Selectorama : JJ Ulius

Monokultur
Monokultur
L’an dernier, un nom mystérieux avait surgi du néant : JJ Ulius, un suédois dont la seule particularité concrète était sa géolocalisation, du côté de Södra Hamngatan à Göteborg. Son formidable premier album aux compositions ténébreuses et bancales, laconiquement intitulé VOL I avait suivi celui paru sous le nom de Monokultur, Ormens Väg, composé aux côtés de Elin Engström (avec qui il partage aussi un autre alias, Skiftande Enheter) pour son label Mammas Mysteriska Jukebox.
Nous en parlions en ces termes : « Cette collection de rêveries sonores marie dans les limbes le familier et l’étrange. Tout au long de ce disque, on repère de nombreuses influences qui semblent limpides : ici Grouper, là Peaking Lights, His Name Is Alive, Delia Derbyshire ou encore Scientist. » En cette fin d’année, nous avons été quelques-uns a saluer la beauté singulière de cet album hors du temps dans nos comptes-rendus de l’année, l’occasion rêvée d’interroger l’homme sur ses morceaux de chevet. Bonne nouvelle, sa sélection prouve la vivacité d’une scène suédoise qui mérite bien plus qu’une attention lointaine.

JJ Ullius
JJ Ullius

JJ Ulius : « J’ai fouillé dans un grand nombre de playlists de l’année indie, parfois mainstream, et je n’ai pas vraiment réussi à m’identifier à la plupart de ce que j’ai écouté. J’ai essayé de comprendre, mais j’ai eu l’impression d’être totalement déphasé. Voici dix morceaux issus de l’année achevée que j’ai vraiment aimés. Après les avoir rassemblés, je me suis rendu compte qu’ils étaient presque tous composés par des gens que je connais de près ou de loin, qui sont soit des proches, ou alors des amis d’amis. C’est un sentiment vraiment agréable de se sentir appartenir à un réseau de gens qui me font me sentir à la maison, et penser que je ne suis pas seul avec mon idée de ce qui est bon dans ce monde. »

01. Astrid Øster Mortensen, Hvor Kommer Mørkret Fra?

Astrid est une amie qui habite à Göteborg mais est originaire du Danemark, et ce disque est sorti cette année passée et m’a bouleversé. Encore un immense talent qui émerge soudainement de cette scène. Quand est-ce que cela va-t-il s’arrêter ?
02. YL Hooi, Stranger

Mon genre musical préféré est précisément celui-ci. Minimal et poétique, une sensibilité pop, DIY, électronique, des voix cool et distantes. Ça me fait penser à Dome ou A.C. Marias. C’est apparemment une reprise d’un morceau rock.
03. Enhet För Fri Musik, Orden Du Aldrig Säger

EFFM sont les maîtres de Göteborg, et sur ce disque chaque membre de notre gang est au top de sa forme. La voix douce de Sofie et l’écriture minimaliste. Le lyrisme sincère d’évier de cuisine (peut-être une référence à cela, ndlr) et cette façon de jouer de la main gauche. Un millier d’émojis cœur ne suffisent pas. Je ne ferais pas de musique comme j’en fais si ce n’était pas pour ces gens.
04. CIA Debutante, People Who Wait

Je suis tombé sur une photo d’un chanteur pris par l’icône de la mode Hedi Slimane, et j’ai pensé que c’était vraiment drôle lorsque l’on pense à cette obscurité hostile et souterraine que CIA Debutante révèle. Est-ce que cette musique deviendra à la mode en 2022 ? Si c’est le cas, je ne saurai plus du tout qui je suis à la fin.
05. Lewsberg, All Things

J’ai vu Lewsberg sur scène il y a quelques semaines. C’était comme Kraftwerk jouant des morceaux du Velvet Underground. Tout est parfaitement exécuté, la production est l’une des meilleures que j’ai pu entendre en 2021.
06. Troth, Balancing Arc

Cet album est une des meilleures sorties avec Lewsberg et EFFM. Je ne sais quoi en dire de plus. De l’excellent travail dans le même esprit que YL Hooi, mentionné ci-dessus. Comme chaque titre sur cette liste, ce morceau mérite tellement plus d’attention.
07. Treasury of Puppies, Lollos Dagbok (part 2)

Il s’agit de mes amis Charlott et Joakim, qui jouent au synthé MicroFreak en lisant un journal intime. Lollo, la propriétaire de ce journal, n’est absolument pas au courant de ce qui se passe, et je me demande d’ailleurs ce qu’elle fait en ce moment, et ce qu’elle penserait si elle savait que quelqu’un lit ces lignes à haute voix sur de si jolies lignes de synthé.
08. Makthaverskan, Closer

Sans doute le plus « gros » morceau de cette liste. De très belles pop songs venant de gens formidables. Monokultur a joué en première partie de leur groupe plus tôt dans l’année, c’était dingue de jouer devant 600 personnes qui attendaient des chansons qui ressemblent à celle-ci. Un certain nombre d’entre eux ont cependant apprécié !
09. Jonnine, The Tides Do That with Me

Juste génial, elle a un chien très mignon, pas d’autre commentaire.
10. Lawrence Le Doux & Roger 3000, Creme

J’ai trouvé cette chanson sur la boutique en ligne de All Night Flight, elle sonne un peu comme le morceau de Police, Every Breath You Take, mais avec une sonorité très low-fi. Ce morceau a une luminosité magnifique. Je l’ai immédiatement cherché sur YouTube pour trouver plus d’informations sur le projet. Tout d’un coup, ce type avec un t-shirt JJULIUS (il y en a eu 20 au total) apparaît sur l’écran de mon ordinateur, passant des disques lors d’un DJ set, et je me suis souvenu que j’avais du en vendre cinq à des gens que je ne connaissais pas. Ça m’a rendu si heureux.
11. Cucina Povera, Rushmoren Sipulihöyryt (Saniaiset)

Ce titre n’est malheureusement pas sur YouTube. Tout dans ce morceau est majestueux. Les vocaux sont expressifs, chargés d’un sentiment dans un style qui n’est pas commun aux genres que j’apprécie. Le finlandais est également une langue qui ajoute de la grandeur à cette chanson.


L’album de Monokultur, Ormens Väg et celui de JJ Ulius, VOL I sont disponibles sur le label Mammas Mysteriska Jukebox. A venir, un nouvel EP de Skiftande Enheter,  Öppna Landskap le 18 février prochain.

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