Le 20 juillet 2003, trois membres des Exploding Hearts perdaient la vie dans un accident de van. Le groupe rentrait d’un concert à San Francisco, en direction de Portland (leur ville). Matt Fitzgerald, bassiste du groupe, se serait endormi au volant. Il décède, de même que le chanteur Adam Cox et le batteur Jeremy Gage. Ils avaient entre 20 et 23 ans. Seuls le guitariste Terry Six et la manageuse du groupe s’en sortent indemnes. Le groupe avait sorti, quelques mois plus tôt, son premier album Guitar Romantic sur le label punk Dirtnap Records. Il bénéficiait d’une excellente presse. Le vénérable fanzine Maximum RockNRoll soutenait ardemment le groupe tandis qu’un Pitchfork pas encore poptimiste lui accordait un excellent 8.8 accompagné d’un Best New Music. La formation avait le vent en poupe. The Exploding Hearts intéressaient même Lookout! Records qui avaient découvert Green Day dix ans plus tôt. Le rock aussi était différent. Le premier album des Strokes n’était sorti que deux ans auparavant et le genre musical se portait bien au point de connaître un véritable revival. Tout était imaginable pour les Exploding Hearts, mais la fatalité en décida autrement. Tristesse insondable, y compris vingt ans plus tard. Reste ce Guitar Romantic.. Et quel disque ! Un très grand album de powerpop tirant sur le punk. Si les intéressés avaient un look de punks de dessin animé (pour reprendre une expression de Matt Lemay), les chansons, elles, brillent par leur vitalité débordante. S’inspirant des Buzzcocks ou The Beat, The Exploding Hearts déroulent le grand jeu. Guitar Romantic est gorgé de mélodies accrocheuses. Ils ont l’énergie et l’insolence de leurs vingt ans. Ils la mettent au service de chansons pop séduisantes mais jamais trop accommodantes. L’album démarre en trombe sur Modern Kicks , un hymne ! La suite est tout aussi réjouissante. Du motif de batterie de Sleeping Aides and Razorblades en passant par le tube I’m a Pretender, Guitar Romantic ne laisse que peu de répit. Rumours in Town se pare d’influences fifties tandis que Jailbird s’habille de charmants ornements de rickenbacker. Mais pas le temps de souffler, l’album est déjà terminé. En dix morceaux, The Exploding Hearts signent un sensationnel premier disque, sans en faire des caisses, en étant eux-mêmes. Vingt ans plus tard, il n’a pas pris une ride et garde toute sa fraîcheur. En 2006, Dirtnap publiera Shattered une compilation de démos et singles. Pas de quoi concurrencer Guitar Romantic, mais il demeure un bon rappel. Le membre survivant des Exploding Hearts (Terry Six), fera un autre groupe powerpop (Nice Boys) puis enregistrera un album en collaboration avec King Louie. Si ce dernier n’était pas un membre officiel des Exploding Hearts, le claviériste a cependant coécrit la moitié de l’album. À n’en pas douter, Guitar Romantic a touché en plein cœur de nombreux musiciens au fil des années. En Amérique du Nord (White Wires, Bad Sports, Tranzmitors) comme en France (Crusaders of Love, Lullies, Food Fight, Alvilda), tous sont des héritiers de ce qu’ont essayé de créer les Exploding Hearts il y a 20 ans.
