The Toads ressuscite The Fall

The Toads
The Toads

Il n’y a aujourd’hui plus aucune raison d’en douter : l’Australie est la nouvelle Terre Promise de la pop indé, du post-punk et du rock and roll, et Melbourne sa Jérusalem. Depuis une dizaine d’années, on ne compte plus les groupes intéressants qui ont émergé du pays des kangourous : The Stevens, The Stroppies, The Shifters, UV Race, Terry, Total Control, Rat Columns, R.M.F.C., Nathan Roche, The Goon Sax, Kitchen’s Floor, Constant Mongrel, Parsnip, Eddy Current Suppression Ring, The Chats, Jackson Reid Briggs, et j’en oublie… Et si par chez nous, cet genre de rock marginal n’attire plus dans les concerts que quelques anciens de l’adolescence, quadras et quinquas à la tête chenue (quand elle n’est pas chauve), on s’étonne de voir les jeunes australiens plébisciter ce type de musique et en redemander. Tout se passe comme si ce pays vivait musicalement dans une autre temporalité que celle de l’Europe.

En ce début de printemps 2023, c’est une fois de plus en nous tournant vers les antipodes que nous avons eu l’heureuse surprise de découvrir The Toads, nouvelle incarnation de Miles Jansen, par ailleurs leader talentueux des Shifters, accompagné par Stella Rennex de Parsnip à la basse, Elsie Retter à la batterie et Bill Gardner à la guitare. En attendant fébrilement la sortie chez Anti Fade de leur premier album disponible à partir du 6 juin, on peut depuis peu se délecter de Nationalsville, leur premier single percutant, digne des meilleurs morceaux de The Fall. Sans verser dans le mimétisme, Jansen y excelle dans l’art de la prose mi-chantée/mi-parlée qui a fait la gloire de Mark E. Smith et qu’on a pu retrouver récemment chez les anglais de The Cool Greenhouse. Côté musique, on pense à un surprenant mélange des Kinks en 1964 (pour le riff de guitare et les chœurs daviesiens) et des Swell Maps, pour cette sorte de désinvolture bringuebalante qu’on pouvait déjà trouver chez les Shifters. Au tout début du morceau, l’association de cette guitare garage à une ligne de basse groovy particulièrement entêtante, trompe l’ennemi en laissant imaginer la survenue d’une batterie un peu laidback, alors que le morceau part dans une direction inattendue, grâce à une rythmique basique au tempo plus soutenu qui apporte une touche d’urgence à la chanson. Miles Jansen montre ici sa capacité à se renouveler auprès de nouveaux collaborateurs, se mettant dans les pas de l’indispensable Al Montfort (Terry, Dick Diver, Total Control, UV Race), qui lui aussi n’a eu de cesse de se réinventer au fil des dernières années. On espère que le reste de l’album de The Toads sera de la même trempe que ce nouveau single très réussi.


In the Wilderness par The Toads sortira le 9 juin sur Upset The Rhythm! en Europe et Anti Fade en Australie.

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