Selectorama : Bobby Would

Bobby Would
Bobby Would

En janvier dernier, les lecteurs de Section 26 avaient pu se délecter – en avant-première -, de deux excellents titres extraits du deuxième album de Bobby Would, World Wide World (sorti sur le label Low Company). Il ne fait désormais aucun doute que ce disque captivant restera parmi les plus réussis de l’année 2021. Avec son atmosphère hypnotique et étrange, aux accents parfois presque orientaux, ses guitares carillonnantes et lumineuses se mélangeant à des mélopées sépulcrales envoûtantes, ses nappes de synthétiseurs aux sonorités old school, World Wide World nous plonge dans un monde parallèle. Exigeante et audacieuse mais sans jamais verser dans l’autisme de certaines productions expérimentales, la musique de Bobby Would parvient à faire cohabiter élégamment exploration sonore et lisibilité mélodique.

Robert Pawliczek, le touche-à-tout poly-talenteux qui se cache derrière Bobby Would (et pléthore d’autres projets dont des installations d’art contemporain qu’il imagine dans la station service où il vit à Vienne), nous a fait l’honneur de sélectionner quelques titres qu’il affectionne particulièrement.

« Pas facile de sélectionner mes titres préférés de tous les temps, alors je vais choisir ceux qui m’enthousiasment toujours autant aujourd’hui. J’aurais pu faire une liste consacrée à la musique électronique minimaliste, une autre comprenant The Clean ou les Televison Personalities, ou encore une incluant du Peter Gutterridge ou du Phantom Payn… »

01. Orion, Sexy Alien


Quand j’ai joué avec ces gamins pour la première fois à Sydney en 2018, j’ai eu l’impression d’être sur une autre planète. Cette chanson en particulier m’a vraiment conquise totalement, car elle synthétise tout ce que j’aime dans ce genre de musique. On me les avait présentés comme les nouveaux New Order, en plus jeune et plus frais, ce qui m’a conduit à tout faire pour éviter leurs trucs new-orderesques, et cette chanson prouve qu’ils ont vraiment leur propre identité. Tous les projets et les podcasts de Yuta [Matsumura] sont vraiment bien. R.I.P Orion.

02 Low Life, Rave Slave


Les mélodies hyper percutantes de Low Life m’ont toujours scié la caisse et c’est encore le cas aujourd’hui. Je les ai vus en live dans un pub merdique de Sydney, et Mitch avait du mal à chanter tellement le public était à fond et chantait à sa place. Ils viennent juste de sortir un nouvel album From Squats To Lots : The Angony and WTC Of Low Life – sorti chez Alter Records – et qui, comme je m’y attendais, est énorme.

03. Charlie Megira, Tomorrow’s Gone


Comme beaucoup de gens qui traînent dans les mêmes concerts que moi, qui s’intéressent aux mêmes artistes, je voyais Megira comme ce mec plus vieux, bizarre, qui portait toujours des lunettes de soleil, taiseux. Mais quand il a mis fin à ses jours [en 2016], j’ai été secoué, tétanisé ; et j’ai vraiment compris qui il était vraiment. J’étais présent au concert-hommage qui avait été donné à Tel-Aviv en sa mémoire, où une douzaine de groupes avaient repris ses chansons. Ce titre est celui que j’associe au souvenir de Gabi [le vrai nom de Charlie Megira étant Gabriel « Gabi » Abudraham].

04. Mikey Young, You feeling’ me?


Mikey Young, c’est le gars qu’on retrouve derrière la plupart des mix et des masterings géniaux de la scène post-punk australienne, et dans les inimitables Total Control. J’ai écouté la cassette de Mikey Young, Curtains, sortie chez Altered States Tapes, un nombre incalculable de fois. Cette chanson est tirée de son premier LP sorti en vinyle chez Castle Face Records et avant ça en cassette chez Hobbies Galore. Moi qui croyais en avoir fini avec les chansons à guitares…

05. Karen Marks, Cold Café (Demo)


Je suis tombé sur cette chanson il y a quelques temps, en écoutant un mix de ERF Radio, qui diffuse à Sydney. Karen Marks est une figure emblématique de la scène minimaliste de Melbourne. Tout ça a été produit par le claviériste expérimental Ash Wednesday à Melbourne, en 1981. La version demo me plaît encore plus.

06. Carl Finlow, Anomaly


Je n’ai pas grand chose à dire à propos de cette chanson. Carl Finlow a commencé à se produire dès le début des années 1990, alors que je n’étais encore qu’à l’école. Il passe aujourd’hui la plupart de son temps à Paris. Je n’ai pas encore fait le tour de la moitié de ce qu’il a pu faire – y’a des milliers de trucs à écouter-, mais ce que je peux dire que cette chanson est parfaite pour conduire sur l’autoroute.

07. Electronic Circus, Direct Lines


Ce titre euphorique me rappelle l’époque où j’essayais désespérément de vivre à Berlin. Cette chanson était sur leur 45 tours sorti en Angleterre en 1981, Direct Lines / Le Chorale chez Medical Records : « Jette un regard vers l’est ou l’ouest et cherche les lignes au-dessus de ta tête » ; » Je ne peux pas dire que ça m’inquiète maintenant », dit-il, « car ça pourrait ne jamais venir »…

08. The Moffs, Another Day In The Sun


Du rock psychédélique de 1984, par un groupe de Sydney, de l’écurie Citadel Records. Je ne peux pas vraiment décrire toutes les bonnes choses que m’inspire cette chanson. Enjoy !

09. Hornsey At War, Hornsey At War


A chaque fois que j’ai essayé de monter un groupe de punk ces dernières années, j’ai fait écouter cette chanson au reste des membres du groupe. Ce truc est tout simplement parfait , impossible à imiter. Le prototype même de l’anarcho-punk DIY de la fin des années 1970. Cette chanson est tirée de leur EP/LP Deadbeat Revival. Ils ont ouvert leur propre label, War Records, pour sortir ce disque.

10. Can, Millionenspiel (from The Lost Tapes)


The Freak m’a fait découvrir ça. Moi qui croyais tout connaître du Krautrock allemand, il m’a démontré le contraire ! Ce titre est extrait des Lost Tapes.

11. Solid Space, 10th Planet


Mon pote Toby a fait quelques cassettes pirate à Berlin il y a près de 7 ans, peu avant que Dark Entries le ressorte. Space Museum est devenu un hymne, j’ai toujours la cassette, mais je n’ai malheureusement jamais pu mettre la main sur le vinyl soigneusement remasterisé.

12. Len Liggins, All The Dead Men


Le légendaire Len Liggins. Pas la peine de faire des recherches sur lui. J’ai récemment acheté 1982-1985, sorti chez Mauerstadtmusik. Je ne peux vraiment écouter ça que quand je suis tout à fait calme. Cette chanson et Bye Bye Brenda ressortent vraiment du lot. Bye Bye Brenda sonne comme les Smiths en mieux, et celle-ci n’a rien à voir. Comme la plupart des chansons de Len Liggins : rien à voir avec le reste.


World Wide World de Bobby Would est disponible sur le label Low Company.

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