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Ruth Radelet, The Other Side EP (autoproduit)

Il m’a dit, tu devrais écrire sur The Other Side et j’ai dit oui, sans vraiment hésiter, et puis j’ai écrit. J’ai commencé d’écrire sans même avoir écouté les chansons. Je les avais entendues, comme on le fait toutes et tous, mais je ne les avais pas écoutées. Ces quelques lignes que j’avais écrites, elles disaient que Chromatics, c’était une certaine idée des 80’s mais en mieux et puis qu’il y avait cette voix qui nous faisait penser que Ruth Radelet, la chanteuse, n’existait pas réellement, que c’était un ange tombé du ciel. Je trouvais que c’était cliché mais parfois il n’y a que les clichés qui peuvent décrire parfaitement ce que l’on ressent. J’avais écrit d’autres choses, une théorie fumeuse cette fois, que les disques de Chromatics s’étaient succédés et que cette voix avait pris de plus en plus de place – moins de plages instrumentales, moins de vocoder – ce qui a fait dire à certains que l’avant-dernier album de Chromatics, Closer To Grey, était en fait le premier album solo de Ruth Radelet. Continuer la lecture de « Ruth Radelet, The Other Side EP (autoproduit) »

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Musical Écran 2022 : « All I Can Say » de Danny Clinch, Taryn Gould, Colleen Hennessy et Shannon Hoon

Shannon Hoon
Shannon Hoon

Un écran bleu, un cut, un jeune homme chante d’une voix claire et un peu mélancolique derrière la lumière cyclique d’une dreamachine. Puis une conversation téléphonique dans une chambre d’hôtel. C’est cinq années d’archives intimes en vidéo qui s’enchaîneront enfin pendant près d’une heure et quarante minutes sans aucun commentaire. Le montage est haletant et la fin, inéluctable. De 1990 à 1995, Shannon Hoon s’est filmé chaque jour bien avant de savoir qu’il deviendrait le chanteur du groupe Blind Melon, auteurs d’un one-hit wonder mondial de l’âge d’or d’un certain grunge feel-good. Réalisateur à l’insu de son propre biopic, ses captations sont ici superbement séquencées à six mains dont le respect pour les images originelles s’exprime dans le fait qu’elles resteront anonymes et silencieuses tout du long. Un documentaire hanté, radical et déchirant qui laisse sans voix.

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Musical Écran 2022 : « All The Streets Are Silent – The Convergence of Hip Hop And Skateboarding (1987 – 1997) » de Jeremy Elkin

Mike Hernandez et Harold-Hunter / Photo : Gunars Elmuts

Enfin un film qui ne revient pas sur une histoire (mieux) racontée par ailleurs. Une histoire pas non plus complètement inconnue pour qui s’est un tant soi peu intéressé aux Beastie Boys, absents à l’écran autant que présents en filigrane, et célébrés en 2020 dans un autre documentaire, Beastie Boys Story de Spike Jonze. Lui aussi programmatique dans son titre complet, sans aller jusqu’à préciser que les rues en question, tout sauf silencieuses, sont new-yorkaises, les 90 minutes de All The Streets Are Silent : the Convergence of Hip Hop and Skateboarding (1987-1997), devraient plaire au cinéaste norvégien Joachim Trier, au touche-à-tout tourangeau Rubin Steiner ou bien encore à Pedro Winter. Continuer la lecture de « Musical Écran 2022 : « All The Streets Are Silent – The Convergence of Hip Hop And Skateboarding (1987 – 1997) » de Jeremy Elkin »

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Musical Écran 2022 : « Trip! » de Lilly Creightmore

Le trip, c’est le voyage, en mouvement ou à l’intérieur de soi. Une expérience que Lilly Creightmore s’apprête à vivre intégralement lorsqu’elle débarque à Austin, Texas, en Octobre 2008. La photographe et vidéaste londonienne est invitée par les Black Angels à couvrir leur tournée avec Roky Erickson, fondateur des mythiques 13th Floor Elevators. Ce premier périple l’amène à la rencontre des Brian Jonestown Massacre, des Warlocks ou de Black Rebel Motorcycle Club. Au travers de ces entrelacements commence à s’écrire une histoire, celle du réveil d’une scène « rock psychédélique », terme que les 13th Floor Elevators avaient les choses sont parfois bien faites été les premiers à employer dans les années 1960. Pour la jeune femme, indifférente au rock mainstream servi par les groupes anglais de l’époque, écœurée par la corporatisation de l’industrie musicale, cette expérience est une révélation : il y a dans le son de ces guitares ce qu’elle a tant écouté et aimé (Ride, Spacemen 3…) et auprès de ces musiciens une communauté à laquelle, enfin, s’identifier. Continuer la lecture de « Musical Écran 2022 : « Trip! » de Lilly Creightmore »

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Mimi par cœur

Mimi Parker / Low
Mimi Parker / Low

C’était en février 2013, dans un appartement parisien. Dès que la soirée de poche avec Low avait été annoncée, j’avais fait des pieds et des mains pour y assister. Le soir même, j’avais acheté un bouquet de fleurs pour remercier Dali, qui m’avait confirmé quelques jours plus tôt que je pourrais y assister. C’était un double évènement : Low en appartement, et Low en duo. Juste Alan Sparhawk et Mimi Parker. Low est un des groupes que j’ai le plus vus en concert, mais je n’avais jamais eu l’occasion de les entendre dans cette configuration.

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Climats #34 : Yo La Tengo, Erwin Blumenfeld

Peut-on écouter la voix de Calvin Johnson les jours d’orage ?
Et Josef K sans avoir lu Kafka, c’est toujours aussi bien ?

Climats met en avant disques et livres selon les aléas de la météo. Continuer la lecture de « Climats #34 : Yo La Tengo, Erwin Blumenfeld »

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The Delines – On dirait le Sud

The Delines
The Delines / Photo : Jason Quigley

Avant, il y avait Richmond Fontaine. Ce groupe que j’avais essayé d’aimer, brièvement et vainement, à la fin des années 2000. Comme avec quelques autres – The Hold Steady, Drive-By Truckers – les louanges de la presse anglaise, Mojo et Uncut en tête, avaient suffi pour me donner l’envie de tenter l’expérience et pour acquérir ces albums sur la foi de critiques dithyrambiques. Des disques que je ne retrouve plus sur les étagères encombrées – jamais un très bon signe – et qui ont dû finir dans une cave ou sur les rayons d’occasion de Gibert. Une première rencontre avec l’Amérique de Willy Vlautin globalement manquée, donc. Les souvenirs en sont vagues mais les raisons demeurent : une forme musicale qui charriait encore quelques poncifs country un peu trop virils pour mon goût de l’époque ; du rock littéraire, peut-être bavard. Continuer la lecture de « The Delines – On dirait le Sud »

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Selectorama : Sylvie (Ben Schwab)

La vie dans les replis du temps. Ou plutôt dans les sillons d’un disque de Carole King. C’est à ce pas de retrait, loin de l’époque, que nous invite pour l’instant Ben Schwab, en vacances de Drugdealer. Sur le premier album de son nouveau projet, Sylvie, il est beaucoup question de prolonger les lignées musicales, de maintenir une certaine forme de fidélité aux héritages. C’est, en effet, après avoir découvert, dans les combles de la maison familiale, une caisse de bandes magnétiques enregistrées par son père et ses camarades en 1975 et demeurées inédites à ce jour que Schwab a décidé d’honorer à sa manière ces vestiges de l’archéologie intime. Déja-Vu, comme chantaient les quatre autres, ou déjà entendu ? Sans doute, mais ce n’est pas vraiment la question. Il y a, dans la ferveur personnelle qui imprègne ces sept morceaux, quelque chose de plus puissant et qui échappe aux nostalgies convenues de la reconstitution historique. Un sens de la continuité enthousiaste que l’on retrouve dans les propositions d’écoute défendues par Schwab et qui, tout comme lui, bousculent les contraintes trop strictes de la cohérence chronologique. Continuer la lecture de « Selectorama : Sylvie (Ben Schwab) »