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Ari Roar, Made To Never Use (Autoproduit)

Ari RoarLe texan Ari Roar – projet autarcique du chanteur/compositeur Caleb Campbell, qui assure peu ou prou l’ensemble des instruments – est l’un des secrets les mieux gardés de l’indie-pop américaine, l’un des plus doués aussi. Le garçon est apparu à la fin des années 2010, signant deux belles collections de vignettes pop au format de poche (Calm Down en 2018 sur le label Bella Union et Best Behavior en 2019, déjà autoproduit) aussi indolentes que pourtant d’une furieuse inventivité. Made To Never Use, dernier effort en date, essentiellement disponible pour l’instant sur Spotify, est une nouvelle fois un petit bonheur de disque bref, concis et totalement accrocheur. Continuer la lecture de « Ari Roar, Made To Never Use (Autoproduit) »

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« Six Hills », nouveau cours-jus des bataves underground Lewsberg

Lewsberg
Lewsberg / Photo : Els Kuijt

L’écrivain contemporain Néerlandais Robert Loesberg aura laissé une trace dans le monde du rock indépendant au Pays-Bas. Un son pop et répétitif, des textes désabusés influencés par ses lectures dans les morceaux de Lewsberg en sont le témoin. La formation de Rotterdam revient le 15 Avril chez Speedy Wunderground avec un 45 tours, ce sera la première sortie du groupe sur un label pas des moindres pour ces habitués à l’autoproduction. Après In Your Hands, dernier album plus policé et moins bourdonnant, le groupe revient à ses premiers amours soniques qui rappellent bien évidemment le Velvet Underground mais aussi des formations comme les Feelies et Performing Ferret Band. La mélodie entêtante mais rêche de Six Hills, sa batterie métronomique et le long moment instrumental tortueux parfaitement dosé devraient ravir tout le monde, du néophyte au fan absolu du groupe.


Le 7 » Six Hills de Lewsberg est en précommande sur le site de Speedy Wunderground.

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Autechre, Chiastic Slide, 1997 / LP5, 1998 (Warp Records)

La séquence 1997-1998 est charnière dans l’évolution du genre IDM. Un moment qui a marqué la progressive mise à distance d’une matrice post-rave en direction d’une exploration des marges les plus déviantes du dancefloor ou d’une écriture plus pop d’un côté – Aphex Twin, Boards of Canada, Bogdan Raczynski. Pour, d’un autre, voir un grand nombre de musiciens s’engager dans le formalisme et le conceptualisme arythmique – du label Mille Plateaux à la laptop music des labels Mego ou Raster-Noton par exemple. Assurément, Sean Booth et Rob Brown ont choisi d’emprunter la deuxième voie, au point d’en incarner l’une des formes idéal-typiques : c’est ce qui frappe à la réécoute de Chiastic Slide (1997) et du LP5 (1998), deux disques réédités au mois de novembre par Warp Records, qui renvoient à un tournant esthétique majeur dans une œuvre que l’on peut rétrospectivement appréhender selon certaines lignes de force. Continuer la lecture de « Autechre, Chiastic Slide, 1997 / LP5, 1998 (Warp Records) »

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Jake Xerxes Fussell, Good And Green Again (Paradise Of Bachelors/Modulor)

Il y a souvent quelque chose d’ingrat à fréquenter trop assidument les traditions archaïques. Pas facile d’y puiser, en tous cas, autre chose que ces mises en perspective qui surplombent et écrasent un peu les velléités d’expression singulière. Trop de recul historique tend parfois à tuer l’intime, à le noyer en l’incluant dans du gigantesque ou du massif. Jake Xerxes Fussell publie depuis sept années des albums de folk au sens le plus littéral du terme, sur lesquels il interprète essentiellement quelques-unes de ces œuvres sans âge ni auteur précisément déterminés qui ont fini par constituer un patrimoine populaire pour érudits. Et, pourtant, il parvient à chaque fois – et mieux encore sur ce quatrième essai, sans doute le plus plein et le plus abouti – à incarner ces chansons avec une humanité vivante et personnelle qui suffit à balayer d’un seul geste la poussière qui stagnait sur les pages des grimoires dont elles sont extraites. Continuer la lecture de « Jake Xerxes Fussell, Good And Green Again (Paradise Of Bachelors/Modulor) »

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Climats #2 : Jean Eustache, Claire Marin, Jana Horn

Joseph Mallord William Turner, Ostende (1844)

This could be the saddest dusk ever seen
You turn to a miracle high-alive
Michael Stipe

Peut-on écouter Vauxhall and I de Morrissey sous le franc soleil de juillet ? Et un Antônio Carlos Jobim empêtré dans un crachin de février, c’est toujours du Antônio Carlos Jobim ? Climats met en avant les sorties disques et livres selon la météo.

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Selectorama Livres : JB Hanak

JB Hanak
JB Hanak

Il fut un temps où Jean-Baptiste Hanak n’avait pas franchement volé son surnom de mec le plus drôle d’internet. Autant d’inconscience affirmée (et c’est parfois encore le cas, son compte twitter est particulièrement finaud) et de réactivité sur des sujets proactifs dont même lui se fout éperdument ne peuvent faire obstacle au fait que la vie est passée par là et que, mine de rien, diverses saloperies dont une belle, la perte de son grand frère Fred Hanak, avec qui il menait une guerre souterraine sous le nom de dDamage, lui ont sûrement imposé, sinon, une sagesse, parfois une pudeur et l’envie de retracer leurs aventures hautement improbables. Pratiquant l’animal depuis plusieurs décennies, je peux dire que cet humain (après tout) est à la fois autant hypersensible qu’épuisant. Mais une vraie considération nous préoccupant au-delà d’une haute fanitude pour le groupe grunge originel Mudhoney (dont il a finalement réalisé une pochette, eh ouais, la classe, un peu) et après plusieurs rendez-vous avortés (à propos de son disque avec Pierre Richard, de sa BO pour l’ultime prestation de Brigitte Lahaie, et surtout pour cette pizza que tu m’as promise à la suite d’un pari perdu d’avance, et que tu me dois toujours, salopard de merde) j’ai décidé de prendre le trublion par les sentiments en changeant drastiquement de sujet. Ça tombait bien puisqu’il (en plus de tout le reste) vient de publier un livre intitulé Sales chiens chez Léo Scheer. Et ce livre, aussi court, nocif et nonobstant exaltant qu’une pointe de mauvais speed polonais au petit matin, se lit comme un témoignage effarant de quelques aventures vécues en tournée. C’est rapide, perturbant, épuisant et c’est un lien qu’il tisse avec celui qui est parti, c’est une scansion qui ne demande qu’à perdurer et dont on espère (lire) la suite. Sans jamais compter sur aucune forme de relâchement. Donc on sort des dix morceaux du Selectorama, et on passe aux dix livres qui font ce qu’il est. Et franchement, ça n’était pas le pire galop d’essai pour cette nouvelle rubrique. Prenez-en de la pointe de couteau au petit matin. Sous vos applaudissements. Et je rajoute que si vous n’avez jamais lu Donald Goines, je vous plains et je vous envie à la fois. Continuer la lecture de « Selectorama Livres : JB Hanak »

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Selectorama : JJ Ulius

Monokultur
Monokultur
L’an dernier, un nom mystérieux avait surgi du néant : JJ Ulius, un suédois dont la seule particularité concrète était sa géolocalisation, du côté de Södra Hamngatan à Göteborg. Son formidable premier album aux compositions ténébreuses et bancales, laconiquement intitulé VOL I avait suivi celui paru sous le nom de Monokultur, Ormens Väg, composé aux côtés de Elin Engström (avec qui il partage aussi un autre alias, Skiftande Enheter) pour son label Mammas Mysteriska Jukebox.
Nous en parlions en ces termes : « Cette collection de rêveries sonores marie dans les limbes le familier et l’étrange. Tout au long de ce disque, on repère de nombreuses influences qui semblent limpides : ici Grouper, là Peaking Lights, His Name Is Alive, Delia Derbyshire ou encore Scientist. » En cette fin d’année, nous avons été quelques-uns a saluer la beauté singulière de cet album hors du temps dans nos comptes-rendus de l’année, l’occasion rêvée d’interroger l’homme sur ses morceaux de chevet. Bonne nouvelle, sa sélection prouve la vivacité d’une scène suédoise qui mérite bien plus qu’une attention lointaine.

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Poupard, Cérémonie Malgache (Choléra Cosmique)

« Au pied de ton immeuble
tu descends tes poubelles

Tes deux mains dans la merde
Je t’attends bouche ouverte

Pour te dire que je t’aime
et avaler celle pour laquelle
j’ai patienté 13 heures devant un HLM

J’aurais préférer aller à H&M »

On ne sait pas trop sur quel pied danser avec ce couple de Grenoble (Poupard, donc : Laurie et David) qui consigne des petites tranches de vie sur 4-pistes (visiblement pour la troisième fois, parce qu’on a pas tout suivi, il faut bien l’avouer). Une étonnante chanson faussement réaliste piano-voix qui fait mouche en préambule (Le pont de ma jeunesse), des séquences de talk over sur un petit mur de son qui galope (l’adorable et effrayant Coma où un fil  semblerait pouvoir se tisser naturellement avec Bambi de Diabologum période Palladium Rock  ou Heaven Boulevard, par exemple), un duo garçon-fille forcément réussi (Pendant des mois), pas parce que c’est, en grammaire pop, mon exercice favori, mais parce qu’on dirait une version disloquée d’un duo Jacky-Lio qui me colle à la peau en ce moment, Un flic au coeur tendre  concourant, lui, au prix du plus mélancolique hommage à nos génériques télé des années 80 (entre Cosma et De Roubaix). Mais vous n’étiez pas nés pourtant ? Vous connaissez Kojak, sérieux ? Continuer la lecture de « Poupard, Cérémonie Malgache (Choléra Cosmique) »