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Cabane, Today — The Forest Session

Kate Stables et Thomas Jean Henri (Cabane)
Kate Stables et Thomas Jean Henri (Cabane)

Ne pas faire comme les autres. Ne pas se plier à la logique. Trouver  une autre voie. Pour présenter, offrir, parler de ses chansons. Il est ainsi, Thomas Jean Henri, l’âme de Cabane qui se pose toujours plus de questions qu’il ne peut trouver de réponses. Mais cela ne l’empêche pas d’imaginer des projets qui nourrissent sa soif de partage – mélodique, visuel, sentimental… Comme une seconde nature. Continuer la lecture de « Cabane, Today — The Forest Session »

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The Toads ressuscite The Fall

The Toads
The Toads

Il n’y a aujourd’hui plus aucune raison d’en douter : l’Australie est la nouvelle Terre Promise de la pop indé, du post-punk et du rock and roll, et Melbourne sa Jérusalem. Depuis une dizaine d’années, on ne compte plus les groupes intéressants qui ont émergé du pays des kangourous : The Stevens, The Stroppies, The Shifters, UV Race, Terry, Total Control, Rat Columns, R.M.F.C., Nathan Roche, The Goon Sax, Kitchen’s Floor, Constant Mongrel, Parsnip, Eddy Current Suppression Ring, The Chats, Jackson Reid Briggs, et j’en oublie… Et si par chez nous, cet genre de rock marginal n’attire plus dans les concerts que quelques anciens de l’adolescence, quadras et quinquas à la tête chenue (quand elle n’est pas chauve), on s’étonne de voir les jeunes australiens plébisciter ce type de musique et en redemander. Tout se passe comme si ce pays vivait musicalement dans une autre temporalité que celle de l’Europe. Continuer la lecture de « The Toads ressuscite The Fall »

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Erlend Øye, Winter Companion (Bubbles Records)

C’est bien le genre de la maison, ça. Attendre que le printemps frémisse pour réaliser un disque dont le titre est sans équivoque : Winter Companion. Un hiver, son froid et son heure qu’on a laissés sans regret derrière soi pendant que ce gars-là le passait du côté du Mexique, mais suffisamment désœuvré pour avoir l’envie d’enregistrer une poignée de chansons – cela dit, Erlend Øye semble être toujours comme ça : suffisamment désœuvré pour avoir envie d’enregistrer une poignée de chansons. Continuer la lecture de « Erlend Øye, Winter Companion (Bubbles Records) »

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Jean Felzine, Chord Memory (Close Harmonie)

Quatre albums de Mustang, deux avec Jo Wedin : Jean Felzine a pris son temps pour publier un premier album en solitaire. Chord Memory ne s’embarrasse pourtant pas de digressions. L’ex-Auvergnat, désormais à Montreuil, ne balance que neuf chansons, dont deux reprises. L’œuvre, dissimulée derrière une pochette assez moche, n’a pourtant rien d’un EP dont il aurait délayé la sauce. Au contraire, Chord Memory est un disque dense dans lequel les emprunts se fondent parfaitement. Continuer la lecture de « Jean Felzine, Chord Memory (Close Harmonie) »

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Shannon Lay, Covers Vol. 1 (Sub Pop)

Covers Vol. 1 Shannon LayGémir n’est pas de mise aux Marquises.

Découvrir ces mots de Brel à l’orée de l’adolescence donnait le vertige, déjà, alors même que la gangue de jugement que l’on pouvait avoir pour un temps fermée autour de ses disques, de sa figure, parce qu’il s’agissait toujours de trier afin de s’y retrouver, et de se trouver si possible, n’était plus de mise. Si Scott Walker et David Bowie reprenaient Brel, ça pouvait signifier ceci : Brel était, et est, important, et les totems vivent.

Il y avait leçon, qui servira pour la suite : sous notre nez ne s’agite pas autre chose que de bonnes chansons. Dont, donc, Les Marquises et cet énoncé vertigineux, coupant une brume de pizzicati, de ce qui échappe pourtant aux mots mais que l’on peut dessiner ainsi : enlevez tout, rien ne manque. Le jour s’écoule au cœur de l’océan, et les vagues suffisent, arbres, rochers, amitiés, amours, un peu de souffle. Gémir n’est pas de mise aux Marquises. Continuer la lecture de « Shannon Lay, Covers Vol. 1 (Sub Pop) »

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Nicolas Sauvage, The Smiths – Hand In Glove (Le Boulon / collection seven inches)

Il s’en est fallu de quelques mois. Bien évidemment, pas sûr qu’on aurait acheté le disque dès sa sortie, mais il y aurait quand même eu de fortes chances – parce qu’entre autres, les virées quasi-hebdomadaires à New Rose avec les copains. Quelques mois donc, sans trop avoir d’explications – si ce n’est qu’on a sans doute raté la diffusion sur les ondes d’Inter dans la fameuse émission Feedback de Bernard Lenoir ; si ce n’est que, contrairement au signataire de la très belle préface de ce petit ouvrage – Jean-Daniel Beauvallet, pour celles et ceux qui n’auraient vraiment pas suivi –, on n’habitait pas Manchester à l’époque des faits. Quelques mois certes, mais il n’était pas trop tard. Continuer la lecture de « Nicolas Sauvage, The Smiths – Hand In Glove (Le Boulon / collection seven inches) »

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Swell, porté disparu

Swell, avant.

Ces derniers temps je me dis souvent : fini les concerts de vieux. D’ailleurs est-ce que ce sont les artistes qui sont trop vieux, ou c’est moi ? Ou les deux ? Est-ce que simplement tout ça n’est pas terminé ? Qu’est-ce qu’on est censé célébrer, sinon la disparition elle-même ? Autant aller voir quelqu’un qui n’est carrément plus là. C’est ce qu’on a fait cette semaine en se rendant au concert de Swell, privés de leur chanteur mort l’année dernière. C’est un fait : David Freel n’est plus, mais nous, nous sommes encore là pour nous souvenir, même pas de lui (c’est l’affaire de ceux qui l’ont connu), mais de nous-mêmes en train d’écouter sa voix sur les disques, déjà lointaine de son vivant, fatiguée, absente. C’est peut-être ça qui faisait de Swell l’un des groupes les plus vrais des années 90 : l’incarnation émouvante du fait de ne pas être là. Mardi soir on assistait à ce paradoxe : David Freel était parti pour de bon, mais il était présent comme jamais, moins par la photo noir et blanc symboliquement posée au bord de la scène, comme une effigie sur un cercueil, qu’à travers les chansons toujours bien vivantes. Façon de dire : si nous sommes là, c’est pour toi. Mais toi, où es-tu ? Continuer la lecture de « Swell, porté disparu »

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Jana Horn, The Window Is The Dream (No Quarter)

Commencez par casser tous les miroirs de la maison, laissez pendre vos bras, regardez vaguement le mur, oubliez-vous. Chantez une seule note, écoutez à l’intérieur. Si vous entendez (mais cela ne se produira que plus tard) quelque chose comme un paysage plongé dans la peur, avec des feux entre les pierres, avec des silhouettes à demi nues et accroupies, je crois que vous serez sur la bonne voie, de même si vous entendez un fleuve où descendent des barques peintes de jaune et de noir, si vous entendez une saveur de pain, un toucher de doigt, une ombre de cheval.

Après quoi, achetez des partitions, un habit et, de grâce, ne chantez pas du nez et laissez Schumann en paix.

“Instructions pour chanter”, Cronopes et Fameux, Julio Cortazar

Jana Horn ne se prive pas de citer dès qu’elle parle ou écrit, et elle écrit très sérieusement – avec tout l’humour requis ; alors ne nous privons pas de lire, et de l’écouter. Continuer la lecture de « Jana Horn, The Window Is The Dream (No Quarter) »