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Sparklehorse, Bird Machine (Anti-)

SparklehorseLa première fois, tout était pourtant si simple. Une évidence comme il s’en présentait rarement, même dans une vie d’engouements musicaux naïvement passionnés et sans doute moins imprégnés de ce recul réflexif qui progresse inéluctablement avec l’âge. C’était un mercredi matin, dans les rayons de la FNAC Montparnasse, pendant les grèves de fin d’année de 1995. Il avait donc fallu arpenter quelques kilomètres frisquets depuis Montrouge pour répondre aux exigences du devoir estudiantin – un séminaire maintenu du côté du boulevard Raspail, en dépit du contexte social – tout autant qu’à l’attrait des nouveautés discographiques. J’ai tout oublié de celles que j’étais venu acquérir ce jour-là, si ce n’est qu’elles étaient certainement prescrites – par LE magazine récemment passé au format hebdomadaire ou par LE programme radiophonique fédérateur des enthousiasmes indie. Continuer la lecture de « Sparklehorse, Bird Machine (Anti-) »

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Sparklehorse, cet homme nommé cheval

Mark Linkous / Sparklehorse
Mark Linkous / Sparklehorse

Alors que doit sortir en septembre prochain un album inédit de Sparklehorse, Bird Machine – supervisé par Matt Linkous, frère de…, et sa femme Melissa –, souvenirs d’une première rencotre avec ce génie cabossé. C’était au siècle dernier… C’était même au mois de mai 1998. Une chaleur folle, et la photographe Mélanie Elbaz, enceinte et presque sur le point d’accoucher, m’accompagnait pour ce qui était peut-être son premier voyage de presse RPM. Londres respirait au ralenti, la France n’était pas encore championne du monde et je ne pouvais certainement pas deviner que je vivrais un jour en Auvergne où j’exercerais les activités d’enseignant – et aussi de barman aux Vinzelles. Je pensais d’autant moins à l’avenir que le présent était bien plus que suffisant : j’étais payé pour rencontrer des personnes qui me transportaient – héros d’adolescence ou nouveaux maitres d’une scène en perpétuelle (r)évolution. Parmi ces derniers, Mark Linkous était l’un des plus mystérieux – et l’un des plus admirés, par Radiohead en tête. Un charisme bohême désarmant, un parcours déjà accidenté – au propre comme au figuré – et des chansons enregsitrés sous le nom de Sparklehorse dont la beauté noire laissait planer quelques doutes quant à la notion d’espoir… Pourtant, en ce jour de printemps étouffant, je n’aurais jamais imaginé la destinée que se réservait cet homme au sourire bancal et aux rêves de normalité. Malgré son overdose qui l’avait condamné à la chaise roulante durant six mois, je ne pensais pas qu’un jour de fin d’hiver 2010, il se tirerait une balle en pleine poitrine. Il a visé le cœur. À l’image de ses chansons… Continuer la lecture de « Sparklehorse, cet homme nommé cheval »

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Jeremy Ivey, Invisible Pictures (Anti-)

Jeremy IveyIl n’en faut pas nécessairement beaucoup pour sceller un pacte intime et inaltérable avec une poignée de chansons et leur auteur. En l’occurrence, il a suffi d’un titre et d’un refrain, à l’orée de ce troisième album de Jeremy Ivey. « My family tree is on fire / I don’t belong here / I’m an orphan child / But I’m better on y own. » Il y a quelque chose qui résonne avec une profondeur immédiate dans cette évocation teintée d’ironie d’une irrémédiable déconnexon générationnelle, sur fond de country-rock bringuebalant. On peut en partager, pour une large part, l’ambivalence complexe lorsque la défaillance des aînés préfigure le drame de la perte. Et y entendre à la fois un constat tragique, un souhait par défaut plus que par dépit, et un exutoire pour tenter de conjurer les béances de la généalogie. Continuer la lecture de « Jeremy Ivey, Invisible Pictures (Anti-) »

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Selectorama : Kristine Leschper

Kristine Leschper
Kristine Leschper / Photo : Tyler Borchardt

Il y a un sentiment de l’ordre de la tendresse lorsque l’on observe — ou plutôt, dans ce cas-ci, écoute — un individu naître à lui-même. Kristine Leschper, après avoir œuvré pour quelques disques avec le groupe Mothers, nous offre avec beaucoup de grâce et justement, à l’orée du printemps, The Opening, Or Closing Of A Door. Un album d’éclosion intime, subtil et complexe, et dont les mélodies soignées et les instrumentations oniriques raviront les amateurs de musique intérieure paradoxalement épique. On ressent avec beaucoup d’émotion la sincérité non-feinte d’une véritable proposition de réponse à la problématique audacieuse d’être-soi où même le plus lisse des sons qui en résulte se laisse aller sans crainte aucune aux pointes les plus fragiles de la vulnérabilité. Guidée par les tourments du monde et par la voix-guide de la poétesse June Jordan, Leschper fait glisser avec beaucoup de talent et en treize titres ciselés la mise en scène d’un théâtre miniature en forme de cœur humain, que l’on vous conseille ardemment d’y aller jeter une oreille ou deux. Continuer la lecture de « Selectorama : Kristine Leschper »