This could be the saddest dusk ever seen You turn to a miracle high-alive Michael Stipe
Peut-on écouter Vauxhall and Ide Morrissey sous le franc soleil de juillet ? Et un Antônio Carlos Jobim empêtré dans un crachin de février, c’est toujours du Antônio Carlos Jobim ? Climats met en avant les sorties disques et livres selon la météo.
Il fut un temps où Jean-Baptiste Hanak n’avait pas franchement volé son surnom de mec le plus drôle d’internet. Autant d’inconscience affirmée (et c’est parfois encore le cas, son compte twitter est particulièrement finaud) et de réactivité sur des sujets proactifs dont même lui se fout éperdument ne peuvent faire obstacle au fait que la vie est passée par là et que, mine de rien, diverses saloperies dont une belle, la perte de son grand frère Fred Hanak, avec qui il menait une guerre souterraine sous le nom de dDamage, lui ont sûrement imposé, sinon, une sagesse, parfois une pudeur et l’envie de retracer leurs aventures hautement improbables. Pratiquant l’animal depuis plusieurs décennies, je peux dire que cet humain (après tout) est à la fois autant hypersensible qu’épuisant. Mais une vraie considération nous préoccupant au-delà d’une haute fanitude pour le groupe grunge originel Mudhoney (dont il a finalement réalisé une pochette, eh ouais, la classe, un peu) et après plusieurs rendez-vous avortés (à propos de son disque avec Pierre Richard, de sa BO pour l’ultime prestation de Brigitte Lahaie, et surtout pour cette pizza que tu m’as promise à la suite d’un pari perdu d’avance, et que tu me dois toujours, salopard de merde) j’ai décidé de prendre le trublion par les sentiments en changeant drastiquement de sujet. Ça tombait bien puisqu’il (en plus de tout le reste) vient de publier un livre intitulé Sales chiens chez Léo Scheer. Et ce livre, aussi court, nocif et nonobstant exaltant qu’une pointe de mauvais speed polonais au petit matin, se lit comme un témoignage effarant de quelques aventures vécues en tournée. C’est rapide, perturbant, épuisant et c’est un lien qu’il tisse avec celui qui est parti, c’est une scansion qui ne demande qu’à perdurer et dont on espère (lire) la suite. Sans jamais compter sur aucune forme de relâchement. Donc on sort des dix morceaux du Selectorama, et on passe aux dix livres qui font ce qu’il est. Et franchement, ça n’était pas le pire galop d’essai pour cette nouvelle rubrique. Prenez-en de la pointe de couteau au petit matin. Sous vos applaudissements. Et je rajoute que si vous n’avez jamais lu Donald Goines, je vous plains et je vous envie à la fois. Continuer la lecture de « Selectorama Livres : JB Hanak »
L’an dernier, un nom mystérieux avait surgi du néant : JJ Ulius, un suédois dont la seule particularité concrète était sa géolocalisation, du côté de Södra Hamngatan à Göteborg. Son formidable premier album aux compositions ténébreuses et bancales, laconiquement intitulé VOL I avait suivi celui paru sous le nom de Monokultur, Ormens Väg, composé aux côtés de Elin Engström (avec qui il partage aussi un autre alias, Skiftande Enheter) pour son label Mammas Mysteriska Jukebox.
Nous en parlions en ces termes : « Cette collection de rêveries sonores marie dans les limbes le familier et l’étrange. Tout au long de ce disque, on repère de nombreuses influences qui semblent limpides : ici Grouper, là Peaking Lights, His Name Is Alive, Delia Derbyshire ou encore Scientist. » En cette fin d’année, nous avons été quelques-uns a saluer la beauté singulière de cet album hors du temps dans nos comptes-rendus de l’année, l’occasion rêvée d’interroger l’homme sur ses morceaux de chevet. Bonne nouvelle, sa sélection prouve la vivacité d’une scène suédoise qui mérite bien plus qu’une attention lointaine.
« Au pied de ton immeuble tu descends tes poubelles Tes deux mains dans la merde Je t’attends bouche ouverte Pour te dire que je t’aime et avaler celle pour laquelle j’ai patienté 13 heures devant un HLM J’aurais préférer aller à H&M »
On ne sait pas trop sur quel pied danser avec ce couple de Grenoble (Poupard, donc : Laurie et David) qui consigne des petites tranches de vie sur 4-pistes (visiblement pour la troisième fois, parce qu’on a pas tout suivi, il faut bien l’avouer). Une étonnante chanson faussement réaliste piano-voix qui fait mouche en préambule (Le pont de ma jeunesse), des séquences de talk over sur un petit mur de son qui galope (l’adorable et effrayant Coma où un fil semblerait pouvoir se tisser naturellement avec Bambi de Diabologum périodePalladium Rock ou Heaven Boulevard, par exemple), un duo garçon-fille forcément réussi (Pendant des mois), pas parce que c’est, en grammaire pop, mon exercice favori, mais parce qu’on dirait une version disloquée d’un duo Jacky-Lio qui me colle à la peau en ce moment, Un flic au coeur tendre concourant, lui, au prix du plus mélancolique hommage à nos génériques télé des années 80 (entre Cosma et De Roubaix). Mais vous n’étiez pas nés pourtant ? Vous connaissez Kojak, sérieux ? Continuer la lecture de « Poupard, Cérémonie Malgache (Choléra Cosmique) »
Historiquement, les États-Unis et l’Angleterre inspirent de très nombreux courants musicaux de la musique pop. Chaque pays interprète ces tendances à l’aune de sa propre culture et ses préférences. Il est passionnant de constater les différentes versions d’une même idée, notamment dans la francophonie. Le Soft Rock californien (aussi appelé AOR, Westcoast ou Yacht Rock) n’échappe pas à la règle. Apparu au début des années soixante-dix dans le sillon du mouvement hippie, le genre connaît sa forme la plus aboutie et élégante à la fin de la décennie avec Fleetwood Mac ou Steely Dan. La France comme le Québec s’y sont bien sûr essayés, de même que de nombreux autres pays (la City Pop japonaise). Du coté de l’Hexagone, Véronique Sanson, France Gall, Michel Berger, Weekend Millionnaire ou encore le duo Grimaldi/Zeiher ont fantasmé sur la côte ouest américaine. Dans la Belle Province, ils s’appellent Diane Tell, Gilles Rivard ou encore Dwight Druick. Continuer la lecture de « Dwight Druick, Tanger (Bobinason, 1980) »
Qu’elle emprunte un chemin ou un autre, la musique de Wolfgang Voigt, co-fondateur du légendaire label électronique allemand Kompakt, se reconnaît entre mille. Der Lange Marsch (« la longue marche » pour les non-germanistes) ne fait pas exemption à la règle et s’inscrit dans la droite lignée des œuvres du producteur depuis la réanimation de son projet Gas au mitan des années 2010. Un foisonnement d’effets ambient enveloppe dès les premières secondes l’auditeur qui, s’il y consent, s’en ira pour une longue échappée (presque 70 minutes) hypnotique, poisseuse, parfois lumineuse aussi, baignant dans des vagues orchestrales empruntées à la musique symphonique et portée par une pulsation sourde et éthérée, un rythme lourd et plus puissant qu’à l’accoutumée qui disparait et revient comme issu d’un songe. Continuer la lecture de « Gas, Der Lange Marsch (Kompakt) »
David Horowitz, Yesterday (Détail) / Galerie Yvon Lambert, Paris
This could be the saddest dusk ever seen You turn to a miracle high-alive Michael Stipe
Peut-on écouter Vauxhall and Ide Morrissey sous le franc soleil de juillet ? Et un Antônio Carlos Jobim empêtré dans un crachin de février, c’est toujours du Antônio Carlos Jobim ? Climats met en avant les sorties disques et livres selon la météo.
La fabuleuse Ronnie Spector nous a quitté avant-hier soir à l’âge de 78 ans, emportant avec elle un monde de mascara, de minijupes et de folie qu’elle aura réchauffé de sa voix éraillée pendant 65 ans d’une carrière en rose et noir.
Retour en arrière. En 1961, Veronica et Estelle Bennett, avec leur cousine Nedra Tally se rendent dans un club de la 45ème rue : le Peppermint Lounge, alors « le seul endroit rock’n’roll de New-York ». À 15, 17 et 19 ans (dans l’ordre, Nedra, Ronnie et Estelle), elles viennent d’enregistrer leurs premiers morceaux, mais lassées d’attendre depuis déjà quatre ans à l’ombre du Brill Building qui les ignore, elles décident d’abandonner les sucreries infantiles des harmonies tubesques pour le rythme du rock’n’roll. Continuer la lecture de « Bye-Bye, Ronnie. »