Mimi par cœur

Mimi Parker / Low
Mimi Parker / Low

C’était en février 2013, dans un appartement parisien. Dès que la soirée de poche avec Low avait été annoncée, j’avais fait des pieds et des mains pour y assister. Le soir même, j’avais acheté un bouquet de fleurs pour remercier Dali, qui m’avait confirmé quelques jours plus tôt que je pourrais y assister. C’était un double évènement : Low en appartement, et Low en duo. Juste Alan Sparhawk et Mimi Parker. Low est un des groupes que j’ai le plus vus en concert, mais je n’avais jamais eu l’occasion de les entendre dans cette configuration.

Dans la vidéo, on voit Alan jouer de la guitare dans l’escalier, accueillant les spectateurs au son d’une version débranchée de Nothing but heart. Il fait le pitre et titube dans le couloir qui mène à l’appartement (il s’effondre sur Jérôme). Sitôt dans le salon, Alan laisse le chant principal à Mimi : c’est elle qui, dans un dénuement dont le groupe n’est pas familier, termine le morceau. Ce soir, je suis assis en tailleur et j’ai la chance d’être très près du groupe. Je ne vais pas raconter la suite de ce concert : il figure sur Youtube, et si vous ne l’avez jamais regardé, c’est une performance intime très intense.

Au bout d’une demi-heure de concert, Alan se retire, rapidement rejoint par Mimi. Il s’est produit quelque chose qu’aucun spectateur n’a anticipé et qui visiblement menace le reste de la soirée. La tension est palpable. Que s’est-il vraiment passé ? Je ne l’ai jamais su. Mais ce que j’ai vu, c’est Mimi aller rechercher Alan. Le rassurer, l’accompagner, le conforter. Et le faire revenir, centimètre par centimètre. Ce soir-là, j’ai compris que Mimi était la force et Alan la fragilité. Et que cette alliance était le socle d’un groupe dont les enregistrements, plus de 20 ans après les débuts, demeuraient imprévisibles et passionnants.

Alors que la suite du concert semblait compromise, Alan et Mimi se lancent dans un marathon Neil Young dont tous ceux qui étaient présents gardent un souvenir inoubliable : Cinnamon Girl / Powderfinger / Down By The River. Mimi au chant solo sur ce dernier. Rien qu’à l’évoquer, j’en ai encore la chair de poule.

Hier soir, la force s’est éteinte. Je les revois encore, au milieu de l’appartement à peine éclairé, dans cette configuration inédite qui avait mis à nu leur immense tendresse l’un envers l’autre. Avec Yo La Tengo, c’était le plus beau couple que le rock indé américain nous avait jamais offert.


Nous avions consacré une émission entière à Low sur Rinse France avec Emmanuel Plane, à réécouter ici.

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