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Saint Etienne, Finisterre (Mantra recordings)

Qu’on le veuille ou non, il existe un mystère Saint Etienne. Un mystère que personne n’a pu encore éclaircir. En théorie, ce groupe représente la quintessence de la perfection pop. Pas plus, certes. Mais certainement pas moins. Depuis ses débuts, il a toujours eu en main les cartes maîtresses. À commencer par une érudition irréprochable : sans cela, on n’a pas l’idée de reprendre – magistralement qui plus est – Only Love Can Break Your Heart de Neil Young, Who Do You Think You Are? de Candlewick Green ou Tous Les Garçons Et Les Filles (sous son titre anglais originel, Find A Boy) de Françoise Hardy ; Et l’on n’ose d’autant moins sampler si effrontément Dusty Springfield sur Nothing Can Stop Us. Mais surtout, ce trio a trop souvent fait preuve d’une virtuosité à l’heure de composer des mélodies délicieuses, de Spring à Heart Failed (In The Back Of A Taxi), en passant par Avenue, Like A Motorway ou The Bad Photographer. Autant de chansons qui, dans un monde plus juste – les sixties, en fait, époque à laquelle les alchimistes de la mélodie et des arrangements alignaient les hits comme d’autres enfilent des perles –, auraient dû caracoler aux sommets des charts du monde entier. Continuer la lecture de « Saint Etienne, Finisterre (Mantra recordings) »

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I Like 2 Stay Home #38 : Toutes les routes mènent à Saint Etienne

Un mix thématique par jour à écouter en temps de confinement.

Saint Etienne / photo : Paul Kelly
Saint Etienne / photo : Paul Kelly

J’ai beau retourner ma mémoire de moins en moins neuve dans tous les sens, je n’arrive plus à me souvenir de la première fois où j’ai écouté Saint Etienne. Ni quand, ni où. Encore moins avec qui. Même si je me dis que pas très loin, il devait y avoir Alex, Michelle, Daniel ou Jean Baptiste. Mais je sais que très vite, je me suis entiché de ce groupe qui au départ n’en était pas vraiment un. Plutôt la lubie de deux copains d’adolescence, Bob Stanley et Pete Wiggs, grandis dans la même banlieue que Kate Moss, des passionnés qui dans la deuxième moitié des années 1980, avaient déjà tout fait pour assouvir ladite passion : créer un fanzine, fonder un label (l’ultra-mythique Caff Corporation, dont la discographie relève à peu près du fantasme), écrire dans la « vraie presse » (pour le seul Bob, entre autres thuriféraire de la compilation Bubblegum Perfume)… En gros, il ne leur restait plus qu’à réaliser un disque, chose faite dès 1990 avec la comptine electrolascive Only Love Can Break Your Heart, relecture assez incroyable d’une des plus belles chansons de Neil Young publiée sous un nom qui annonçait déjà leur francophilie, Saint Etienne – en référence à la fameuse équipe de foot des années 1976 et 1977… Succès dans les milieux autorisés, remix génial d’Andrew Weatherall à la clé et les deux garçons se sont pris au jeu. Alors, à défaut de technique, ils ont suivi le postulat punk, ont mis leur érudition au service de leurs chansons et ont trouvé dès leur troisième single – le bien titré Nothing Can Stop Us, porté par un sample taille XXL d’une chanson de Dusty S. – la voix féminine dont ils rêvaient en la personne de Sarah Cracknell – qui, comme le monde et la Grande-Bretagne sont assez petits, avait été immortalisée dans une chanson de Felt. Continuer la lecture de « I Like 2 Stay Home #38 : Toutes les routes mènent à Saint Etienne »

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#38 : The Red Crayola, Born In Flames (Rough Trade, 1980)

The Red Crayola, sur pouf jaune.
The Red Crayola, sur pouf jaune.

Loin de moi l’idée de venir piétiner les plates-bandes de mes petits camarades mais quand je tombe en pâmoison devant certaines mixtapes labelisées I Like 2 Stay Home, je ne résiste pas toujours à venir m’ancrer, telle une vilaine tique, sur la bande sonore. D’autant que ça me dédouane totalement de trouver un quelconque lien entre confinement et 45 tours sélectionné. Ce fut le cas avec les Zarjaz (cf #14), et après m’être délecté de cet indispensable The Godlike Genius of Mayo Thompson, je réitère en ajoutant un tout petit caillou à l’édifice. Continuer la lecture de « #38 : The Red Crayola, Born In Flames (Rough Trade, 1980) »

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Machines Hors Série #2 : Quelques fameux presets et sons dérivés

Fairlight CMI
Fairlight CMI / Photo : Claude Germain pour la Philharmonie de Paris

Après les effets vocaux dans le précédent hors-série, nous nous attaquons à certains presets et sons dérivés. Les presets apparaissent sur les synthétiseurs avec le développement de la mémoire à la fin des années 1970. Sur les premières machines, il était en effet tout simplement impossible de sauvegarder ses sons autrement qu’en les notant sur une feuille de papier. Un preset enregistre les différents paramètres, il constitue une sorte de photo des commandes (qui doivent donc être numériques) qu’il est possible de rappeler à loisir. Avec l’apparition d’instruments comme le Prophet 5 de Sequential Circuits en 1978, les compagnies livrent avec leurs machines des presets déjà programmés pour montrer les capacités des instruments. Ils vont être utilisés par énormément de musiciens. Avec le recul, certains presets deviennent des véritables marqueurs de leur époque. Ils évoluent avec les modes, tombent en désuétude avant d’être réutilisés pour ce qu’ils évoquent. Ils sont ainsi omniprésents dans la musique que nous écoutons depuis une quarantaine d’années. S’ils peuvent venir de machines cultes (méritant un article ici même), ce n’est pas toujours le cas. Parfois, il n’y a tout simplement pas grand-chose à dire de plus qu’évoquer le preset. Au-delà des presets, avec l’apparition des sampleurs (dont le Fairlight CMI évoqué fut l’un des pionniers), ce sont également des sons qui vont naviguer d’un disque à l’autre et retranscrire la psyché d’une époque… Le récent versus entre Teddy Riley et Babyface rappelle à quel point certains de ces sons (lately bass et orchestra hit) sont intimement liés à des chansons que nous adorons. Voici une petite sélection hautement subjective de presets et de sons célèbres. Continuer la lecture de « Machines Hors Série #2 : Quelques fameux presets et sons dérivés »

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I Like 2 Stay Home #37 : The Godlike Genius of Mayo Thompson

Un mix thématique par jour à écouter en temps de confinement.

Mayo Thompson
Mayo Thompson

Si le nom de Mayo Thompson ou encore Red Krayola vous sont inconnus, vous avez sûrement un disque produit par ses soins dans votre discothèque. Voici une sélection non exhaustive de titres de Red Crayola (devenu très vite Krayola pour cause de procès avec des célèbres pastels), des morceaux issus de sa période britannique, Geoff Travis l’avait invité à produire les premières sorties de son label Rough Trade (The Fall, Cabaret Voltaire, Kleenex, The Raincoats…), ses albums avec le collectif d’artistes Art & Language et ses multiples collaborations… De retour aux États-Unis, il entame une longue collaboration avec le label Drag City depuis les années 90 et travaille avec (entre autres) David Grubbs, John McEntire ou encore Jim O’Rourke. Cinquante ans après la sortie de son premier album, Mayo Thompson est toujours très actif, son dernier disque date de 2016 et il se produit régulièrement sur scène. Continuer la lecture de « I Like 2 Stay Home #37 : The Godlike Genius of Mayo Thompson »

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#37 : The Boo Radleys, C’mon Kids (Creation, 1996)

The Boo Radleys, malle à jouets.
The Boo Radleys, malle à jouets.

Je ne sais pas si tout le monde suit au fond, mais l’école a repris. Depuis le début de la semaine. En tout cas pour les élèves de la zone C, celle qui m’intéresse au premier chef. Il ne s’agit évidemment pas d’un retour en classe, qui fait s’arracher les cheveux aux enseignants ainsi qu’à une part non négligeable des parents, mais d’un comeback tonitruant de ces chères têtes blondes, brunes, rousses ou crépues dans nos pattes de tuteurs improvisés, répétiteurs sommés de suivre les instructions scolaires plutôt que les chemins vicinaux qu’on affectionne. Loin de moi l’idée de tacler le corps enseignant confiné qui parfois se lâche (je ne remercierai jamais assez une prof suffisamment à l’ouest pour avoir en classe de 4ème initié mon aîné à Philip Glass et Steve Reich), mais là je me retrouve avec un gamin de douze ans face au Moby Dick de Melville, bien embêté pour dire de qui ou de quoi Ismahel est le nom. Continuer la lecture de « #37 : The Boo Radleys, C’mon Kids (Creation, 1996) »

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Police Control, Noyé EP (Croque Macadam)

« Enlacé par ces eaux glacées qui m’ont gelé le cœur, je crois que tout m’est égal »

Le métier gagnerait peut-être à imposer la retraite – avant même le fameux âge pivot – à des auteurs de chroniques comme moi, pour qui la musique se résume souvent à  une formidable machine à remonter le temps. Parce que ce pouvoir magique et instantané de la chanson peut se révéler aussi formidablement dangereux et masquer de réelles qualités, fraîcheur et innocence, bien loin des odeurs de naphtaline, de tel ou tel groupe. C’est le cas de Police Control, duo tranquille qui publie ces jours-ci sur Croque Macadam, le label de notre collègue Alexandre Gimenez-Fauvety un maxi 45t, après un premier EP en 2016 (Sentimental) et un mini tube souterrain (Alcool nation) en 2015. Continuer la lecture de « Police Control, Noyé EP (Croque Macadam) »

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I Like 2 Stay Home #36 : Broadcasted

Un mix thématique par jour à écouter en temps de confinement.

Je connais et écoute Broadcast depuis finalement peu de temps, en comparaison à ceux qui ont pu avoir la chance de voir la formation en concert, par exemple. Je les écoute tous les jours, inlassablement, en ayant toujours l’impression de saisir quelque chose de nouveau. Le groupe me réconforte. Une intimité rassurante se crée à force des écoutes : la voix douce et blanche de Trish Keenan (une frontwoman qui n’a rien d’une leader, et à qui je peux m’identifier), la basse enveloppante, les sons des claviers analogiques noyés dans le plus bel écho et la proximité du son parfait de la batterie créent en moi toutes ces sensations.

Une impression encore plus étrange car Broadcast n’a à première vue rien de rassurant. L’ambiance générale des morceaux semble issue et inspirée d’angoisses, de films d’horreur, de grande mélancolie et de fantômes. Donnant l’identité au groupe d’un mélange de berceuses hantées, de rythmes et d’arrangements inquiétants, parfois ressemblants à de exercices d’écriture automatique. Mais où le silence et les bidouillages psychédéliques ont aussi leur place.

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