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Borne d’écoute : Some Exercise

Some Exercise
Some Exercise / Photo : Cheyenne Crib

Après un unique titre tendu et fiévreux sorti en 2021 (Some Bias), auréolé d’éloges de radios universitaires et autres blogs obscurs, Sam Pichonsky s’est remis à enregistrer en solo et a produit en deux temps – trois mouvements l’ébauche de ce qui deviendra ce Dolphin Debut EP. Une phase instrumentale assez rapide sur laquelle il a mis du temps à y incorporer des textes, inspirés par la canicule d’été, les commentaires YouTube de ses balades numériques, mais aussi des écrits de Lydia Tomkiw et Aleksandar Ristovski. Le single Cop Dog Anecdote, musicalement proche de pointures telles que Josef K ou Suburban Lawns pour les plus anciens, Deliluh et Women pour les plus contemporains, révèle une guitare cinglante et répétitive, et sa rythmique quasi dub des cinquante premières secondes laisse place à une montée puissante mais contrôlée dans laquelle la voix suave de Sam se noie. Ce petit bijou sortira le 14 Janvier chez Urticaria, le label-distributeur Nantais que l’on aime beaucoup (l’artwork est d’ailleurs signé par le boss Robin Roche), ainsi que chez Contact Minimal, label de Montréal.

Notez que Urticaria sera présent au Marché de Noël des labels indépendants à L’international à Paris ce samedi 18 décembre.

Dolphin Debut EP par Some Exercise sortira sur le label Urticaria.

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Cindy, 1:2 (Tough Love Records / Paisley Shirt Recordings / Mount Saint Mountain)

CindyOctobre 2021. Un échange de regards à la billetterie de l’International, un concert qui se prolonge en after, un baiser, une demoiselle qui monte dans mon Uber et… range les épices de mon tiroir, une nuit de sommeil, deux pains au chocolat partagés puis… plus rien. Cœur d’artichaut plus vraiment arrosé depuis quelques mois, je sais que mon moral des deux-trois prochains jours ne sera pas des plus réjouissants. D’autant plus que j’enchaîne cette soirée terminée sur les coups de l’heure à laquelle je me réveille quand je vais à la fac par un shift au vestiaire de la salle/club suscitée, shift qui lui aussi se termine à l’heure à laquelle je me réveille quand je vais à la fac. Par chance, 1:2, dernier album de Cindy en date – après Cindy en 2018 et Free Advice en 2020 – vient d’atterrir sur Spotify. Continuer la lecture de « Cindy, 1:2 (Tough Love Records / Paisley Shirt Recordings / Mount Saint Mountain) »

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Wookie, Wookie (S2S Recordings, 2000)

La dance music se prête historiquement mal au format album. Elle semble s’épanouir en maxi ou sur les mixes CD, désormais quasi-disparus. Logique si nous tenons compte de sa qualité première : elle est là pour faire battre le cœur des écumeurs de clubs et les garder le plus longtemps sur la piste. Cette fonctionnalité première du genre s’accommode ainsi difficilement d’un format porté par le jazz puis le rock, à partir du milieu des sixties. La narration n’est tout simplement pas la même. Wookie (2000), l’unique album de Wookie, est une des exceptions à cette règle. Continuer la lecture de « Wookie, Wookie (S2S Recordings, 2000) »

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Bill Callahan & Bonnie « Prince » Billy, Blind Date Party (Drag City)

Bill Callahan & Bonnie "Prince" Billy Blind Date Party En principe, il n’y a pas, dans le rock, grand-chose de plus vain, ennuyeux et déprimant que l’idée d’un album de reprises. Bien sûr, il existe quelques exceptions, des disques très réussis comme le Nilsson Sings Newman (1970) de Harry Nilsson, le Cover Magazine (2002) de Giant Sand ou le très beau To Willie (2009) de Phosphorescent, mais, dans l’ensemble, l’exercice semble plutôt réservé à des artistes souffrant d’un manque criant de créativité. Et le fait que Will Oldham en soit déjà à son septième opus du genre (en comptant les disques de réinterprétations de ses propres chansons) depuis 2004 en dit malheureusement assez long sur le lent déclin de son œuvre depuis qu’il a adopté le pseudo de Bonnie “Prince” Billy. Pourtant, Will Oldham est également l’un des rares à maîtriser l’exercice. Certains de ses disques du genre, Greatest Palace Music (2004), The Brave and the Bold (2006), enregistré avec Tortoise, ou l’excellent EP Ask Forgiveness (2007), figurent même parmi ses plus belles réussites depuis vingt ans. Continuer la lecture de « Bill Callahan & Bonnie « Prince » Billy, Blind Date Party (Drag City) »

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Jean-Hervé Peron (Faust) : « Nous étions autodestructeurs »

Faust
Faust en 1971 / Photo : Juergen d. Ensthaler

Cinquante années après la sortie de son premier album, Faust reste un groupe dont beaucoup connaissent le nom, mais peu connaissent la musique. Polydor, leur premier label, pensait pourtant signer les Beatles Allemands. Si le parallèle fonctionne au niveau de l’innovation technologique, des expérimentations et d’une influence pour les artistes des décennies à venir, dans sa première incarnation, les membres de Faust ont, à l’opposé, donné le meilleur d’eux-mêmes pour s’assurer un suicide commercial constant. Tensions internes, refus de tout compromis, concerts chaotiques, tout était réuni pour créer un cocktail explosif et une musique hors norme et exceptionnelle. Le coffret 1971-1974 récemment sorti chez Bureau B permet de mesurer à quel point leurs idées ont été empruntées par The Fall, Sonic Youth, Joy Division, PIL et tant d’autres. C’est à l’occasion d’un étonnant concert Faust IV donné fin novembre au festival BBMix de Boulogne-Billancourt que Jean-Hervé Péron, membre fondateur de Faust, nous a accordé une interview rétrospective dont les détails et les anecdotes permettent de réaliser à quel point ce groupe a été et restera hors norme. Continuer la lecture de « Jean-Hervé Peron (Faust) : « Nous étions autodestructeurs » »

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Hand Habits, Fun House (Saddle Creek)

On appelle tel disque, dans l’embarrassant jargon de la critique francophone, un grower.

Un disque qui grandit.

Et qui nous grandit.

Et tel il est, ou mieux encore, un disque casse-pied, un formidable disque, un disque qui enseigne, qui ne se range pas en trois minutes comme une agréable paire de chaussons prête à être dégainée. Les choses bougent. Elles passent. Sans place.

En cherchant trois mots à placer en entrée de chronique – ça donne du cœur à l’ouvrage – ça sort de la zone de confort – je suis tombé nez à nez avec un mujo seppo de Shundo Aoyama à la conclusion inévitable : “Seul l’être humain se plaint de la nature transitoire de toute chose.” Qu’il vaut mieux glisser discrètement dans le ventre des choses. Continuer la lecture de « Hand Habits, Fun House (Saddle Creek) »

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Selectorama : Bobby Would

Bobby Would
Bobby Would

En janvier dernier, les lecteurs de Section 26 avaient pu se délecter – en avant-première -, de deux excellents titres extraits du deuxième album de Bobby Would, World Wide World (sorti sur le label Low Company). Il ne fait désormais aucun doute que ce disque captivant restera parmi les plus réussis de l’année 2021. Avec son atmosphère hypnotique et étrange, aux accents parfois presque orientaux, ses guitares carillonnantes et lumineuses se mélangeant à des mélopées sépulcrales envoûtantes, ses nappes de synthétiseurs aux sonorités old school, World Wide World nous plonge dans un monde parallèle. Exigeante et audacieuse mais sans jamais verser dans l’autisme de certaines productions expérimentales, la musique de Bobby Would parvient à faire cohabiter élégamment exploration sonore et lisibilité mélodique.

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Mo Troper, Dilettante (Bobo Integral)

Dilettante. Le mot est lâché. Comme un paradoxe, si on entend par là l’incapacité d’accomplir, par défaut de volonté ou de ténacité, le travail artistique jusqu’à son terme. Quatre albums – et même un peu plus – en cinq ans : Mo Troper n’est manifestement pas de ceux qui rechignent à l’effort. Généralement adepte de la basse fidélité, le musicien de Portland s’était même risqué pour son précédent album – Natural Beauty (2020) – à gommer quelques aspérités sonores et à peigner quelques-unes des mèches rebelles de ses chansons ébouriffées. Le résultat était en tout point remarquable – du Jellyfish en cure d’austérité budgétaire, pour résumer – mais était passé à peu près totalement inaperçu en plein printemps confiné. Déçu et sans doute un tantinet frustré, Troper s’en est retourné à ses premières passions bricolées. En Dilettante, donc, au sens le plus noble du terme, puisqu’il s’agit ici de vivre plusieurs vies pour composer plusieurs albums à la fois. S’engager dans l’impulsion du moment, accompagner en amateur la sensation isolée ou l’impression éphémère qui s’élèvent au rang d’expérience artistique. Et ce vingt-huit fois de suite. Vingt-huit, c’est bien le nombre de morceaux enregistrés à domicile en moins d’une semaine qui composent donc ce kaléidoscope musical touffu et fascinant. Continuer la lecture de « Mo Troper, Dilettante (Bobo Integral) »