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Bonnes feuilles : Rosario Ligammari, “Buongiorno Pop” (Le Mot Et Le Reste)

Lucio Battisti
Lucio Battisti

Pas la peine de tourner autour du pot, je ne connais pas grand-chose à la pop italienne. Un single par ci, un album par-là, Litfiba grâce aux années new-wave (et tenez, penser à réécouter Istanbul ce matin même), Lucio Battisti grâce à Fabio Viscogliosi, les tubes des années adolescentes (Sarà Perché Ti Amo, Ma Quale Idea), les abonnés aux succès (Umberto Tozzi, Eros Ramazzotti, Zucchero), les quelques mots de Lio dans Week-End À Rome, Battiato grâce à Phœnix et puis le tour n’est pas loin d’être joué – en trichant, j’ajouterais bien Paninaro des Pet Shop Boys. Continuer la lecture de « Bonnes feuilles : Rosario Ligammari, “Buongiorno Pop” (Le Mot Et Le Reste) »

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Constant Follower, Neither Is, Nor Ever Was (Shimmy-Disc/Joyful Noise)

Constant FollowerIl est des albums dont l’importance se révèle dans un contexte d’autant plus inattendu que leur beauté singulière contraste alors avec la triste banalité de l’instant. En l’occurrence un quai bondé de RER en panne, l’attente qui semble interminable et l’accablement du début de semaine qui s’ajoute aux angoisses agoraphobes. Dans ces cas-là, le désir de musique a tendance à disparaître, submergé par les envies envahissantes de circonstances : sortir, avancer, récupérer un peu de vie et ne plus être là, tout simplement. Même s’il ne saurait se réduire à cette seule dimension thérapeutique, Neither Is, Or Never Was s’est imposé comme la bande-son parfaite d’une matinée très mal engagée sur ces mauvais rails, encombrés par les débris sinistres d’un énième incident voyageur. L’un des très rares à susciter immédiatement un sentiment de tranquillité protectrice, comme une bulle apaisée au milieu de la foule trop compacte et dans laquelle résonnerait des sons qui étouffent d’emblée tous les bruits parasites aux alentours. Continuer la lecture de « Constant Follower, Neither Is, Nor Ever Was (Shimmy-Disc/Joyful Noise) »

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Sufjan Stevens & Angelo de Augustine, A Beginner’s Mind (Asthmatic Kitty)

« I have a memory of a time and place where history resigned »

Débutant par une plage d’ouverture ample, nette et instantanément chaleureuse, A Beginner’s Mind, disque de retour au folk de Sufjan Stevens et Angelo de Augustine, annonce son programme sans détours. D’une part, la voix agile et souple d’Angelo de Augustine et d’autre part, le timbre fragile de Sufjan Stevens, enfin à nu après tant de dissimulations, réunis là pour conduire à deux des mélodies charpentées, immédiates, et aussi familières à l’oreille que du bois craquant dans la cheminée. Continuer la lecture de « Sufjan Stevens & Angelo de Augustine, A Beginner’s Mind (Asthmatic Kitty) »

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Motorists, Surrounded (We Are Time / Debt Offensive / Bobo Integral)

Il a bien fallu s’y résigner ; il est plus rare de s’en réjouir : à chaque découverte, à chaque coup de cœur, le triomphe posthume de Duchamp dans notre discothèque est un peu plus manifeste. La plupart des albums qui parviennent à s’extraire du flot continu de la surproduction musicale contemporaine semble, en effet, s’apparenter davantage à ces ready-mades, où le recyclage de fragments existants et clairement référencés l’emporte souvent sur l’impulsion créative. Il faudrait d’ailleurs, se repencher un jour sur le génie de Bryan Ferry – le premier à revendiquer explicitement cette filiation esthétique – mais ce sera une autre histoire plutôt qu’une digression. Que reste-t-il alors à apprécier ? La manipulation plus ou moins sommaire des originaux sur lesquels une nouvelle signature est apposée n’est que de peu d’intérêt. Tout se joue bien souvent dans la pertinence des choix puisque, à défaut d’innover radicalement, l’artiste se pose au moins en responsable de ce qu’il récupère et de ce qu’il écarte. De ce point de vue, la cohérence obsessionnelle est à presque à la portée du premier venu. Et les copistes monomaniaques, hyper spécialisés dans l’exhumation des vestiges d’un unique genre homogène ont fini par creuser leur propre tombe dans leurs chantiers de fouilles archéologiques. Motorists est, heureusement, d’une toute autre trempe. Continuer la lecture de « Motorists, Surrounded (We Are Time / Debt Offensive / Bobo Integral) »

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Spiritualized, Ladies and gentlemen we are floating in space (Fat Possum)

On ne sait pas toujours de quoi est faite la réalité. Lorsque cet album sort, le 16 juin 1997, l’ouverture de son packaging médicamenteux et le décollement de l’opercule en alu du blister laissent planer dans toute la pièce l’aura opiacée de Jason Pierce et l’arbre généalogique chargé du groupe. Ladies and Gentlemen We Are Floating in Space est le troisième album studio de Spiritualized. A la fois vaporeux et terriblement ancré dans la matérialité physique de la musique, on y trouve des apparitions du Balanescu Quartet et du London Community Gospel Choir. Qualifié d’album space rock psychédélique, il atteindra pourtant la quatrième place des charts britanniques, au plus fort de la période Britpop. Continuer la lecture de « Spiritualized, Ladies and gentlemen we are floating in space (Fat Possum) »

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Low, HEY WHAT (Sub Pop)

Dans mon quartier, enfin là où j’habite parfois, il y a une femme qui crie souvent, presque tous les soirs entre 21 heures et 23 heures, elle fait son apparition. On ne sait jamais si elle engueule quelqu’un en particulier ou l’humanité toute entière. Personne ne s’occupe d’elle, personne ne la rassure, personne, pas même la personne à qui elle semble s’adresser, personne ne fait plus attention à elle. Elle fait désormais partie du décor. Un décor permanent d’indifférence. Les raisons existent. On n’a pas à suppléer à la psychiatrie. On ne peut plus rien faire pour elle. Pis, on en a de moins en moins l’idée, ni le désir. En plus, les deux tiers de ce qu’elle émet est un sabir inintelligible que la colère n’arrange en rien. Continuer la lecture de « Low, HEY WHAT (Sub Pop) »

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Aztec Camera, Backwards And Forwards – The WEA Recordings 1984-1995 (Cherry Red)

Il faut compter ici pas moins de neuf disques – tous les albums originaux avec leurs bonus respectifs, de Knife (1984) à Frestonia (1995)- accompagnés de deux volumes d’enregistrements live et une autre paire de fourre-tout, hétéroclites mais précieux, consacrés aux remixes et autres titres rares – pour parvenir à restituer l’intégralité de cette histoire passionnante. De ces histoires plutôt, tant l’épopée de Roddy Frame et d’Aztec Camera au cours des deux dernières décennies du siècle passé comporte d’éléments riches et contrastés qu’un recul apaisé tend, une fois encore, à réévaluer. Continuer la lecture de « Aztec Camera, Backwards And Forwards – The WEA Recordings 1984-1995 (Cherry Red) »

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Supermalprodelica, Tremolo / Pinku (autoproduction)

supermalprodelica

Il y aurait deux périodes à discerner dans l’œuvre de Supermalprodelica. La première remonte à l’aube des temps, entre 1997 et 2002 : le jeune Mazamétain installé à Paris met en boite un album qui porte ce nom à rallonge entre sort de Mary Poppins et jeu sur le vocable « super mal produit », si je crois me rappeler. Il paraît en vinyle sur le label d’un certain Martin Dupré, Paperplane. Cet album qui devait, en pleine folie électronique, l’amener quelque part vers un eden mérité (un contrat avec la major Sony) l’aspire finalement dans un trou noir, la maison de disque calant à résoudre le désenchevêtrement des samples employés à gogo par Michel Wisniewski (pour un histoire complète et détaillée, suivre la page de Section 26 consacrée à l’affaire et rédigée par Philippe Dumez il y a quelques temps). A la suite de cette déception, Supermalprodelica erre dans une sorte d’oubli prudent (ne plus utiliser son nom pour des raisons légales), même si de bien belles pièces continuent de sortir en catimini, notamment deux titres magnifiques pour le label Antimatière (que je connais bien, puisque je m’en occupais) en 2002. Il y aurait à écrire le roman de cette période tant ce 33t originel (et ces maxis ou remix liés) continue de briller comme un diamant noir au fond de la nuit de la techno house française, on va s’y attacher bientôt, si Michel est d’ac.
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