Catégories selectoramaÉtiquettes , , ,

Selectorama : Marina Allen

Marina Allen
Marina Allen / Photo : Garret Miller

Il aura suffi de moins de vingt minutes et sept chansons pour comprendre que Marina Allen est une artiste qui va compter. Candlepower, son premier et court album, est habité d’une grâce rare. Pour se faire une idée, imaginez un croisement entre le vivier qu’était la scène de Laurel Canyon au début des 70’s et le talent que des artistes comme Sharon Van Etten ou Angel Olsen ont mis des années à développer. Candlepower est un disque cérébral réussissant le tour de force de ne pas ennuyer malgré sa diversité, mais plutôt de captiver et d’intriguer. Marina Allen fait partie de ces artistes animés par une vision et une détermination sans faille. Si l’album est plus ou moins minimaliste, chaque détail a son importance. Sa décision de produire seule une partie des morceaux n’y est sans doute pas pour rien. Le son ample et chaleureux, le chant tout en subtilité sont des invitations à voyager dans une dimension parallèle. Une dimension où la beauté, la tristesse, le drame et l’amour ne font qu’un. Les morceaux qu’elle a sélectionnés pour nous en sont le parfait reflet. Continuer la lecture de « Selectorama : Marina Allen »

Catégories sous surveillanceÉtiquettes , ,

Sous Surveillance : Delivery

Delivery
Delivery / Photo : Sam Harding

Qui ?

Delivery, toute nouvelle formation Australienne est composée de…
Rebecca Allan : basse et chant
James Lynch : guitare et chant
Lisa Rashleigh : guitare et chant
Seamus Whelan : guitare
Daniel Devlin : batterie

Tout ce beau monde joue également dans Gutter Girls, Future Suck , The Vacant Smiles, Kosmetika, House Deposit, Polly and the Pockets, Blonde Revolver, soit un panel plutôt représentatif de la scène foisonnante qui vit de ce côté-là de l’hémisphère.

Où ?

Melbourne, Victoria : The best city in the world, dixit Daniel.

Continuer la lecture de « Sous Surveillance : Delivery »

Catégories chronique nouveautéÉtiquettes , , , ,

Quivers, Golden Doubt (Bobo Integral/Ba Da Bing !)

Quivers Golden DoubtCe n’est pas tous les jours qu’on se reconnecte à soi au détour d’un disque. Même si l’on a pris l’habitude de vivre avec les versions successives de soi-même, la superposition reste, la plupart du temps, un peu cloisonnée. Comme pour tout le monde, l’adolescence a façonné nos goûts de façon déterminante mais trop de choses ont changé pour que la continuité demeure autrement que sous la forme résiduelle de la nostalgie attendrie. Réécouter les albums qui ont nourri ces premières passions, procure généralement la même impression que la contemplation des photos d’enfance :  les traits sont les mêmes, bien sûr, mais le temps a laissé des traces et de l’usure, y compris dans ces chansons favorites que l’on aurait aimé préserver pour toujours. On peut les retrouver, les apprécier parfois, mais combien de fois avec une fraction significative de l’enthousiasme initiale, sincèrement ? Le souvenir des premières découvertes est quasiment devenu plus précieux que le support musical lui-même, dont la fréquentation s’avère même cruelle, de temps en temps. Et quand quelques jalons se révèlent, en apparence, inaltérables, c’est qu’ils sont devenus, au fils des ans, les compagnons et les support d’interprétations nouvelles et différentes : ce sont les mêmes œuvres, évidemment, mais dont le temps a transformé l’écoute et le sens que l’on en retire, rendant la continuité largement illusoire. Continuer la lecture de « Quivers, Golden Doubt (Bobo Integral/Ba Da Bing !) »

Catégories billet d’humeur, mardi oldieÉtiquettes , , , ,

Comment mon groupe préféré m’a mis mal à l’aise – Can, Live in Stuttgart 75

Can, période Damo Suzuki.
Can, période Damo Suzuki.

La première fois que j’ai écouté Can, c’est comme si j’avais marché sur la Lune. Mon ami d’alors avait préparé cérémonieusement le moment de cette écoute, sûr de l’effet que cette musique aurait sur moi, et très excité de me la faire découvrir. Il a commencé par le début en insérant le CD de Monster Movie (1969) dans le lecteur. You Doo Right concentre déjà quasiment toute leur musique : l’intensité du chant, le groove de la basse, le cosmique de l’orgue et des claviers, la progressivité du morceau, le sens mélodique de la guitare et la rythmique hypnotique de la batterie. Je n’ai jamais rien entendu d’aussi parfait pour ma psyché et ma sensibilité. Je suis scotchée au canapé, partie dans un voyage qui durera toute une nuit. Continuer la lecture de « Comment mon groupe préféré m’a mis mal à l’aise – Can, Live in Stuttgart 75 »

Catégories interview, sunday archiveÉtiquettes , , , , ,

Suicide – Résurrection

Suicide
Suicide en 1978 / Photo : George Wilkes via Libé

On ne croyait plus entendre parler d’Alan Vega et de Martin Rev ailleurs que dans les pages rééditions des magazines rock ou dans les encyclopédies musicales. Qu’attendre alors du retour en studio de Suicide en 2002 ? Rien de bien nouveau, certes. Juste un album, American Supreme, presque à la hauteur de la légende du duo, d’une intensité jamais prise en défaut et qui confirme une fois de plus la lucidité presque effrayante de ses auteurs. Contrairement à ce qu’affirme trop rapidement le sens commun, on peut réussir plusieurs fois son Suicide. Continuer la lecture de « Suicide – Résurrection »

Catégories livresÉtiquettes , , , , , ,

« Oasis ou la Revanche des ploucs » de Benjamin Durand & Nico Prat (Editions Playlist Society)

Oasis Playlist SocietyY a-t-il encore quelque chose à écrire sur Oasis ? Tout et n’importe quoi a déjà été raconté à leur sujet. Surtout n’importe quoi d’ailleurs. Premier manager, premier batteur, grand frère, amis plus ou moins proches, beaucoup ont déjà tenté de raconter l’histoire des Gallagher dans les livres sentant souvent l’opportunisme. Souvent remplis d’anecdotes et de fables en tout genre sur les frasques et disputes de ces deux fils d’immigrés Irlandais, presque aucun ouvrage ne réussit à cerner avec intelligence le phénomène mondial qu’a été Oasis et l’importance du contexte politique, social et culturel sur son ascension météorique. Continuer la lecture de « « Oasis ou la Revanche des ploucs » de Benjamin Durand & Nico Prat (Editions Playlist Society) »

Catégories affichage libreÉtiquettes , , , , ,

Voyage, Voyage – Chloé Zhao, Jean Baudrillard, Orchid Mantis

Collage sauvage et de mauvaise foi de l’actualité culturelle de la semaine

Frances McDormand dans "Nomadland" de Chloé Zhao
Frances McDormand dans « Nomadland » de Chloé Zhao

Il y a quelques jours, je regardais ce documentaire passionnant concernant Michael Cimino. Jean-Baptiste Thoret, le réalisateur, nous faisait prendre la route pour ainsi dire, cette route immense et large où chaque voyageur peut projeter ses rêves et désillusions. Les paysages, grandioses, ont toujours quelque chose de remarquable et de menaçant chez Cimino. Une pureté, un échec à taire… En découvrant un autre film, celui de Chloé Zhao, j’ai compris à quel point, certains plans, jouent à un éternel retour. Continuer la lecture de « Voyage, Voyage – Chloé Zhao, Jean Baudrillard, Orchid Mantis »

Catégories selectoramaÉtiquettes , , , ,

Selectorama : Gilb’r

Gilb'r
Gilb’r

Il a eu mille vies, à contribué à une belle poignée d’avant-gardes. Si Gilb’r habite désormais aux Pays-Bas (à Amsterdam, depuis 6 ans), il ne s’est point éloigné du nerf de sa guerre : la musique via son label Versatile. Lequel fête d’ailleurs ses 25 ans ce printemps, avec une première sortie qui avait littéralement catapulté le label au firmament de la french touch d’alors avec le légendaire Disco Cubizm d’I:Cube remixé par Daft Punk. Depuis, l’eau a coulé sous les ponts, et le boss de la maison-mère de la Folie-Régnault n’a cessé de se diversifier. De très belles signatures (Zombie Zombie, Acid Arab, I:Cube – partner in crime de toujours – ou l’album de  Parrenin / Weinrich récemment) en productions perso (Château Flight, Aladdin avec Nicolas Ker, Quixote inviant Lisa Li-Lund…), il a été l’indispensable sélecteur de Radio Nova dès 1991, et pendant des années. Pour revenir à son actualité, On Danse Comme Des Fous, son tout premier album solo vient juste de sortir, et il contient sans doute le meilleur de son univers, aussi vaste soit-il. Sur un départ aux accents de messe kraut, des bulles d’extase ambient, de la syncope en clin d’oeil à ses années Jungle Vibes (j’ai toujours le CD, je l’adore, ndlr), et un disque qui finalement, contrairement à ce que son titre On Danse Comme Des Fous suppose, ne contient pas de banger housey mais une bonne dose de génie bien supérieure. On est très fiers d’avoir le patron aux commandes d’un Selectorama pas piqué des hannetons, qui prouve son écléctisme total et sa curiosité furieuse toujours aussi vive. Continuer la lecture de « Selectorama : Gilb’r »