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Cate Le Bon, Reward (Mexican Summer / Modulor)

De toutes les belles lignes qui frappent durant Reward, « solitude is wrinkles in the dirt » (la solitude est les replis dans la saleté), est celle qui vient soudain tendre l’air à l’écoute de ce nouvel album de Cate Le Bon. Je me souviens d’un passage dIdiotie dans lequel Pierre Guyotat racontait avoir pris conscience de sa puissance poétique en tentant de « rafraîchir l’air à la faveur des mots » : à mes oreilles, « solitude is wrinkles in the dirt », ça jette un froid. Du froid, il y en a pourtant peu dans ce Reward qui curieusement débute à Miami – quand bien même il n’y fut ni écrit, ni enregistré, bien au contraire – dans une luxuriante entrée au matière. Une fois les arrangements, et leur discrète étrangeté, installées, la chanteuse galloise joue du dispositif : il n’est question de la Floride qu’à l’arrivée du refrain, les couplets eux glissent l’auditeur dans un état rêveur et déconcertant qui ne s’approfondira que davantage. « Move with me » intime-t-elle lors de son introduction en territoire du rêve. Continuer la lecture de « Cate Le Bon, Reward (Mexican Summer / Modulor) »

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Julia Holter, Aviary (Domino)

Julia Holter Aviary— Ça te dit d’écrire sur le prochain Julia Holter ?
— Oui.
Et voilà. Et nous voilà, là.
L’actualité musicale me rattrape rarement. Ça prend du temps d’écouter un disque, de l’écouter vraiment et donc longtemps. Mes amitiés musicales sont souvent réservées, suspendues, abritées, lentes.
Question récurrente : comment font-ils pour savoir, eux, ce qu’ils pensent d’un disque en si peu de temps, ceux qui écrivent quelques mots dessus chaque mois et parviennent à le faire avec pertinence et précision, et sans trop de fautes ?
Je sais, moi, que les avis de bonne foi changent ou s’érodent aussi, souvent chez les critiques que je lis le plus – peut-être que j’en lis de moins en moins. Pas parce qu’il y en a trop, ou le numérique, ou je ne sais quoi. Juste que ça ne m’intéresse plus autant, ou différemment.
Je sais aussi que certaines évidences frappent immédiatement, que d’autres voient leur impact retardé des jours, des semaines, des mois, des années.
Ça paraît difficile d’être critique et d’avoir un agenda de son goût. Continuer la lecture de « Julia Holter, Aviary (Domino) »