Matt Berry dans le TER Paris/Amiens

Entre Paris et Amiens / Photo : David Jégou
Entre Paris et Amiens / Photo : David Jégou
[8h16 – Paris]

Ce retour de vacances est particulièrement difficile.
La dernière chose dont j’avais envie un jour de reprise était de me lever à 6h du matin pour un déplacement professionnel à Amiens.
Arrivé Gare du Nord presque à la dernière minute, je peine à trouver mon train. Je n’ai qu’un but en tête : trouver une place isolée, mettre mon casque sur les oreilles et me connecter à Spotify.
J’ai pris tellement de retard sur les sorties d’albums que je vais en choisir un au hasard parmi mes playlists. Ce sera le dernier Matt Berry : The Blue Elephant.

Le train démarre au son du morceau d’introduction, Aboard. On ne pouvait pas trouver meilleur titre.
Le hasard fait bien les choses. Ce premier morceau m’apaise et attire mon attention. L’inspiration est ouvertement sixties, le son est chaleureux.
Je rêvasse en regardant par la fenêtre. Je me fais la même réflexion à chaque voyage, mais c’est dingue de constater à quel point la ville s’efface rapidement pour laisser place à la campagne.
Tiens, je n’avais jamais remarqué que l’on traversait la gare de Chantilly. J’y retournerai bien ce weekend pour une balade en forêt avec notre chienne.

[8h28 – Creil]

Après cette intro portée par une basse à la Melody Nelson, les morceaux suivants sont nettement plus psychédéliques. C’est vraiment bien foutu et incroyablement bien joué.
Matt Berry a tout de même une drôle de voix, complètement noyée sous les effets. Ça me fait sourire car on a parfois l’impression qu’il est constipé quand il chante. Pourtant ça fonctionne. Ce type m’a tellement marqué en tant qu’acteur dansToast Of London ou The It Crowd que j’ai du mal à l’imaginer musicien.

[8h39 – Clermont de l’Oise]

Les titres s’enchaînent et on a l’impression que Berry a baigné toute sa vie dans la musique 60’s. Il la vit et la respire. En ressort un melting pot passionnant et captivant. La pop, le jazz, le psychédélisme et le rock s’acoquinent les uns avec les autres, avec cohérence et intelligence. Mes doutes initiaux sont déjà dissipés alors que l’album n’est toujours pas terminé. Cet excellent acteur est également un musicien plus que respectable.
Pour passer le temps, je vais regarder sa page Discogs. Je comprends mieux, Berry a sorti 11 albums depuis 1995 dont 10 sur le label Acid Jazz Records. Excepté la batterie, c’est lui qui joue tous les autres instruments sur The Blue Elephant. Respect.
C’est étrange, j’ai l’impression que presque personne ne parle de lui en France.

[8h50 – St Just-en-Chaussée]

Le morceau titre de l’album me laisse sans voix. Je vais le passer à mon prochain DJ set à Petit Bain. C’est un instrumental qui monte progressivement en puissance autour d’une ligne de piano. Ça me rappelle que, dans un style différent, Blur en avait composé un génial sur Modern Life Is Rubbish. Il s’appelait Intermission, de mémoire.
Je commence à culpabiliser. Je vais tout de même travailler un peu et répondre à des mails en écoutant la fin de l’album.
Je n’arrive pas à me concentrer. The Blue Elephant est terminé. Je n’ai pas pu m’empêcher de relancer le disque sur Spotify.

[9h15 – Amiens]

Pas le choix, il faut aller bosser. J’aurai préféré rester assis dans le wagon à contempler les paysages en écoutant Matt Berry en boucle. Fait de plus en plus rare, j’ai accroché à ce disque dès la première écoute. Je suis certain qu’il va m’accompagner pendant un bon moment. Je sais également que je vais l’écouter sur le trajet du retour.


The Blue Elephant de Matt Berry est disponible chez Acid Jazz Records

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