Avant que la house n’enflamme les pistes de danse de Chicago, la ville de l’Illinois avait développé dans les années 60-70 une tradition soul, dans un paysage marqué par la Motown ou la Stax. Au delà de Jackie Wilson ou Curtis Mayfield (avec/sans The Impressions), Chicago pouvait en effet compter sur une scène particulièrement riche : Tyrone Davis, Gene Chandler, Jerry Butler, Fontella Bass, Billy Stewart, Baby Huey, The Staple Singers, The Dells, Rotary Connection ou encore les Chi-Lites qui nous intéressent aujourd’hui. Ces artistes adoptaient évidemment les codes de leur époque, mais y injectaient une vraie sensibilité, propre à la Windy City. Définir le son de la Chicago soul n’est pas si aisée, pourtant dès que vous mettez un disque produit dans cette métropole, quelque chose de spécial se passe. C’est groovy, avec un balancement presque nonchalant, plus soyeux que la southern soul, moins pop et amphétaminé que la northern soul. Continuer la lecture de « The Chi-Lites, (For God’s Sake) Give More Power To The People (Brunswick, 1971) »
Étiquette : Genre : Soul
Catégories playlist
Stax en 40 hits
Retour sur les plus grands titres du légendaire label Soul de Memphis après le départ de son co-fondateur Jim Stewart
Avec le décès de Jim Stewart disparait un pan de la musique soul américaine des années soixante. Avec sa soeur, l’Américain fonde l’un des labels les plus mythiques de la musique afro-américaine : Stax. S’il délaisse les affaires à la fin des années soixante, le label continue sous la houlette d’Al Bell. Stax fait faillite au milieu des années 70 mais son catalogue et son nom perdurent depuis. Cette playlist tente, modestement, de mélanger classiques et morceaux moins connus. S’il y a quelques oublis (Albert King, Don Covay, Arthur Conley, Mel and Tim ou The Emotions), nous espérons qu’elle donne un bon aperçu du catalogue de Stax et ses nombreux sous labels (Volt, We Produce Records, Respect, Hip etc.). Continuer la lecture de « Stax en 40 hits »
Catégories hommage
Jim Stewart, l’âme blanche de la Soul
Le co-fondateur de l’incroyable label Stax est parti rejoindre Otis et les autres.
Jim Stewart, le co-fondateur de Stax est décédé le 5 décembre 2022. Il rejoint sa grande soeur, co-fondatrice du label, Estelle Axton, partie en 2004. Né dans le Tennessee, Jim Stewart déménage à Memphis en 1948. Il joue du violon dans un groupe de country du coin, les Canyon Cowboys. Son attrait pour la musique l’incite à créer un premier label. En 1957, sans expérience, il lance Satellite Records et sort quelques disques de country produits avec les moyens du bord. Il convainc son ainée, Estelle Axton d’investir à ses cotés. Celle-ci met sa maison en hypothèque afin d’acheter un enregistreur à bandes Ampex 350. Le label déménage dans un ancien cinéma désaffecté et se ré-oriente alors vers le R&B, un choix éclairé. Les premiers 45 tours permettent au label de se faire un nom dans la région de Memphis. Continuer la lecture de « Jim Stewart, l’âme blanche de la Soul »
Catégories mardi oldie
V/A, Hallo 22, DDR Funk & Soul von 1971 – 1981 (Sony Music Allemagne)
En 2022, les rééditions et compilations tournent toujours à plein régime. Un petit tour chez votre disquaire et vous voilà parti dans une contrée lointaine, en Afrique ou en Asie, à la recherche d’un nouveau Graal. Paradoxalement, cette quête effrénée de disques à rééditer ne touche que marginalement la production européenne. La musique socialiste des années 60-70-80 semble ainsi être souvent un angle mort de l’intérêt général actuel pour l’extérieur du spectre anglophone. Il y a certes quelques compilations sur la scène tchécoslovaque (Czech Up, Munster), roumaine (Hai Noroc!, 667 records) ou yougoslave (Jugoton Funk, Croatia Records) mais rien de comparable avec le flot de rééditions actuel. Hallo 22 témoigne également de ce sentiment : la compilation, proposée par Sony Allemagne, ne semble pas distribuée en Europe. Continuer la lecture de « V/A, Hallo 22, DDR Funk & Soul von 1971 – 1981 (Sony Music Allemagne) »
Catégories hommage
Black Bach, clap de fin.
Lamont Dozier, génie de la soul, s’est éteint hier.
Le décès de Lamont Dozier ne fera peut-être pas les gros titres, pourtant sa contribution à la musique pop telle que nous l’aimons est monumentale. Auteur (seul ou à plusieurs) de quatorze numéro uns aux États-Unis et quatre au Royaume-Uni, il appartient à notre mémoire collective. Tout le monde a certainement déjà fredonné ou dansé sur une chanson qui porte sa signature. Continuer la lecture de « Black Bach, clap de fin. »
Catégories mardi oldie
The Impressions, The Young Mods’ Forgotten Story (Curtom, 1969)
Brûlez What’s Going On ! Brûlez Songs In The Key Of Life. Nous n’en avons plus besoin. Vous pouvez même emporter There’s A Riot Goin’ On ou tout autre Masterpiece sur une île déserte, nous les avons suffisamment écoutés. A vrai dire, prenez tous les classiques que vous voulez mais laissez-nous un exemplaire du plus important. LE disque de soul de cette période dorée : The Young Mods’ Forgotten Story. Pas le plus en vue hein ? Nous sommes d’accord ! Pas le plus évident non plus, mais il est ici question de soul et comme c’est l’âme qui prend les commandes, on s’autorisera un peu de mauvaise foi. On tentera tout de même de faire cohabiter celle-ci avec un brin de factuel. Un peu de tangible ne peut pas nuire au propos… Côté mauvaise foi, disons-le d’entrée de jeu : Curtis Mayfield fut le plus grand ! Pour une dizaine d’années au bas mot. Celles comprises entre 65 et 75. Et plus précisément encore, celles qui s’étendent du monumental People Get Ready au prodigieux There’s No Place Like America Today. Inutile d’argumenter, personne n’a tenu une telle cadence parmi ses contemporains. Virez-moi toutes les Aretha et tous les Otis, nous les avons assez entendu ; Mayfield mérite un peu plus de place pour figurer en tête de gondole au plus près des géants officiels. Continuer la lecture de « The Impressions, The Young Mods’ Forgotten Story (Curtom, 1969) »
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Stevie Wonder, Innervisions (Motown, 1973)
Au milieu des années soixante-dix, en une demi-décennie, Stevie Wonder publie cinq classiques. La série constitue l’une des plus remarquables de l’histoire de la musique populaire d’après-guerre. Elle place indéniablement Stevie Wonder parmi les génies de la pop, au coté des Beatles, Beach Boys ou de Kraftwerk. Cette affirmation n’a rien de péremptoire. Tout au long de sa carrière, le musicien afro-américain développe un style de composition unique, au point qu’une oreille (un peu) exercée peut identifier distinctement l’une de ses œuvres, y compris quand il les confie aux autres (The Spinners, Syreeta, Sergio Mendes, Minnie Riperton, Dionne Warwick…). Né prématuré (d’où sa cécité) en 1950, le jeune prodige rejoint la Motown en 1962 à l’âge de 11 ans. Il est déjà un musicien accompli sur de nombreux instruments (piano, batterie, harmonica…) Malgré le relatif échec commercial de ses premiers disques, il s’impose dans les années soixante comme une des valeurs sûres de l’écurie de Detroit. Continuer la lecture de « Stevie Wonder, Innervisions (Motown, 1973) »
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Leon Ware, Rockin’ You Eternally (Elektra, 1981), Marcos Valle, Vontade de Rever Você (Som Livre, 1981)
Le coup de foudre artistique entre Leon Ware et Marcos Valle est peut-être une des rencontres musicales les plus méconnues de la musique populaire moderne. À la toute fin des seventies, le duo écrit ensemble une quinzaine de chansons. Celles-ci sont enregistrées (pour certaines) sur les albums respectifs des deux musiciens de l’époque, plus particulièrement sur Rockin’ You Eternally et Vontade de Rever Você, tous les deux publiés en 1981. Les deux disques suivants, Leon Ware (1982) et Marcos Valle (1983), accueillent également plusieurs compositions réalisées à quatre mains. Rien ne prédestinait ces deux là à collaborer. Leon Ware, afro-américain, né à Détroit en 1940, démarre sa carrière de compositeur à la Motown en 1967 écrivant pour les Isley Brothers, Jackson Five ou Martha and the Vandellas. Dans les années soixante-dix, il devient un producteur et arrangeur demandé. Continuer la lecture de « Leon Ware, Rockin’ You Eternally (Elektra, 1981), Marcos Valle, Vontade de Rever Você (Som Livre, 1981) »