
Crock of Glod, A Few Rounds With Shane McGowan, le documentaire consacré à l’inénarrable et génial leader des Pogues nous avait particulièrement tapé dans l’œil lors de la dernière édition du festival FAME en févier dernier. Dans ce récit de la vie chaotique de McGowan, réalisé d’une main de maître par Julien Temple, on avait pu apprécier l’évocation des débuts musicaux trop souvent ignorés du trublion irlandais. Car avant les Pogues, il y a eu The Nipple Erectors (littéralement les « dresseurs de tétons »), rapidement rebaptisés The Nips face aux réticences des salles de concert à programmer un groupe affublé d’un tel nom. Oscillant entre punk, big beat, power pop, garage rock et rockabilly, les Nips ont pondu quelques titres parfaitement percutants qui nous donnent un bel aperçu de l’ambiance musicale de la scène londonienne de la fin des années 70. Et c’est un réel plaisir de retrouver MacGowan dans un contexte différent de celui des Pogues et de constater que son énergie, sa coolitude et son authenticité étaient déjà entièrement présentes dès le début. Continuer la lecture de « The Nips, The Tits Of Soho (2000, Bovver Boot Company) »


Les convictions politiques les plus profondément ancrées ont ceci de commun avec les sentiments amoureux qu’elles se partagent difficilement en chanson. Les certitudes, si intenses soient-elles, ne se transposent pas aisément lorsque l’esthétisation risque de les affadir. En matière de folk ou de protest-songs, la sincérité ne fait pas tout. Pour survivre au contexte, il faut quelque chose de plus. Un surcroît incarné, presque une possession. Défenseur militant de la cause amérindienne dont il fit la matière principale d’une œuvre aussi confidentielle que magistrale,
1979 fut l’année de la
S’évanouir pour mieux revenir. C’est curieux comme les fantômes qui nous hantent le plus intensément sont ceux qui pratiquaient déjà, lors de leur passage terrestre, une forme d’effacement préliminaire. La disparition progressive avant la mort, comme pour ménager une phase de transition aux vivants, mieux les préparer à être hantés sur le long terme. « 
Le premier contact avec ce disque est une phrase. “Ça devrait te plaire”, m’avait prévenu mon ami Nicolas P. en me tendant le CD – et quand je repense à cet emploi du conditionnel, je ne peux m’empêcher de sourire. Je me souviens bien de ces mots-là, et pourtant, je ne me souviens pas de la période, ni de l’année exacte – mais c’est bien sûr 1999, il suffit aujourd’hui parfois d’un clic pour étayer sa mémoire. Et puis, je me souviens aussi du lieu, les bureaux de la