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Bill Callahan, YTI⅃AƎЯ (Drag City)

Ce que je retiendrai du scoutisme, au-delà d’un paquet de nerfs, du savon noir, de l’odeur, à la longue écœurante, des feux de bois et de petites humiliations, c’est que le danger n’est jamais loin et qu’il faut rester à l’affût. Et j’avoue volontiers avoir baissé ma garde à propos de ce sacré Bill. Mais, bien au-delà du confort souvent majestueux que ses disques récents m’ont toujours apporté, la lassitude rentrant peu à peu en ligne de compte, vous n’avez pas idée de mon vrai métier, et l’ennui n’est pas forcément étranger à la félicité. Bien au-delà de ça, dans ces disques jolis, et loués unanimement par les professionnels de la profession, ô combien je m’ennuyais. Parfois, pas toujours (Apocalypse quand même), mais souvent. Mais je restais à l’affût, en vain mais pas toujours. Et aujourd’hui, me voilà bien récompensé.

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Small Sur, Attic Room (Worried Songs)

Il suffit de jeter un bref coup d’œil rétrospectif à sa discographie pour s’en convaincre : Bob Keal entretient un rapport à la musique et au temps dont toute trace d’urgence a été chassée depuis bien longtemps. Quelques débris confidentiels enfouis dans les limbes, quatre albums de Small Sur publiés trop discrètement entre 2005 et 2012 et puis le silence complet. Dix années se sont écoulées ensuite, que le natif du Dakota désormais installé du côté de Baltimore a consacré à son « vrai » métier d’enseignant, à sa famille – et notamment à sa fille née en 2014 – bref, à la vie. Ce n’est que grâce à l’insistance et au soutien de quelques amis proches – et notamment des frères O’Connell, Matthew (Chorusing) et Joseph (Elephant Micah) – qu’il s’est décidé à briser un peu de ce silence à la fois choisi et résigné pour retravailler et assembler, fragment par fragment, quelques-unes des esquisses dérobées aux heures besogneuses de la décennie passée. Continuer la lecture de « Small Sur, Attic Room (Worried Songs) »

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Weyes Blood, It’s Not Just Me, It’s Everybody (Sub Pop)

Weyes Blood
Weyes Blood

« On laisse derrière nous des traces de sang et des morts.
On vous embrasse tendrement « 

La météore Weyes Blood revient illuminer notre automne d’une chanson et d’un clip pourtant bien sombre et douloureux. Dans les ténèbres, les cœurs s’embrasent nous dit le titre de son prochain album, And In The Darkness, Hearts Aglow  à paraître en novembre chez Sub Pop, second volet d’une trilogie commencée avec Titanic Rising en 2019. It’s Not Just Me, It’s Everybody est une ballade chamber-pop construite sur un simple riff de batterie-piano tournant ad libitum, la voix de Weyes Blood/Natalie Mering fait progresser les harmoniques sur des nappes de cordes et de synthés , des flutiaux raveliens, des chœurs évoquant le We Have All The Time In The World de My Bloody Valentine, et l’envoûtement est d’une force irrésistible. On se repasse le morceau encore et encore, y découvrant des détails à chaque fois, et notre rythme interne ne bat plus qu’à ce tempo si doux, si tranquille. En espérant que l’album entier soit tenu par cette note d’une absolue mélancolie. Continuer la lecture de « Weyes Blood, It’s Not Just Me, It’s Everybody (Sub Pop) »

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Triptides, So Many Days (Curation Records, 2022)

Après un détour chez Alive Records (Left Lane Cruiser, Beechwood) pour le disque précédent (Alter Echoes, 2021), les Californiens de Triptides rejoignent une autre écurie nord-américaine : Curation Records. Ils y côtoient désormais GospelbeacH ou Beachwood Sparks.  Comme ces derniers, la formation menée par Glenn Brigman, explore les voix célestes de la Cosmic American Music chère à Gram Parsons (The Byrds, Flying Burrito Brothers). Si au fil des années, le line-up a évolué, la musique de Triptides réconforte par sa régularité et sa précision. Triptides s’est trouvé, mais ne manque jamais de verve. Leur écriture délicate et intemporelle fait mouche à chaque fois. Continuer la lecture de « Triptides, So Many Days (Curation Records, 2022) »

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Codeine, Dessau (Numero Group)

Des chansons connues sur le bout des doigts, au fond du cœur et qu’on redécouvre pourtant d’une oreille neuve. Qu’est-ce que tu veux de plus ? Un miracle ? C’en est un, à son échelle. Celle d’un lit superposé que l’on a gravi plus d’une fois pour retrouver un confort à la fois cotonneux et exaltant, et la paix, surtout. Ça n’est pas grand-chose ce disque de Codeine mais ce pas grand-chose, c’est parfois l’impression tenace que les disques portent le sceau de la vérité, de l’histoire, d’une histoire infiniment plus grande que celle connue et que ceux qui l’ont fait. Et que celle-ci n’est pas tronquée, elle est juste autre, plus fragile souvent, mais tout aussi ensorceleuse. Continuer la lecture de « Codeine, Dessau (Numero Group) »

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Codeine, When I See The Sun (Boxset – Numero Group)

Même si c’est la stricte ou la triste vérité, il serait réducteur et malhonnête de ne voir rétrospectivement en Codeine que le groupe qui a énoncé les bases d’un genre (Slow-core ou Sad-core) qui, constituant l’acte de naissance d’un certain rock américain des années 90 à nos jours (Low, Bedhead, Red House Painters, Idaho, Spain) et même au-delà (Diabologum, Mogwai) n’a pourtant jamais ou trop rarement été reconnu à sa juste valeur. Continuer la lecture de « Codeine, When I See The Sun (Boxset – Numero Group) »

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Climats #29 : Mark Linkous, Jonathan Sadowsky

Peut-on écouter This Mortal Coil sans allumer le chauffage ?
Ou Spotify sans Neil Young, est-ce encore un site valable ?

Climats met en avant disques et livres selon les aléas de la météo. Continuer la lecture de « Climats #29 : Mark Linkous, Jonathan Sadowsky »

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Pharoah Sanders, élévation

Pharoah Sanders
Pharoah Sanders

Mort, inéluctable sort. Celle des artistes que l’on chérit, avec la perpétuelle envie de crier sur tous les toits et à qui veut bien l’entendre : ÉCOUTEZ-LES, ces artistes. Ne faites pas qu’en parler ou déposer une gerbe numérique de fleurs fanées car ce ne sont que des mots. Et ici l’on sait, d’ailleurs, que tous les mots disent la même chose. Continuer la lecture de « Pharoah Sanders, élévation »