péniblement le top 100 et incite le label à publier rapidement un album afin de profiter de la petite fenêtre d’ouverture… Larry Marks produit le disque. Il a déjà travaillé avec le groupe de Doo Wop The Rivingtons ou le musicien folk-rock Gene Clark, ex-The Byrds. Bien que conçu dans une certaine urgence, The-Merry-Go-Round ne comporte que des compositions originales : une exception dans un paysage garage-rock, dominé par des disques comportant souvent autant de reprises du répertoire live que d’originaux. L’unique album des Merry-Go-Round contraste ainsi avec les us et coutumes de l’époque : il offre une expérience d’écoute cohérente et réjouissante.  Majoritairement signées de la main d’Emitt Rhodes, parfois de Gary Kato, l’ancien batteur y révèle, en effet, des qualités d’écriture déjà exceptionnelles.

The Merry-Go-Round s’ouvre sur la mémorable live une des chansons les plus emblématiques du groupe, reprise par The Bangles, presque 20 ans plus tard. Le morceau condense le savoir faire du groupe. Oscillant entre folk-rock et garage, live a tout d’un hymne. Le groupe convoque parfois The Buffalo Springfield (Gonna Fight The War, Gonna Leave You Alone, Low Down). The Merry-Go-Round sait aussi ralentir le rythme. You’re a very lovely Woman propose une pop quasi baroque. Ses arrangements délicats, tapis de cordes, contrastent superbement avec les mélodies hispanisantes d’Emitt Rhodes. Sur Time Will Show The Wiser, le groupe californien narguerait presque les Byrds eux-mêmes ou les géniaux The Beau Brummels. Les Britanniques de Fairport Convention ne s’y trompent pas en reprenant le morceau quelques années plus tard : cette épopée folk-rock psychédélique électrise et trouble les sens. Si un parfum de country-rock flotte dans l’air, l’influence des Beatles, si importante dans la carrière d’Emitt Rhodes, n’est jamais vraiment loin. Le romantisme d’Had To Run Around se berce des clapotis du fleuve Mersey plutôt que des vagues de l’océan Pacifique. Le swing de Where Have Been All Of My Life aurait fait merveille dans un set surchauffé au Cavern Club.

En douze morceaux, The Merry-Go-Round propose un disque aux accents garage mais étonnamment raffiné et qualitatif. Publié dans une période charnière où en quelques mois tout changeait, The Merry-Go-Round hésite parfois mais se trompe rarement. La suite sera chaotique pour Emitt Rhodes. Dans la foulée de celui-ci, un deuxième album avec A&M est prévu, en solo. Le label ne le publie pas tout de suite, mais attend la sortie d’un autre album en solitaire, chez Dunhill, pour plomber, involontairement, la carrière déjà fragile du chanteur californien. Rétrospectivement, The-Merry-Go-Round reste un des très bons disques d’Emitt Rhodes, produit de sa décennie certes, mais déjà saturé du talent du musicien.


L’album éponyme de The Merry-Go-Round est sorti sur le label A&M en 1967.

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