Un mix thématique par jour à écouter en temps de confinement.
Mais pour quoi? Pourquoi tant de ciel, Pourquoi tant de mer, Pourquoi? À quoi sert cette vague qui se brise Et le vent de l’après-midi? À quoi sert l’après-midi? Paysage inutile. Peut être que tu ne viendras plus Ne reviendra jamais. À quoi servent les fleurs qui naissent Sur le chemin, Si mon chemin Solitaire n’est rien. Ce n’est rien. Ce n’est rien.
Il fait super beau, pourquoi j’irai à Reims alors qu’on a l’occasion d’aller au Touquet ? Elle n’en démord pas. A peine si je tente un tantinet d’argumenter, puis cède. Ça tenait de la gageure de lui résister. Et nous voilà partis direction la côte d’Opale dans la R5 bleue en faisant attention à ne pas croiser le camion qui a fauché Coluche deux jours plus tôt. Le soir je noie mon amertume dans un bar à buts qui retransmet Brésil-France. Peut-être qu’au moment même où à Guadalajara Bats stoppait le tir au but de Zico, à la MJC Claudel de Reims le groupe entamait une reprise du Outdoor Miner de Wire ? Je n’ai jamais su. Nous sommes le 21 juin 1986 et j’ai tout juste vingt ans. C’est la Fête de la Musique et la France de Platini accède aux demi-finales de la Coupe du Monde en sortant le Brésil de Sócrates. C’est bien. Mais je viens de rater le premier concert de Felt en France – et chacun sait qu’ils ne furent pas nombreux. Continuer la lecture de « #43 : J.C. Brouchard with Biff Bang Pow !, Someone Stole My Wheels (Creation, 1986) »
Soy Tonto!, proclamait-il déjà haut il y a bientôt treize ans sur l’un des titres de son deuxième album, Blink Of A Nihilist (2007). Nul besoin, en effet, de posséder un diplôme de troisième cycle en psychologie pour comprendre qu’il règne encore et toujours une agitation inhabituelle sous le chapeau melon de Brian Christinzio. Sa biographie officielle n’en a d’ailleurs jamais fait mystère en évoquant régulièrement quelques séjours en établissements spécialisés. Et pourtant, l’admiration que suscite une fois de plus l’homme-orchestre qui se dissimule derrière le pseudonyme de B.C. Camplight n’a pas grand-chose à voir avec la fascination un peu malsaine qu’entretiennent la plupart des autres grands givrés de l’histoire de la pop – de Roky Erickson à Daniel Johnston, la liste est longue. Nulle trace ici de délire paranoïaque ou d’exposition obscène de pathologies psychotiques. Il s’agit plutôt d’une folie douce, d’une fantaisie extrême et non dénuée d’humour. Continuer la lecture de « B.C. Camplight, Shortly After Takeoff (Bella Union/PIAS) »
Un mix thématique par jour à écouter en temps de confinement.
Si le reggae n’est pas le genre qui m’a attiré en premier, la musique jamaïcaine était déjà dans mon ADN avec les Specials, Madness et le revival ska anglais début 80. Plus tard, le Top 50 rendait impossible d’échapper à Jimmy Cliff, UB40 ou quelques clichés. Mais le déclic se fera bien plus tard, à la fin des années 90, grâce aux formidables compilations Dub Chill Out(Music Club) ou 100% Dynamite chez Soul Jazz, qui ont permis la découverte d’un continent ignoré aux multiples et passionnantes ramifications : du Shuffle des années 40 au Dancehall et Digital des années 80 et 90 en passant par le Mento, le Ska, le Rocksteady, le Reggae, le Dub ou le Ragga. Continuer la lecture de « I Like 2 Stay Home #41 : Jamaicadelica »
colère, colère, colère, tu me prends à revers, colère, colère, du terrain tu gagnes, du terrain je perds (Bertrand Betsch, 1997)
N’en déplaise aux dylanophiles, l’injonction ou mesure barrière Don’t look back, titre du fameux documentaire que D.A. Pennebaker consacra à la tournée anglaise ’65 du Zim, n’aura été que trop peu suivie. Combien de fois se sera-t-on retourné tout au long de cette série ? Sur des disques principalement, parfois oubliés, sortant miraculeusement des boîtes où ils prenaient la poussière. Sur quelques concerts et rencontres. Sur notre jeunesse, nos erreurs, nos errements et nos actes manqués (arrête couillon, on dirait du Goldman). Sur notre mémoire surtout, parfois encore vive, le plus souvent lacunaire, vagabonde voire déficiente. Au moins aura-ton tenté de le faire avec une certaine retenue. Sans déverser sa bile ou envoyer valser à travers la pièce son bol de soupe à la grimace. Il y avait de quoi pourtant, face à la parole des Tartuffes officiels ou de certains journalistes, cette cacophonie où on percevait très distinctement le son des coutures qui craquent, à force de vestes maintes fois retournées. Continuer la lecture de « #42 : Seam, Look Back In Anger (City Slang, 1992) »
RVG est sans conteste l’un des groupes australiens les plus surveillés du moment. Feral, leur deuxième album tout juste sorti chez Fire Records combine à merveille le post punk et une pop fortement inspirée des 80’s. Si l’esprit des Go-Betweens n’est jamais loin, les mélodies à la Johnny Marr apportent un peu de lumière aux textes intenses de la chanteuse Romy Vager. Une noirceur non dénuée d’un certain sens de l’humour, le trio allant jusqu’à utiliser un sample de perceuse pour neurochirurgie sur le titre Christian Neurosurgeon. Marc Nolte et Reuben Bloxham, les 2/3 de RVG ont chacun choisi une dizaine de morceaux pour un Selectorama qui foisonne de titres souvent rares et classieux issus de la scène australienne. Le groupe s’y raconte à travers des anecdotes de tournée, des souvenirs d’enfance. Vous apprendrez même quelle drogue est stockée dans le frigo du batteur depuis des mois… Continuer la lecture de « Selectorama : RVG »
Un mix thématique par jour à écouter en temps de confinement.
S’il n’avait pas fait carrière avec The Go-Betweens, Robert Forster aurait aimé être coiffeur. Les cheveux ont toujours été une des ses principales obsessions. Dans les années 80, il y avait même consacré un article dans Debris, le fanzine de Dave Haslam. Comme pour beaucoup d’entre nous dans cette dernière ligne droite du confinement, il doit se regarder dans le miroir de sa salle de bain le matin et être prêt à offrir un rein en échange d’un rendez-vous chez le coiffeur. S’il faut bien entendu relativiser, cette marotte de la coiffure incontrôlable est telle que la rédaction de Section 26 a joint ses forces pour vous proposer un mix autour des cheveux. Certains titres comme Devil’s Haircut ou The Long Hair Of Death n’ont jamais été autant d’actualité.
La première fois où je me suis fait gauler par les vigiles de la Fnac, c’est avec un CD de My Bloody Valentine sous la chemise. Un disque que je possédais déjà en vinyle. C’était pas rien, mais ça c’est bien terminé. Les types m’ont fait la leçon, puis laissé repartir en agitant des menaces en cas de récidive. S’ils avaient su le nombre de bouquins que j’avais réussi à escamoter à l’Agitateur depuis 1954. L’erreur fut donc de passer au digital. On m’y reprendra plus. Le plus drôle dans l’histoire est que je vivais justement avec une fille prénommée Valentine et que ce n’était pas funny tous les jours. 1987-92, sûr que durant ce quinquennat, les disques dans lesquels je me réfugiais ont pu m’aider à maintenir le cap. Qui sait pourtant si je n’aurai pas rempilé pour un nouveau mandat ? Sauf qu’on m’a définitivement bloqué l’accès aux urnes. Continuer la lecture de « #41 : My Bloody Valentine, You Made Me Realise (Creation, 1988) »