LA PLAYLIST DES NOUVEAUTÉS D’AVRIL 2023

Des fleurs printanières, une petite brise qui nous rappelle que l’été n’est pas loin, quelques gouttes de pluie pour verdir un peu plus encore la campagne renaissante. The Daisy Age. On est toujours sensibles, chez section26, à ces jeunes pousses qui présagent d’un bel avenir. Ici, la douceur pâle de Cindy côtoie l’orage de Sinaïve, et la poésie de PJ Harvey se reflète dans la ballade tendre de Grian Chatten, frontman de Fontaines DC. D’autres amis encore, comme Erlend Øye ou Cabane, plantent le décor d’une saison pleine de promesses.

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NDLR : Les playlists Deezer, Spotify et Youtube ne comportent pas l’intégralité des titres de cette sélection.

1. Terry, Centuries (Upset The Rhythm)

Militons pour le retour de l’efficacité à moins d’une minute cinquante, l’Australie décidément sait si bien faire, les petits de Terry en étendard. PN

2. Cindy, Earthly Belonging (Tough Love Records)

Le quatuor californien continue à nous enchanter avec ce nouvel album saturé de pop lumineuse et ciselée. CM

3. The Toads, Tale of a Town Split in Two (Upset The Rhythm)

La scène australienne continue à faire pleuvoir des pépites, comme cette catchy song de The Toads, dont l’album sort le 9 juin. CM

4. Cochon Double, Lucile (Hummus)

De Neuchâtel, Cochon Double envoie cette petite pop song à guitare débraillée et qui se termine en boucle quasi fermée. Chanson de non-amour. RS

5. Sinaïve, Métier de vivre (Antimatière)

Fouler aux pieds la déontologie journalistique pour célébrer une fois de plus les jeunes gens de Sinaïve dont l’histoire croise Section 26, Antimatière, Groupie, dans un désordre quasi familial… Et puis quoi encore? Le rooock, mesdames et messieurs. RS

6. feeble little horse, Steamroller (Saddle Creek)

Deuxième single du deuxième album – prévu pour le 9 juin – des quatre jeunes de Pittsburgh, dans lequel on ressent tout autant leur inclination vers Alex G que vers Sweet Trip. Noisy, nineties, sexy. CG

7. Bar Italia, Punkt (Matador)

L’art du mystère. Juste avant la sortie prochaine de son premier album, ce trio masculin-féminin – deux garçons, une fille, new wave par la force des choses donc –, dont on se dit qu’il a piqué son nom à la chanson de Pulp, offre la meilleure chanson des Banshees depuis Cities In Dust. Punkt certes, mais le (rétro) futur lui appartient. CB

8. PJ Harvey, A Child’s Question, August (Partisan Records)

Après une incursion plus ou moins réussie dans les affaires du monde et ses affres, la recluse du Dorset revient pour un nouvel album qui semble revenir à une corde sur le jeu poétique et savant de la voix, à voir ! PN

9. SQÜRL feat. Charlotte Gainsbourg, John Ashbery Takes A Walk (Sacred Bones Records)

Un spoken word feutré et plein de charme susurré par Charlotte Gainsbourg en hommage à l’un des plus grands poètes de l’École de New York, John Ashbery. Jarmusch et Carter Logan toujours en quête de la boucle planante la plus délicate en prise avec leur monde fait d’oiseaux et d’écrivains — le clip est signé Jem Cohen dont on garde en mémoire le poignant court Lucky Three. L’avalanche de name dropping est délicieuse comme un petit flocon virevoletant au-dessus de l’Hudson. Silver Haze, le nouvel album de SQÜRL, paraîtra le 5 mai. PN

10. Grian Chatten, The Score (Partisan Records)

Petit tour de passe-passe occulte pour le frontman du groupe irlandais Fontaines D.C. qui se lance en solo (gageons que ce ne soit qu’une passade), convoquant trois esprits défunts. Kurt Cobain, Nick Drake et Syd Barrett se retrouvent sur la planche de Ouija, tous timides à l’heure du thé. On veut en savoir plus. EG

11. Angel Olsen, Time Bandits (Jagjaguwar)

Il y a tout juste un an paraissait Big Time, le sixième album d’Angel Olsen. Un album chargé des immenses chagrins traversés par la jeune femme en 2021 (le décès successif de ses deux parents), plus country que les précédents, comme un retour aux sources – This is How it Works en constituait l’apogée. Elle revient ce mois-ci avec Forever Means, un EP de quatre titres issus des sessions de Big Time, aussi déchirants que ceux dévoilés l’an dernier. CG

12. Shannon Lay, I’m Set Free (Sub Pop)

Composer, lyricist: Lou Reed, nous indiquent les crédits de la plateforme. Bah oui. Bah voilà. Pas de post-quelque chose, mais la liberté de plonger dans une nouvelle illusion, comme il est chanté. Le disque de reprises de Shannon Lay est, chose rare dans cet exercice, un grower. Et on rêve d’écouter le disque des mêmes chansons, par la même, dans dix ou vingt ans. CC

13. Erlend Øye, Wichita Lineman (Bubbles Records)

Depuis sa version géniale du Last Christmas de QuiVousSavez, on sait Erlend Øye doué pour l’exercice de la reprise. Dans la plus grande intimité, il offre ici avec une sensibilité parfaite et une fragilité qui file le sourire une interprétation tout en retenue et élégance de Wichita Lineman, ce chef d’œuvre de 1968 imaginé par Jimmy Webb et popularisé par Glen Campbell. À peine trois minutes de beauté absolue présente sur son récent EP, Winter Companion. CB

14. The Lilac Time, A Makeshift Raft (ABSOLUTE)

Avis aux fans de Stephen Duffy, The Lilac Time est de retour pour un onzième album intitulé Dance Till All the Stars Come Down. Pas de grande surprise, le premier single intitulé A Makeshift Raft s’écoute comme on remet un vieux gilet adoré laissé dans une armoire pour aller se promener dans la campagne et prendre le temps d’admirer, pourquoi pas, les lilas. PR

15. North Americans, The Last Rockabilly (Third Man Records)

A la guitare, Patrick McDermott de Los Angeles ; à la pedal steel, Barry Walker de Portland. Après Roped In en 2020, qui conviait entre autres la harpiste Mary Lattimore, le duo instrumental revient avec un album tout aussi hypnotique, Long Cool World. Dans le subtil entremêlement de guitares qui constitue chacun de ses titres, rien ne laisse imaginer que l’album a été composé à distance et pourtant, ce n’est qu’au moment de l’enregistrement que les deux amis se sont rejoints. La magie opère. CG

16. Anna St. Louis, Phone (Woodsist)

Tranquillement rétromaniaque, une décoction qui saura trouver son heure cet été quand il fera trop chaud pour danser plus que du bout des orteils, trop chaud pour absorber quelque psychédélique, quand le bonheur pourtant aura un goût de trois minutes. Le second album d’Anna St. Louis s’annonce bucolique, long en oreille, folk et psyché sans trop en faire, ce qui fait des vacances. CC

17. Brigid Mae Power, Counting Down (Fire Records)

Brigid Mae Power revient avec son folk puissamment doux, en frappant délicatement aux portes du Paradis. Dream From The Deep Well, son nouvel album, sort le 30 juin. PN

18. Cabane feat. Sam Genders, Today (autoproduction)

Ni hier, ni demain. Today, donc. Une chanson avec des amis déjà croisés par ici – Sam Genders de Tuung qui prête sa voix chaude et douce –, une chanson qui commence là où on avait laissé ses grandes sœurs – ces chœurs qui enveloppent, un piano un peu distant, des mots offerts sur un ton qui se veut rassurant, caressant. Une chanson qui prend les allures d’odyssée haïku, où une rythmique comme au ralenti rappelle les battements d’un cœur qui vacille, où les cordes résonnent comme l’espoir d’une issue heureuse. Ou d’un recommencement. CB

19. Régis Turner feat. Charlene Darling, Tu me parles plus (Le Syndicat des Scorpions / Indian Redhead / AB Records)

Ritournelle dépressive pour lycéens scotchés dans le temps : cantine déserte, amour contrarié, sms perdu… Un véritable poème adolescent. RS

20. Lana del Rey feat. SYML, Paris, Texas (Polydor)

Même si Lana del Rey n’a pas besoin de nous, peut-on s’attarder une dernière fois sur la délicatesse et la poésie de cet album sans fautes ? When you know, you know. CG

21. LA Priest, Star (Domino)

It’s You, avec ses percussions et sa guitare groovy, sautillait davantage. Star, le deuxième single de Fase Luna, à paraître le 5 mai, n’est que délassement et évasion. Il y aurait presque un peu de Connan Mockasin dans ces arrangements. CG

22. King Krule, Seaforth (Matador)

King Krule est de retour, toujours tranquille, toujours pénard, moins déphasé qu’à l’accoutumé peut-être sur ce premier extrait de son quatrième album, Space Heavy, au titre absolument trompeur apparemment puisque le résultat est une ballade légère et terre-à-terre, au psychédélisme feutré et intérieur. EV

23. Holy Wave, Cowprint (Suicide Squeeze)

Nouvellement signés chez Suicide Squeeze, les garçons d’Austin se rappellent à notre souvenir avec Cowprint, une ballade rêveuse, inspirée par la relation amoureuse à distance du chanteur. En attendant leur prochain album, à paraître cet été. CG

24. Triptides, As You Can See (Curation Records)

Triptides revient avec la magnifique As You Can See, dans la lignée de la récente Unwound. Sur un riff de piano très seventies, le groupe construit une chanson pop uptempo et groovy des plus réussies. Le groupe convoque ainsi Todd Rundgren mais n’oublie pas ses racines psychédéliques comme en témoigne la seconde partie du morceau et son envolée de guitare bourdonnante. AGF

25. Thundercat & Tame Impala, No More Lies (Brainfeeder Records)

Une collaboration entre Tame Impala et Thundercat a tout d’un rêve éveillé même si ce dernier peut parfois partir un peu trop loin pour nous autres terriens. No More Lies est fantastique. Groove élastique, accords soyeux et épicés, le duo créé une musique organique mais pas nostalgique, un trip yeux ouverts aux tréfonds de nos âmes esseulées. AGF

26. Jungle feat. Erick the Architect, Candle Flame (Caiola Records / AWAL Recordings)

Pour patienter avant la sortie le 11 août de Volcano, le prochain album de Jungle, les fans se réjouiront à l’écoute de l’excellent Candle Flame, pour lequel les Londoniens ont collaboré avec le New-Yorkais Erick the Architect. Ça fait penser à The Avalanches (et un peu à Junior Senior pour être honnête), ça donne envie de danser et qu’il fasse beau, ou de danser en attendant qu’il fasse beau. PR

27. George Clanton, I Been Young (100% Electronica)

Vous en avez marre de ces revivals nineties pénibles qui essaient de vous resservir 1993 sous le halo trompeur d’une nostalgie de gamins qui s’en souviennent à peine ? C’est bien, c’est sain, continuez comme ça… mais vous pourriez quand même jeter une oreille sur ce nouveau single de George Clanton. C’est du passéisme en intraveineuse, mais impossible de résister à sa ritournelle baggy et mélancolique aux beats rêveurs. EV

28. Magdalena Bay, Exo (Luminelle Recordings)

Ils étaient attendus au tournant les deux mignons de Magdalena Bay après leur album pop parfait Mercurial World en 2021. C’est donc avec un troisième opus dans leur série d’EP « mini mix » qu’ils ont décidé de revenir, sans pression. Sept petits tubes, petites pépites électro-pop ingénieuses et grisantes, dont ce formidable et noisy Exo. EV

29. Alberville, Windows (Bruit Marron)

Alberville, sans le T de la ville savoyarde même si leur musique slalome avec bonheur dans la musique pop, « avec une musique douce et dangereuse comme la neige » — en témoigne cette soyeuse chanson. CM

30. Telomante, Entrando al futuro (Moli del tro)

Extraite de Codantera, projet du musicien espagnol José Guerrero. Un superbe exercice ambient et néo-kosmische sur le jeune label à suivre Moli del tro. VC

31. Flavien Berger, Berzingue (Pan European)

Classique instantané de l’ultra-modernité qui fiche la trouille (ce clip d’IA dérangée, pléonasme), ce « clic clic clic clic clic » de Berger qui nous laissait froid jusque là claque un strike direct dans nos mirettes, avec ce motorik en fractal qui obsède en 2 millisecondes. RS

32. The Last Dinner Party, Nothing Matters (Island Records / Universal)

« Le meilleur nouveau groupe dont vous n’avez pas encore entendu parler ». Cela faisait longtemps que le NME ne s’était pas excité comme ça (ou que je n’avais pas lu le NME) sur un groupe n’ayant pas encore sorti un seul morceau. Issu de la scène du Windmill à Londres, le quintette féminin a même joué en première partie des Rolling Stones à Hyde Park l’année dernière. Alors ce premier titre produit par James Ford est-il à la hauteur de la hype, ou s’agit-il d’un pétard (jambe ?) mouillé à la Wet Leg ? Musicalement c’est très premier degré, quelque part entre Sparks et Queen, on lorgne aussi du côté de Kate Bush pour la britishness, aidée par le physique très Helena Bonham Carter d’Abigail Morris, la frontwoman. L’esthétique se veut vaguement gothique, quelque part entre la série Pretty Little Liars et Virgin Suicides, et l’ensemble devrait donc plaire aux jeunes filles de goût. PR

33. Jana Horn, In Between (No Quarter Records)

Si le monde vous devient une charge lourde, voici de quoi l’alléger : il n’existe pas vraiment, pas comme on l’imagine. Tout a déjà eu lieu, peut-être, ou tout va arriver, et rien ne peut rien y faire. La preuve : avez-vous déjà entendu cette chanson ? CC

34. Home is Where, Yes! Yes! A Thousand Times Yes! (Wax Bodega)

La nouvelle garde emo continue de maintenir la flamme. Découvert avec panache en 2021 avec leur mini-album I Became Birds, le quatuor venu de Floride dévoile un extrait puissant de son premier long format, The Whaler, attendu en juin. Un excellent morceau à tiroir, aux guitares viscérales qui tricotent du riff à fleur de chair. EV

35. Cassels, About Not Writing (God Unknown Records)

Un nouveau single de Cassels – un split 7 » avec Beige Palace – qui parle de l’anxiété et l’inertie distillée lors du confinement Covid. On remercierait (presque !) le Covid d’avoir inspiré aux frères Beck cette chanson implacablement nerveuse et addictive. CM

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