Police Control, Noyé EP (Croque Macadam)

« Enlacé par ces eaux glacées qui m’ont gelé le cœur, je crois que tout m’est égal »

Le métier gagnerait peut-être à imposer la retraite – avant même le fameux âge pivot – à des auteurs de chroniques comme moi, pour qui la musique se résume souvent à  une formidable machine à remonter le temps. Parce que ce pouvoir magique et instantané de la chanson peut se révéler aussi formidablement dangereux et masquer de réelles qualités, fraîcheur et innocence, bien loin des odeurs de naphtaline, de tel ou tel groupe. C’est le cas de Police Control, duo tranquille qui publie ces jours-ci sur Croque Macadam, le label de notre collègue Alexandre Gimenez-Fauvety un maxi 45t, après un premier EP en 2016 (Sentimental) et un mini tube souterrain (Alcool nation) en 2015. Ils me ramènent en un instant à mes 13 ans où mon cœur balançait entre le rock direct venus des poisseuses années 70 de Téléphone (j’épuisais alors la cassette d’Un autre monde, New-York avec toi en tête, et les premières secondes impeccables du Taxi Las) et la clinquante modernité, un peu effrayante pour le petit belfortain que j’étais, d’Indochine (j’hésitais alors à me coller sur l’avant-bras le décalco de la jeune femme asiatique du Péril Jaune). En résumé, Police Control réussit la synthèse de la dynamique du riff (quel jeu de guitare rare à la fois souple et directif !) et l’instantanéité pop d’un chant approximatif, touchant, et d’arrangements synthétiques sommaires sur Noyé et Cet été. Et c’est là que je rends volontiers à César ce qui lui appartient : Mathis, et sa bande n’étaient pas nés en 1984 et même si on ne peut nier l’importance des archives internet à disposition des nouvelles génération qui agit comme un shaker diabolique, pas sûr qu’ils aient jeté une oreille à mes vieux pot(e)s. Je dois donc déposer les armes devant cette pop enthousiasmante produite de façon simple et basique par Maxime Smadja (Condor, Rixe), qui rappelle, il est vrai, la clarté du Mythomane de Daho, voire plus étrangement, le faux rétro soviet des Rentals, bien américains. Et on se lève carrément pour gigoter sur la face B, Chute Stationnaire, six minutes faites pour les pistes de danse, avec son groove maladroit et ses guitares quasi héroïques, à se damner, à tomber pour la France. Et le groupe de me demander une bonne fois pour toute de la fermer. « On a compris, okidoki Papi ».

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