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Selectorama : Les Fils De Joie

Les Fils de Joie
Les Fils de Joie, Toulouse, 1983.

Il y a des concerts auxquels on a assisté et qui ont chamboulé un peu notre vie ; il y a aussi des concerts auxquels on n’a pas pu se rendre et qui pourtant nous ont tout autant marqués.

Le 30 avril 1985 est un mardi. Ce soir-là, des élèves d’une Grande École ont invité à Châtenay-Malabry deux groupes d’ici, Les Calamités et Les Fils De Joie, qui sont assez bien placés dans le Panthéon musical d’une des classes de Terminale A1 du lycée Hoche de Versailles. On n’a pas forcément les disques mais des uns, on connaît tous par cœur les paroles d’Adieu Paris – dont on préfère la version originelle, enregistrée sur une cassette vierge lors d’une diffusion sur Radio 7 (sans doute) à celle surproduite par Frank Darcel – et on aime bien Tonton Macoute et leur reprise des Ramones aussi, Havana Affair en version chaloupée ; des autres, on adore Toutes Les Nuits, sa rythmique débridée et ses paroles un peu légères, on est moins convaincu par la reprise de The Kids Are Alright – mais quand même, reprendre The Who, c’est chouette -, et puis, Pas La Peine d’essayer de résister à la pop vintage de ce groupe mixte dont le nom nous fait fondre. Continuer la lecture de « Selectorama : Les Fils De Joie »

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Sinaïve jette en pâture un single étourdissant

Sinaïve
Calvin Keller / Sinaïve dans le clip de « La Citadelle / Bis Repetita » de Fred Poulet

Depuis Strasbourg où la scène souterraine connaît un renouveau enthousiasmant, le quatuor (re)passé trio devient, force aux changements de line-up ou pas, de plus en plus percutant et centré sur l’essentiel. Ce n’est pas notre cher collaborateur Renaud Sachet (Groupie / Langue Pendue) qui nous dira le contraire, lui qui vient de réactiver son label Antimatière pour sortir ce nouvel EP de Sinaïve, groupe dont il nous avait judicieusement soufflé le mot dès le début de leur aventure discographique, vers 2019. Ici, un disque dont nous vous reparlerons bientôt, introduit par ce premier extrait La Citadelle / Bis Repetita, un single étourdissant entre fin de règne sixties et hypno(i)se dérivant dans une outro aux confins du doom. Cloitrés dans le studio de Sainte-Marie-aux-Mines chez Rodolphe Burger le temps d’une résidence, ils ont produit dans l’urgence et la tension émotionnelle un 6 titres sombre, brutal et minimal, à l’os. Comme ces silhouettes longilignes brûlées par la lumière crue de la caméra 16 mm de Fred Poulet. Continuer la lecture de « Sinaïve jette en pâture un single étourdissant »

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Les Clopes, Troa (Choléra Cosmique)

Des Inconnus à Noir Boy George, il y a un monde. On peut dire que Les Clopes navigue entre ces deux pôles extrêmes dans un brouillard épais à couper au couteau. L’histoire de la musique regorge de ces projets parallèles qui ont tout à coup pris le dessus sur les noms officiels. Comment un artiste ou un groupe dont les ambitions esthétiques sont pensées, pratiquées voit un projet d’un soir, une idée brouillonnée sur un bout de nappe imbibée prendre le dessus et revêtir une portée inespérée et – parfois – cannibale d’un point de vue populaire ? Au point d’éclipser le projet initial et jeter le trouble sur son bien-fondé. On imagine facilement que l’idée des Clopes soit née dans cette frénésie de pistes qu’emprunte Kim, tout feu tout flamme, accompagné ou pas. Continuer la lecture de « Les Clopes, Troa (Choléra Cosmique) »

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Echo And The Bunnymen, Porcupine (Korova, 1983)

Juste un peu avant d’être sanctifiés par un disque, par ailleurs relativement irréprochable, qui d’après eux-mêmes était, de facto, le plus glorieux jamais enregistré, l’excellent Ocean Rain (1984), Echo And The Bunnymen avaient pourtant déjà régulièrement touché au sublime. Alors que la concurrence effective et affective (The Cure, New Order) se sort de l’ornière maladive pour aller taquiner et le dancefloor et le futur, la fantoche entame soit un blitzkrieg abscons voire bien dégueulasse (U2, l’album s’intitule War, au moins et à défaut de la moindre finesse, ça a le mérite d’être clair) soit une chute de tension créative patente et inéluctable (Simple Minds, entre New Gold Dream qui contient au moins un bon morceau et Sparkle In The Rain qui n’en contient absolument aucun*), le groupe de Liverpool va confirmer sa posture absolument unique, et régulièrement supérieure. Porcupine, qui vient de fêter ses quarante ans, produit par Ian Broudie (aka Kingbird) sort en février 1983 et se hisse assez vite à la deuxième place du Top Ten anglais. Continuer la lecture de « Echo And The Bunnymen, Porcupine (Korova, 1983) »

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Pleasure Principle, Buvez Le Poison (Born Bad)

Trois ans après un premier album très attachant, Paul Ramon, croisé chez Bryan’s Magic Tears, Skategang, The Dolipranes ou La Secte du Futur, revient sous le nom de Pleasure Principle, son projet personnel. Toujours publié par Born Bad Records (Forever Pavot, Star Feminine Band…), Buvez Le Poison confirme la place particulière du musicien dans la scène hexagonale actuelle. Faisant le choix de s’exprimer principalement en français, Pleasure Principle pratique une pop dansante bricolée aux horizons infinis. Enregistré à la maison, sans contrainte, Buvez Le Poison a gardé de l’approche DIY un goût pour l’expérimentation. Continuer la lecture de « Pleasure Principle, Buvez Le Poison (Born Bad) »

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Climats #43 : En attendant Ana, Liv Strömquist

On dit que l’Acacia dealbata fleurit en hiver car il a gardé en mémoire sa date de floraison originale de l’autre côté du globe, en Australie.

Écouter Scott Walker en regardant la neige tomber, cela se doit se nommer la perfection ? Et Pulp sans Steve Mackey, son bassiste légendaire, c’est toujours Pulp ?

Climats met en avant disques et livres selon les aléas de la météo. Continuer la lecture de « Climats #43 : En attendant Ana, Liv Strömquist »

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Selectorama : Clément Cogitore

Karim Leklou, acteur et Clément Cogitore, réalisateur de "Goutte d'Or"
Karim Leklou, acteur et Clément Cogitore, réalisateur de « Goutte d’Or » / Photo : Laurent Le Crabe

Insaisissable, iconoclaste et polymorphe, Clément Cogitore arrive à peu près toujours où on ne l’attend pas. Plasticien, metteur en scène d’opéra, vidéaste et réalisateur, à un jeune âge (39 ans) où il donne le sentiment d’avoir vécu cent mille vies. Dans sa mise en scène des Indes Galantes à l’Opéra de Paris en 2019le lyrisme de l’opéra-ballet de Rameau se confronte à l’énergie folle des danseurs urbains. Son troisième film de cinéma est aussi sa seconde œuvre de fiction, après le documentaire Braguino (2017) consacré à la vie en autarcie d’une communauté dans la taïga sibérienne. Croyances, minorités, mémoire collective et cartographie poétique sont à nouveau au cœur de Goutte d’Or, magnétique film porté par le formidable comédien Karim Leklou, dans le rôle de Ramsès, un marabout escroc dont le destin va se disloquer au contact d’une bande de jeunes délinquants immigrés. Nous avions évidemment envie d’interroger le réalisateur sur ses marottes musicales.
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Ron Sexsmith, The Vivian Line (Cooking Vinyl)

Ron sexsmith th vivian lineRon Sexsmith a déboulé dans nos vies en 1995 avec un disque qui était programmé pour régner sur le monde. Interscope Records avait en effet recruté Mitchell Froom et Tchad Blake pour le son, Daniel Lanois pour les photographies… Il faut dire que l’ami Ron avait (et a toujours) des arguments solides. Il suffit d’écouter Secret Heart et de se lancer bercer par In Place of You pour se laisser convaincre facilement. Sexsmith a ce génie d’écrire des chansons qui ont le pouvoir de changer votre quotidien. Elles vous désarment par leur simplicité, elles vous enchantent par leur mélodie. Mais l’affaire n’a pas fonctionné. Trop ou pas assez, l’ami Ron est resté coincé dans l’ombre et a dû se résoudre à jouer les seconds rôles. Bon an mal an, il a tenté de forcer le destin en publiant une petite dizaine de disques entre 1996 et 2008. Tous réussis, ils ont eu le chic de ne jamais être à la mode dans le passé et n’ont donc pris aucune ride. Et c’est un euphémisme d’écrire qu’on tuerait aujourd’hui pour avoir un type capable d’écrire les douze chansons d’un disque comme Retriever (2004). Continuer la lecture de « Ron Sexsmith, The Vivian Line (Cooking Vinyl) »