LA PLAYLIST DES NOUVEAUTÉS D’OCTOBRE 2022

Subjective as fuck, établie en fonction des goûts de chacun dans cet univers impitoyable de furieux passionnés aux aspirations éclectiques, notre playlist du mois se veut un constat à l’instant T de ce que la Pop Moderne propose en nouveautés qui ne nous tombent pas des oreilles. Ici, une petite cartographie mondiale, aux rythmes variés et à l’écriture affutée. Prenez-là comme un pansement aux maux de notre époque, pas plus, pas moins.

Écoutez cette playlist sur votre plateforme favorite : YouTube, Deezer, Spotify ou en version mixée sur Mixcloud. Et aussi, sur agnès b. radio.

NDLR : Les playlists Deezer et Spotify ne comportent pas l’intégralité des titres de cette sélection.


1. Frankie Cosmos, Empty Head (Sub Pop)


Quel plaisir de retrouver Frankie Cosmos avec cette chanson qui vous colle immédiatement à la peau – extraite du nouvel et bel album Inner World Peace. CM

2. Bertrand Belin, La Nouvelle (Cinq7)


Quand un morceau de Bertrand Belin sonne comme Broken English avec un feat. de Laurie Anderson, c’est que le monde n’est pas cloche. ATTENTION : clip génial réalisé par luiself, avec chaton. CC

3. A Certain Ratio, Waiting on a Train (Mute Records)


A Certain Ratio n’est pas le genre de « vieux » groupe qui se contente de rejouer ses anciens albums (non, je ne nommerai personne !), ils continuent de composer avec passion et intérêt pour les jeunes musiciens – deux artistes mancuniens en featuring sur ce morceau. Comme l’a dit Chris Hawkins sur BBC Radio 6 Music : « What is predictable about ACR is their unpredictability ». Il faudra attendre mars 2023 pour savourer leur nouvel album, 1982. CM

4. Fievel Is Glauque, Save The Phenomenon (MATH Interactive)


Enfin un premier album studio pour l’enthousiasmant duo de jazz-pop sophistiquée Fievel Is Glauque ! Après nous avoir enchantés avec un premier opus enregistré en répétition et un charmant EP en début d’année, Flaming Swords arrivera fin novembre. Et les attentes sont hautes à l’écoute de ce premier extrait, Save The Phenomeon, qui en 100 secondes à peine, nous donne le tournis avec ses mélodies claires qui jouent à saute-mouton avec des accords en perpétuelle bascule. EV

5. Rachael Dadd, Footsteps (Memphis Industries)


Footsteps de Rachael Dadd pose ses pas dans les nuances percussives et vocales de ce septième album, Kaleidoscope, sorti ce même mois. Une pincée de lo-fi, un soupçon de voix rappelant celle de Kate Stables , quelques bulles d’air et de verdure pour une recette musicale délicieusement tournée vers une joyeuse fragilité et la liberté de créer. VB

6. Metronomy & Katy J Pearson, Love Factory (Because Music)


Premier extrait du « nouvel » album de Metronomy attendu fin novembre, ce charmant duo (Katy J Pearson évoque Nancy & Lee, on n’ira peut-être pas jusque là) offre une version revisitée du morceau publié en février dernier sur Small World, le septième album du groupe. La bande-son idéale pour une balade ensoleillée dans la campagne anglaise, avant de découvrir les autres collaborations avec, entre autres, Sébastien Tellier, Jessica Winter ou Panic Shack, groupe également présent dans cette playlist mensuelle. A Small World indeed. PR

7. Men I Trust, Girl (autoproduction)


Le trio montréalais dévoile son troisième single de l’année, un duo masculin-féminin languissant, différent – plus sophistiqué peut-être – que ce à quoi ils nous avaient habitués. Cela commence en anglais et se poursuit en français dans un style élégant mais désuet, presque cafardeux, à la manière d’une vieille balade de Joe Dassin. CG

8. Treeboy & Arc, The Dolphins (Fred Neil Cover) (Kycker Music)


Le groupe de Leeds enrichit Life Preserver Extended – son premier EP paru l’an dernier – de remixes, d’une démo et d’une reprise, The Dolphins de Fred Neil, chef d’oeuvre de 1966 à priori intouchable. Basse profonde, synthés cosmiques et distorsion métallique transportent ces mots dans un autre espace-temps. CG

9. Weyes Blood, Grapevine (Sub Pop)


On en est là : dans l’un des milliers de milliers de milliers de mondes, Grapevine suffit à changer le cours des choses. De toute chose. Ndlr : James Dean est mort jeune, John Wayne non. Ça fait longtemps que l’on doit faire avec. CC

10. Babe Rainbow, Sunshine and Shadow (Eureka Music)


La bande de surfers de Byron Bay présente The Organic Album, un disque que l’on pourrait qualifier de « psyché », à la fois groovy et planant mais toujours dans l’air du temps. Plusieurs titres, comme Naxos, Open Up Your Heart ou ce romantique Sunshine and Shadow, marquent tout particulièrement. CG

11. Drugdealer, Pictures of You (Mexican Summer)


Tout ce que Michael Collins touche se transforme en or, et le troisième extrait de son album à paraître le 28 octobre ne fait pas exception. Accompagné de la chanteuse folk Kate Bollinger, il illumine notre automne de ses sonorités sixties, sautillantes et ensoleillées. CG

12. Sylvie, Further Down the Road (Full Time Hobby)


Troisième occurence de Sylvie dans cette playlist mensuelle, nécéssaire puisque Ben Schwab a finalement complété, ce mois-ci, le bijou folk qu’est ce premier album. Sept titres d’une finesse mélodique et d’une grâce bouleversantes, conviant Sam Burton et Marina Allen, dont la voix échappée d’un autre âge transcende cet ultime single, Further Down the Road. CG

13. Twain, The Light (Keeled Scales)


Sur ce fil impossible qu’est par définition la chose folk (tradition, pastoralisme, chanson, modernité), Mat Davidson de Twain chemine parce qu’il n’y a rien d’autre à faire : un pas après l’autre, une chanson après l’autre, empilant les albums parfaits dont le petit dernier n’est pas le moindre. Sidération garantie pour qui s’offre la chance de gratter, creuser, laisser advenir : il s’agit d’un trajet sans retour. CC

14. Katie Dey, The Kraken (autoproduction)


Écouter le nouvel EP de Katie Dey et se noyer dans un océan de beauté. Sur les cinq titres de The Kraken, la musicienne australienne continue de ne sonner comme personne d’autre au monde, entremêlant avec maestria des ailleurs synthétiques avec la simplicité de pianos duveteux et enveloppants. Et toujours cette voix, irréelle et fragile, qui rayonne comme un cœur au centre de tout, et nous guide le long de ses mélodies sinueuses et réconfortantes. EV

15. La Féline, Jeanne d’Albret (Kwaidan Records)


Plus intense chédeuvrabsolu de La Féline depuis Adieu l’enfance, la chanson issue de Tarbes confirme-sacre que ce qui se joue de plus au cœur dans le projet d’Agnès Gayraud n’est pas le futur, mais de survivre chaque jour à l’idée d’hier. CC

16. Usé, Tamponne-moi (Born Bad Records)


Etoile montante du cinéma, le roi des zones blanches revient à la musique pour un hymne grinçant aux fêtes foraines, enfin, ça c’est le premier vernis de l’interprétation. En-dessous, on préfère ne pas trop savoir ce qu’il en est. RS

17. Wet Leg, Chaise Longue (French Version) (Domino)


Que reste-t-il de la grande sensation de la saison ? Une inhabituelle version en français de leur tube pour faire kiffer les vieux barbons comme moi, que les deux gamines renvoyaient déjà à leur jeunes années (The Breeders, That Dog ou Boss Hog). Excuse my French ! RS

18. The Big Moon, Trouble (Fiction Records)


Here is Everything, le troisième album de The Big Moon, est d’une honnêteté réconfortante dans un monde où le doute n’a plus sa place. Juliette Jackson y évoque de sa belle voix grave la difficulté de créer, les hauts et les bas de la vie de primipare, du monde d’avant la pandémie… Si le flamboyant premier single Wide Eyes, co-écrit avec Jessica Winter après l’arrivée de son fils, avait laissé entrevoir un arc-en-ciel, Two Lines, sorte de Brass in my Pocket planant interroge : « I feel strange, nothing feels the same », tout comme « I want to dance, and I want to cry » sur Wide Eyes. L’optimisme se mérite, comme dans Trouble, pour lequel Juliette se remémore la traversée d’un pont sur le chemin de la maternité en version Magicien d’Oz, quand il ne s’agissait que « d’un pont couvert de pisse et de graffiti du Sud de Londres. » Tout ce qu’on aime. PR

19. Panic Shack, Meal Deal (Brace Yourself Records)


« L’équivalent musical d’un kebab après une soirée à l’indie disco » (Chris Hawkins, BBC6), ou un bon reflet de ce que signifie être jeune au Royaume-Uni en 2022, et plus précisément au Pays de Galles, d’où est originaire le quintette. Comme chez Lawrence, on évoque la faim et le froid, mais en criant sur des guitares énervées, et en rigolant malgré tout. PR

20. Holiday Ghosts, Bright Lights, Big City (Fatcat Records)


Un nouveau clip pour Holiday Ghosts (oui oui, notre ami Baptiste Fick a bien eu le nez fin il y a deux ans) pour un titre paru sur leur dernier EP de juillet dernier. Toujours un peu garage, un peu jangle, un peu sympa, avec ce truc extraordinaire qui fait qu’au cumul des « un peu » on arrive à un truc vraiment super qui décidément ne lasse pas. PN

21. Avions, Fields of Gold (Howlin’ Banana)


Une chanson aussi mélodique qu’énervée qui donne bien envie d’écouter l’album des quatre lascars d’Avions – album qui s’appellera d’ailleurs Avions et sortira en décembre. CM

22. Quasi, Queen of Ears (Sub Pop)


Tiens donc, revoilà Quasi, les maitres absolu de l’indie rock misanthrope, avec un nouvel album en février prochain après quasiment 10 ans de silence. Il faut dire que Janet Weiss et Sam Coomes ont eu un peu de temps de se remettre aux affaires, entre démission de Sleater-Kinney pour l’une et petite période de Covid à Portland pour les deux. Et trois décennies après leurs débuts, le duo sonne exactement comme dans les 90’s sur Queen of Ears : un piano électrique qui crachotte des dissonnances addictives, une batterie qui roule des toms, une sensibilité pop léthargique toujours aussi aiguisée et puis, évidemment, des paroles bien cafardeuses. Comme à la maison. EV

23. Robert Forster, She’s a Fighter (Tapete Records)


Cette chanson fantastique peine pourtant à donner un aperçu d’à quel point le prochain album de Robert Forster (The Go-Betweens) est fantastique, et c’est peu de l’écrire. Les circonstances de sa réalisation redonnent aussi un peu de perspective. Hier et demain ne sont qu’aujourd’hui, semble-t-il. CC

24. Michel Cloup, Mon Ambulance (Ici d’ailleurs)


Indispensable Michel Cloup que l’on suit avec la même ferveur dans ses différents projets, même lorsqu’il nous transporte en ambulance. Son nouvel album solo, Backflip au-dessus du chaos, sortira le 18 novembre et il tape tellement juste et fort. CM

25. Fever Ray, What They Call Us (Rabid)


Toujours difficile de savoir quand l’imprévisible Fever Ray va nous retomber dessus. Autant dire que What They Call Us, nouveau single mystérieux et hypnotique, arrive comme une belle surprise. Bien moins destroy que les extraits du précédent album Pulge en 2017, Karin Dreijer semble faire ici une sorte de synthèse de sa carrière, allant puiser dans les pulsations électroniques aliens de The Knife autant que dans les sombres humeurs de ses essais en solitaire. Un retour sans risques peut-être, mais surtout sans faux pas. EV

26. Leftfield feat. Grian Chatten, Full Way Round (Virgin Music)


Presque trente ans après avoir ressuscité John Lydon avec Open Up (dont vous m’apprendrez par coeur pour demain non seulement la version des Chemical Brothers mais surtout l’immensité dub de la version d’Andrew Weatherall), Leftfield tente un nouveau saut dans l’after punk en débauchant Grian Chatten, le Johnny Rotten de Fontaines D.C.. C’est pas fin mais ça le fait bien. EG

27. Francis Lung, 2p Machine (Memphis Industries)


L’ex-WU LYF revient avec Short Stories, un EP constitué de six histoires parlées-chantées. 2p Machine raconte celle de Sasha, une petite fille solitaire, tuant le temps sur les jeux d’une salle d’arcade. La maîtrise de l’anglais n’est toutefois pas requise, les arrangements musicaux de l’anglais se suffisant à eux-mêmes. CG

28. Feeble Little Horse, Chores (Saddle Creek)


Ils viennent de Pittsburgh, une ville une fois dont un ami m’a dit  : »Oh, it must be a groovy city! ». Fort probablement, surtout à l’écoute de cette petite perle qui fuzze là où il faut, qui mélodie bien avec humour et détachement. On a hâte de voir la suite. PN

29. Nathan Roche, Don’t Make Me Say It (Born Bad Records)


Revoilà la belle voix grave et traînante aux accents Lou Reed / Bowie de l’australien échappé du Villejuif Underground pour un titre où il déballe les cuivres. Excitant teaser pour A Break Away, son nouvel album, qui arrive le 18 novembre chez Born Bad Records. TS

30. Primevère, La paresse est d’or (Figures libres/Dear Dee)


La paresse est d’or. Le troubadour à poil sur sa pochette (dans la même pose que celle de Katerine sur Les Créatures, vous avez vu ?) met à jour ma devise et mon principe de vie que je vous serai sied d’écrire sur ma tombe, un jour (dans longtemps, si possible). RS

31. Mim, Joindre l’utile à l’agréable (a1000p)


Beaucoup pour ce solo de saxophone complètement désaxé, qui terrifie et fait rire en même temps, beaucoup pour passer un moment frisson dans le monde interlope de Mim. RS

32. Mozart Estate, Relative Poverty (Cherry Red)


Lawrence dans tous ses états – et nous aussi, d’ailleurs : bonjour Mozart Estate, donc, nouveau projet qui donne une idée assez précise de ce que ça aurait pu donner si Go-Kart Mozart avait repris Denim. Et vice-versa. CB

33. Marie Klock, Oh Non (autoproduction)


En direct de sa chambre, Marie Klock résume le monde tel qu’il est dans un grand éclat de rire (contenu, comme il se doit). « Oh non, c’est un collapsologue ! ». RS

34. The Silent Boys, Christine (Too Good To Be True)

« Ah mais ça sonne très 80s ! » Bien vu, car C’EST un groupe des 80s, avec huit albums à son actif. Merci à Too Good To Be True de sortir le nouvel album jangle pop de The Silent Boys, ce groupe qui restait un beau secret jusqu’alors. CM

35. Alvvays, After The Earthquake (Transgressive)

Même les plus blasés de l’indie pop auront du mal à ne pas afficher un petit sourire niais en écoutant le nouvel album de Alvvays. Habile mélange de shoegaze de poche et de dream pop qui aurait gardé les pieds sur terre, Blue Rev désarme par sa capacité à viser dans le mille, à trouver la mélodie parfaite qui fait oublier les 30000 autres qui sont venues avant. Sans doute pas avec ça qu’on changera le monde – mais au moins de quoi s’apporter un peu de baume au cœur dans la mélancolie de l’automne. EV

Une réflexion sur « LA PLAYLIST DES NOUVEAUTÉS D’OCTOBRE 2022 »

  1. Bah pour ma part, je trouve que cette playlist est excellente…. Plutôt de parler de ceux qui n’y sont pas, je préfère écouter Michel Cloup, la Féline, Alvvays, bertrand Belin, panic shack….

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