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Sous Surveillance : Cuticles

quotidien pop moderne since 1991
Il y a longtemps que l’on a fini par comprendre à peu près pourquoi Teenage Fanclub, plus que les autres. Tous les autres et beaucoup plus. De temps en temps, on en reprend conscience avec davantage d’intensité, c’est tout. La dernière fois, c’était en fin d’après-midi, dans la cour ensoleillée du Trabendo, il y a tout juste deux ans. L’interview était terminée, les salutations poliment échangées et les techniciens attendaient déjà pour les balances. Tout autre que Norman Blake aurait réintégré sur le champ le déroulement serré du planning qui le conduisait, étape par étape minutée, jusqu’au concert du soir. Et pourtant, simplement parce que nous avions devisé, en marge des questions prévues, sur les vertus respectives des grands oubliés de l’histoire de Creation – et donc, avec une logique implacable, évoqué 18 Wheeler – il n’avait pas hésité à dérober quelques minutes aux aiguilles déjà pressantes du chronomètre managé pour foncer en loge et copier sur une clef USB l’excellent album solo de Sean Jackson – Performs Slots (2010) – dont nous avions confessé ignorer l’existence, avec l’enthousiasme communicatif et généreux de celui qui se réjouit à la seule perspective du partage. Continuer la lecture de « Teenage Fanclub, Endless Arcade (PeMa Records) »
Il est arrivé en 4L, ou était-ce une 2 CV, dans les petites rues de Sainte-Marie-sur-Mer, près de Pornic. Il s’est présenté à nous, chemise blanche, col ouvert sur un léger foulard de soie, pantalon à pinces de couleur claire sur chaussures cirées, blazer marine à boutons dorés. Mèche de cheveux rabattue délicatement. Il était venu nous rendre visite comme promis pour l’après-midi, quelques jours auparavant, lors d’un tournoi de football rassemblant la crème de la minuscule scène pop française, amoureuse des fanzines, cassettes, 45 tours… Nous étions venus de Paris, de l’Ouest, et de l’Est du pays nous réunir à la Gaube, dans le bocage vendéen. Continuer la lecture de « Monsieur de Foursaings, Voulez-vous me faire la cour ? (1998, Escalator Records) »
Tout pourrait commencer par un souvenir, un souvenir de vingt ans. Une péniche à Amsterdam, une trentaine de personnes et puis, nous. Et puis, eux. Eux qui sont deux. L’un plutôt calme, poli, distant – introverti pour faire (trop) vite ; l’autre plutôt facétieux, bavard, rigolard – extraverti pour faire (trop) vite. Il est un peu tard – ou pas tant que ça en fait, l’automne a pris ses quartiers et c’est déjà l’heure d’hiver. La nuit est tombée, la salle est plongée dans la pénombre et ils annoncent un dernier morceau, un rappel comme improvisé parce que c’est ce que veut ce public clairsemé. Même en version dénudée – une guitare, une voix –, la chanson résonne comme un hit. Et ça n’en sera bien sûr jamais vraiment un, mais la RPM avait fait en quelque sorte une spécialité de cela : s’enticher de chansons qui auraient dû être des hits mais qui n’en sont jamais devenus… Continuer la lecture de « Kings Of Convenience, Peace Or Love (EMI) »
Lorsqu’au début de l’année 1999 on retrouve Bernard Sumner et Johnny Marr dans une salle de conférence plutôt impersonnelle d’un hôtel parisien, on n’a même pas pris conscience qu’Electronic a déjà dix ans d’âge… C’était l’été 1989, le deuxième ou troisième été de l’amour, et la nouvelle avait défrayé la chronique – deux musiciens surdoués unissaient leurs talents pour ce que d’aucuns imaginaient comme un fantasme : “Les guitares des Smiths et les synthés de New Order”. Oui, mais non. L’affaire allait être un peu plus complexe que cela, mais entre nous, tout aussi géniale. Continuer la lecture de « Blind Test : Electronic »
Ce n’est pas parce que nous sommes plongés dans un été aux montagnes russes entre soleil et pluie que nous ne sommes pas allés chercher du plus profond de l’underground au plus haut des charts l’essence de ce qui fait une chanson pop parfaite selon nous, avec tous ses détours stylistiques. Voici la moisson d’été, touffue comme une botte de blé, et toujours aussi exaltante.
Continuer la lecture de « LA PLAYLIST DES NOUVEAUTÉS D’AOÛT 2021 »
Collage sauvage et de mauvaise foi de l’actualité culturelle de la semaine
Les promenades font parfois de grands livres. Marcher incite à la rêverie mais, aussi, provoque les grandes idées. André Suarès se rappellera les descriptions sibyllines d’un Flaubert pour son Livre de l’émeraude. Ce livre précieux qui détaillera dans une langue sublime, le sanctuaire sauvage du Finistère. Continuer la lecture de « Adorable Brasier – Thierry Dussard, Grouper, Jean-François Stévenin »
Il existe de nombreux groupes ultra-référencés qui ne révolutionneront jamais l’histoire de la musique. Plaisir coupable ou non, certains ont pourtant un fort potentiel addictif. White Flowers est l’un d’entre eux. Le jeune duo de Preston a visiblement usé les œuvres de Robin Guthrie et Kevin Shields, ce qui ne les a pas empêché d’ajouter une profondeur, une sensibilité et surtout un sens de la mélodie qui leur est propre. Ces dernières vous accrochent pour ne plus vous lâcher. Leur beauté vaporeuse vous entraîne dans un univers où mélancolie rime avec béatitude. La maturité du son doit probablement aux mains expertes de Jez Williams de Doves qui a produit et enregistré Day By Day dans son studio de Manchester. On imagine malgré tout le duo pointilleux et attaché au moindre détail. C’est, avec le chant impeccable de Katie Drew, ce qui fait la force de l’album et le rend si convaincant et addictif. White Flowers restera sans doute un secret bien gardé. Laissez-vous guider par leur Selectorama pointu. Il vous donnera une bonne idée de leur univers. Si vous y adhérez, ce secret risque fort de devenir également le vôtre. Continuer la lecture de « Selectorama : White Flowers »