Alex & FabCouz, Tape EP (Juvenile Delinquent)

La scène indépendante actuelle française est honnêtement plutôt chouette. En Attendant Ana, Bryan’s Magic Tears, Ojard, Brace Brace ou Thomas Subiranin, tous à leur manière portent une certaine idée de la musique et de la marge, qui n’est d’ailleurs pas toujours la même. Si la pop fait le plein et se porte comme un charme, il n’en est cependant pas tout à fait de même pour les musiques d’expressions plus énervées.  Certes, quelques combos garage frondeurs, des formations hardcore, punk ou powerpop vives et vaillantes continuent de traverser les subreptices de l’Hexagone, mais leur nombre a certainement décliné. Parfois, néanmoins, il nous prend de nostalgie à se souvenir de la découverte de certaines formations dans les caves voûtées et humides de la Cantine de Belleville ou de la Mécanique Ondulatoire… Un jour, les Last Rapes of Mr Teach nous mettaient une claque avec leur garage black lipsien salace et vigoureux. Le lendemain, Yussuf Jerusalem nous convertissait, et une semaine plus tard, les Magnetix mettaient à genoux les Mains d’Œuvres. Parmi tous ces groupes, il y avait les Crusaders of Love de Lille. Signés sur un label américain (Douchemaster), ils y avaient tourné. La classe à Dallas. Ils étaient surtout parmi les seuls à se revendiquer d’une certaine filiation Powerpop avec les excellents Protokids de Paris. Ils rejoignaient en cela de nombreux groupes nord américains nés dans le sillon des Exploding Hearts : Lover!, Gentleman Jesse, Bad Sports, King Louie’s Missing Monuments, White Wires, Biters, etc. En 2016, après trois albums, le groupe lillois s’arrêta. Triste mais pas nécessairement surprenant, la formation étant moins active depuis quelques temps.  Nous sommes donc très heureux de retrouver les deux guitaristes avec un nouveau projet sous leur propre nom : Alex & FabCouz. Enregistré à Paname au Château Vergogne, Maxime Smadja, producteur émérite (Rendez Vous, Police Control, Pierre & Bastien) et membre de Skategang, Digital Octopus ou Rixe, leur a concocté un son aux petits oignons, puissant et détaillé. Les quatre chansons ont enfin trouvé le chemin de Juvenile Delinquent, un très chouette label français installé à Nantes ayant publié des groupes comme Cathedrale, Rancune ou Asphalt. En une douzaine de minutes, les deux anciens guitaristes des Crusaders of Love explorent avec une verve intacte leurs obsessions powerpop. À vrai dire, ils pratiquent la chose avec un enthousiasme très plaisant à entendre. Au delà des intentions, le songwriting du duo s’est affiné, ils maîtrisent et jouent avec les codes du genre avec adresse. Ils en explorent les nuances. Moving On démarre en trombe : sur un riff à mi-chemin entre Sweet Jane du Velvet Underground et Go All The Way des Raspberries, Alexandre et Fabrice balancent un petit hymne euphorique et généreux sur un tempo intermédiaire. Le tempo s’accélère légèrement sur Tuff Break, une guitare un poil Rock & Roll se mêle à la fête, rejoint par des chœurs bubblegum légers et un pont super réussi. Avec Low Life Sanctury, Alex & FabCouz signent un tube catchy et glorieux, porté par un solo de six cordes délicieusement épique et rustique. Enfin, Everything conclue les ébats sur une note plus apaisée. L’ambiance légèrement hispanisante évoque Cruel To Be Kind du génial Nick Lowe, mais ne comptez pas sur Alex & FabCouz pour totalement renoncer aux riffs qui défouraillent. Notons l’usage opportun d’une guitare acoustique dans les arrangements, dans la pure tradition 60’s, quelque part entre les Beatles et certains titres des Zombies. Publié sur une modeste cassette, nous espérons que ce premier EP du duo français donnera suite à de nombreux autres, et peut-être un album. Réjouissons-nous en tout cas du retour aux affaires de deux personnalités attachantes de la scène underground française.

 

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