V/A, Paisà Got Soul : Soul, AOR & Disco in Italy 1977 / 1986 (Four Flies)

L’année dernière, notre émérite collègue Rosario Ligammari publiait l’excellent Buongiorno Pop chez Le Mot et le Reste, un hommage à la vibrante pop transalpine. Paisà Got Soul arrive à point nommé pour remettre une pièce dans la machine. Généreuse sélection de 15 chansons, la compilation explore les chaleureuses contrées de l’AOR. Ce genre musical, longtemps moqué et ignoré, a le vent en poupe depuis quelques années. Qu’il soit désigné sous le sobriquet de Yacht Rock, Soft Rock, ou Album-Oriented Rock, la recette n’en reste pas moins similaire : la musique cross-over ultime de la fin des seventies, entre rock, idéaux hippy, accords jazzy et groove détendu soul/funk/disco. Comme les Beatles, quinze ans plus tôt, The Doobie Brothers, Steely Dan, Fleetwood Mac ou Earth Wind and Fire ont fait des émules un peu partout. Au Japon, le genre a même eu sa propre déclinaison locale à travers la City Pop. Sans surprise, les diggers-archéologues se sont penchés sur le sujet. L’excellent label Favorite a ainsi développé, depuis 2015, la série AOR Global Sounds (cinq volumes), tandis que le label allemand City Slang a défriché le terrain à travers les compilations Too Slow To Disco. L’Italie peut désormais compter sur le label romain Four Flies pour ausculter cette facette du patrimoine vert-blanc-rouge. Choisies par David Nerattini et Pierpaolo De Sanctis, les quinze propositions de Paisà Got Soul brillent par leur qualité et leur cohérence. Couvrant une période relativement longue, de 1977 à 1986, la compilation se concentre sur la facette organique au tempo modéré du genre. Les productions et arrangements sont superbes, une débauche de pianos électriques et de guitares en cocotte, les voix italiennes amènent enfin une touche romanesque et exaltée à l’ensemble. Si Alan Sorrenti n’est pas de la partie, son absence ne se faire guère sentir. In Alto Mare du Milanais Mario Lavezzi chaloupe comme une Vespa zigzagant entre les voitures en pleine circulation un jour de cagnard. Le Brésilien Jim Porto signe, quant à lui, la magnifique Smettila (Po-Parrà). Publiée en 1984, la chanson évoque David Koven et Marcos Valle. La cascade de violon de Non Andar Via du méconnu Franco Camassa est une merveille de délicatesse à laquelle il est difficile de résister. Le Romain Enzo Carella maîtrise à la perfection les codes du genre sur la très réussie Contatto, extraite de son album culte Sfinge (1981). Les autres artistes ne déméritent pas non plus, Paisà Got Soul s’écoute comme un excellent album, aucun morceau ne vient troubler le séquençage. La prouesse n’est pas si simple, l’art de faire un très bon morceau d’AOR n’étant pas à la portée du premier venu. La distinction entre le correct et l’exaltant ne tient ici souvent pas à grand chose. Espérons que cette compilation en inspire d’autres, nous serions ravis de voir des approches similaires en Espagne ou en France.


La compilation Paisà Got Soul est disponible sur le label Four Flies. Elle peut être écoutée et téléchargée gratuitement ici.

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