Catégories sunday archiveÉtiquettes , , , , , , ,

The Apartments, Drift (1993)

Peter Milton Walsh, The Apartments
Peter Milton Walsh, The Apartments – Les Vinzelles, Volvic, 04/11/2023 / Photo : Michel Valente

Contrairement à ce qu’aurait pu chanter feu Daniel Darc, ce n’était pas n’importe quel soir que celui d’hier. Vraiment pas. Sur la scène des Vinzelles – depuis le début, alors que je n’ai pas beaucoup de certitudes, je savais que cet homme-là et ce lieu-là étaient faits pour se rencontrer –, Peter Milton Walsh, flanqué de l’impeccable Antoine Chaperon à la guitare électrique (et électrisante), livrait devant une centaine de personnes l’un des plus beaux concerts que j’ai pu voir de lui… Le plus beau peut-être, ex-aequo avec la fameuse prestation du 11 novembre 2009 au Théâtre de l’Européen non loin de la Place de Clichy – encore merci, Emmanuel T. Novembre, tenez. Un soir pluvieux comme celui d’hier, un soir d’automne où la mélancolie devient comme une raison d’être. La mélancolie bleue. Celle qui s’échappe si joliment des chansons de Peter Milton Walsh. Continuer la lecture de « The Apartments, Drift (1993) »

Catégories chronique nouveautéÉtiquettes , , , , , ,

Suzanne Ciani et Jonathan Fitoussi, Golden Apples of the Sun (Transversales / Obliques / Atmosepheric)

Dès les premiers instants de Golden Apples of the Sun, un constat s’impose : une forme de classicisme synth porté à sa perfection. Par deux figures aujourd’hui incontournables de la scène néo-ambient : Suzanne Ciani, évidemment, pionnière de la synthèse et du sound design sur système Buchla, et Jonathan Fitoussi, représentant d’une nouvelle garde de musiciens soucieuse de se réapproprier l’âge héroïque de la lutherie électronique – de EMS à Buchla, en passant bien évidemment par Moog ou ARP. Une collaboration qui prend toute sa signification par la manière dont elle réinvestit les codes esthétiques d’un genre emblématique, celui d’une early electronic minimaliste qui, à la différence des avant-gardes, aura toujours assumé un compagnonnage avec le modernisme pop. Continuer la lecture de « Suzanne Ciani et Jonathan Fitoussi, Golden Apples of the Sun (Transversales / Obliques / Atmosepheric) »

Catégories mardi oldieÉtiquettes , , , , ,

Véronique Sanson, Hollywood (Elektra, 1977)

Véronique Sanson a révolutionné la chanson française dans les années 70. Avec quelques autres (Michel Berger, Yves Simon…), elle porte un nouveau son, ne choisissant pas entre pop et chanson. S’il est facile de caricaturer sa diction particulière, cette manière de poser sa voix sublime la langue d’ici. Véronique Sanson trouve, en effet, une réponse singulière à l’invariable question : peut-on faire sonner la pop en français ? Dans la discographie de la chanteuse française, chacun aura sa préférence. Beaucoup pencherons ainsi pour l’un de ses trois premiers essais (De l’Autre Coté de Mon Rêve, Véronique Sanson et Le Maudit). Ils forment une sublime trilogie, mais Hollywood (1977), son sixième album (en comptant le live), a aussi de sérieux atouts. Continuer la lecture de « Véronique Sanson, Hollywood (Elektra, 1977) »

Catégories chronique nouveautéÉtiquettes , , , , , ,

Fleur Bleu.e, Unrequited Love (Pan European Recording)

C’est toujours étonnant de se rendre compte que des gens qu’on ne connait pas vraiment nous connaissent suffisamment. Suffisamment pour se permettre de recommander un disque – et recommander un disque, c’est chose risquée quand la musique occupe depuis plusieurs décennies une place démesurée dans une vie. L’histoire commence donc par un message reçu sur les réseaux sociaux, message d’un ami “virtuel” avec lequel on échange depuis des années sans jamais s’être croisés – alors qu’il nous est arrivé de fréquenter les mêmes lieux, les mêmes concerts –, un ami virtuel nommé Frank G. qui écrit juste : “Je pense que tu devrais aimer”Continuer la lecture de « Fleur Bleu.e, Unrequited Love (Pan European Recording) »

Catégories chronique nouveautéÉtiquettes , , , , ,

Gaétan Nonchalant, Changement de programme (Objet Disque)

Difficile de croire qu’il ne s’agisse que d’un premier album pour Gaétan Nonchalant tant sa voix nous semble désormais familière. Il faut dire que cela fait maintenant quelques années que le Normand nous conte sa folk faussement naïve sur scène et pas que – un EP paru en 2020 précède cette collection de chansons parue fin septembre chez Objet Disque. Des chansons déjà chargées d’un vécu puisque composées entre 2016 et 2020 puis fignolées pendant plusieurs années avant d’être enregistrées – toujours en analogique – dans différents lieux. Deux d’entre elles nous sont d’ailleurs connues de longue date : le single Les légumes mais aussi La Bérézina, extraite de l’EP, déjà devenus des hymnes en concert. Continuer la lecture de « Gaétan Nonchalant, Changement de programme (Objet Disque) »

Catégories Chronique en léger différéÉtiquettes , , ,

Frédérique Sueur, Le temps mutile les talons (Undo Seat Belts / Rush Hour)

Salutation !Voici un lien vers le premier disque de Frédérique Sueur qui est sorti le 22 mai ( https://www.rushhour.nl/record/vinyl/le-temps-mutile-les-talons). J’ai tout de suite pensé à toi en l’écoutant. C’est un drôle de type ; je l’ai rencontré dans un parking de La Défense. Il joue les weekends au niveau -2 de Puteaux-La Défense, centre commercial Westfield. Je pourrais te parler de sa performance, qui vaut vraiment le détour, mais je préfère pas te spoiler ! Disons juste qu’elle atteste d’une démarche bien personnelle… et il commence à avoir un petit groupe de curieux qui viennent le voir.L’album, intitulé Le temps mutile les talons, est disponible chez Rush Hour, c’est produit par un petit label belge du nom d’Undo Seat Belts. Pour te donner une idée, le disque est hermétiquement cloisonné en deux parties, deux actes distincts au travers desquels se manifestent ses marottes. La face A, présente des chansons narratives d’où transparaît un goût pour les autofictions et la multiplicité d’identités à la Pessoa. La face B, quant à elle, est son véritable contrepied instrumental. Je dirais qu’elle est un exercice de style, un hommage aux musiques de film, et plus particulièrement au Giallo. Continuer la lecture de « Frédérique Sueur, Le temps mutile les talons (Undo Seat Belts / Rush Hour) »

Catégories chronique nouveautéÉtiquettes , , , ,

Stéphane Milochevitch, La bonne aventure (Talitres)

« J’ai enregistré ce CD
pour qu’un jour tu l’entendes par hasard
en coup de vent en coup d’un soir
en coup de poignard »

D’abord faire le deuil, celui de Thousand, entité floue aux deux albums sortis de nulle part, passionnant, touchant, en diptyque – passion critique rock , passion assemblage – du portrait en tissu (Le tunnel végétal, 2018) à celui en céramique (Au paradis, 2020), deux disques dont on ne s’est toujours pas remis, qui vieillissent avec nous tranquillement, avec deux trois écoutes mensuelles, des chansons qui jouent à prendre ou perdre des places dans notre top 50 mental (en ce moment l’obsession est portée sur Narval et Le bâton ivre). D’ailleurs, on attendait de pied ferme le troisième volet (le fameux triptyque, on sait aussi compter jusqu’à trois, ou un retable, tiens, si on pense aux obsessions spirituelles du chanteur), avec un portrait en coquillage, ou en statue de bois, on ne saura pas, peut-être qu’il viendra plus tard, ou jamais, peut-être qu’on le fantasmera et que ça sera mieux. On était prévenu, ceci dit, il y avait cette prédiction dans le dernier : « Appelle moi demain, demain Milochevitch ». On aurait dû comprendre, ce  message aux exégètes, cette annonce d’une fin et d’une résurrection. Continuer la lecture de « Stéphane Milochevitch, La bonne aventure (Talitres) »

Catégories selectoramaÉtiquettes , ,

Selectorama : Pierre Rousseau

Pierre Rousseau / Photo : Charles Negre
Pierre Rousseau / Photo : Charles Negre

Auteur récent du très élégant Mémoire de forme, Pierre Rousseau élabore des mondes électroniques qui tiennent plus de l’architecture ou du travail plastique que de la pop, même si jamais n’est délaissée l’accroche mélodique : d’ailleurs, l’approche générale laisse place entière aux émotions, les plages dégageant une charge mélancolique évidente, éloignée d’une abstraction froide qui parfois guette ce genre d’initiative. Les rythmiques plutôt agitées mais douces ancrent les compositions dans une modernité toute actuelle, mais des traces d’utopies du passé résistent dans le fond, une époque de croyance en un futur où sciences et raison se marieraient pour le bonheur de tous : dirigeables lents et silencieux dérivant dans le ciel, champs de blé traversés par les aérotrains, exploration spatiale internationale, exploration intérieure aussi, en douceur grâce à de belles musiques fonctionnelles nous amenant à une extase des synapses. Un peu le résumé du programme de Mémoire de forme, en quelque sorte. Continuer la lecture de « Selectorama : Pierre Rousseau »